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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Hrant MATEVOSSIAN
( 1935 - 2002 )

L'auteur

Hrant MATEVOSSIAN --- Cliquer pour agrandir
Naissance le 3 mars 1935 à Ahnidzor(région de Lori, Arménie), décès le 18 décembre 2002.

Hrant Matevossian était l'un des écrivains arméniens les plus en vue de cette génération de prosateurs apparue au début des années soixante (1960). Le « reportage » littéraire qu'il avait consacré à son village natal, Ahnidzor, l'avait révélé au grand public (1961), mais il a fallu attendre la parution de son recueil de nouvelles Août en 1967, suivi du scénario Nous sommes nos montagnes admirablement porté à l'écran par A. Péléchian (1968) pour que son talent soit reconnu. Une prose dense, elliptique mais riche, tout imprégnée de la saveur du patois de son village, permettait au lecteur de l'époque de découvrir une image autre de l'Arménie, une image qui échappait aux stéréotypes du réalisme socialiste encore en vigueur au pays des Soviets.
Sans être un dissident, Matevossian a pratiqué une écriture qui bousculait les normes. Il a imposé son monde, auquel il a donné le nom du village de Tsemakout (litt. le boisé). Au tout début de « Soleil d'automne », il écrit : « Il faut un peu plus d'une heure et demie pour aller de Moscou à Érevan en passant par Tsemakout, mais de Tsemakout à Érevan il faut bien compter un jour et une nuit. -Ah, l'ami, il est loin, le village, loin, loin! -A t'entendre, on dirait qu'il est vraiment au diable, même pas en Arménie. -C'est loin de l'Arménie, c'est loin de tout. Là-bas, au long des jours, au long des ans, le faucon plane au-dessus de Tsemakout... ».

Tsemakout
Dans cette vision plongeante et quasi intemporelle, on ne peut mieux caractériser un lieu à la fois réel et fictif, un lieu essentiel, éloigné, hors du temps et hors de l'espace, fermé sur soi et ouvert sur le monde. Tsemakout ressemble étrangement à ce terroir -exploré par Axel Bagounts que Matevossian admirait tant. En fait, le récit de Matevossian renoue avec l'auteur Mtnadzor avec lequel il partage le goût d'explorer un monde « sauvage», voire primitif et archaïque, resté à l' écart de ce qu'on appelle la civilisation.
Matevossian témoigne de ce monde d'antan et d'ailleurs qui n'est pas tout à fait un passé, qui est quelque part en Arménie... sans y être tout à fait. C'est dire que Tsemakout est une certaine idée de la terre et de la vie, le point de focalisation des désirs, des nostalgies et des frustrations contradictoires, un substitut du « Pays Naïri » de Y. Tcharents.

Soleil d'Automne
Or, le drame naît du fait que ce lieu n'est ni inentamé, ni vierge. L'industrie, la technologie, disons la modernité avec sa formidable machine dévastatrice ont déjà lentement commencé leur travail de destruction. Il suffit de lire « Le Seigneur » (1980) qui fut également porté à l'écran, pour voir les effets pervers et corrupteurs de la modernité. Si on perçoit encore la puissance exaltante de ce lieu essentiel, c'est à travers la grille des indices de sa désagrégation. Comme si une catastrophe, tout en laissant préservé le lieu, par magie, l'avait pourtant défiguré. Et, quel que soit le nom qu'on lui donne, la catastrophe avait pourtant bien eu lieu.
Ce drame se trouve au centre de la plupart de ses récits dont « Soleil d'Automne » représente le modèle. Il s'articule autour du voyage que prépare Aghoune, une paysanne de Tsemakout, pour rendre visite à son fils devenu journaliste à Erévan. Le récit privilégie les moments précédant immédiatement le départ d'Aghoune qui emporte avec elle une quantité considérable de victuailles et produits alimentaires, rares ou trop chers en ville. Cette concentration de l'action contraste avec la truculence des détails qui confèrent au récit une dimension épique, une épaisseur de vérité assez exceptionnelle, voire déroutante à première vue. Orpheline, mariée jeune à un homme d'un village différent du sien et de ce fait « étrangère », condamnée à affronter les pressions et les haines de la belle-famille, Aghoune, tendre, frustrée d'amour et « emmerdeuse », se voit déjà vieillir d'autant plus rapidement que ses enfants, fascinés par la ville, la quittent. Le monologue nous restitue un tableau assez peu conformiste du monde paysan des années quarante et cinquante. Émergeant des souvenirs d'Aghoune, le passé revient par bribes ou fragments. Ainsi se trouve dessinée une société rurale composé de gens qu'on a dénommés « les nerfs de la terre », des « durs », dans tous les sens du mot, dont la Révolution bolchevique n'a pu transformer ni les moeurs, ni les valeurs et dont elle ne semble guère avoir amélioré le sort. C'est de ces durs, hommes et femmes endurcis dans la lutte pour la survie, que le romancier veut témoigner. J'emploie ce terme à dessein. Par delà Bagounts, Matevossian se rattache à la tradition « régionaliste» de la littérature arménienne dont les grands chantres ont été non seulement les Arméno-occidentaux comme Tlgadintsi, R. Zartarian ou Hamasdegh mais également les Arméno-orientaux dont Toumanian en premier. C'est d'ailleurs à l'un de ces derniers témoins, Hagop Mentsouri (1886-1978), que Matevossian consacre l'un de ses essais les plus riches et les plus émouvants.

Le paradoxe
Je suis tenté de voir dans cet hommage appuyé une espèce de profession de foi, à condition de ne pas réduire ce credo à l'évocation d'un paradis perdu par les moyens du bord d'un réalisme éculé. Pour Matevossian, l'écrivain est le témoin de ce qui est condamné à disparaître et l'écriture représente la trace de cette disparition. La sienne est d'un grand artiste. La simplicité de l'intrigue est certes frappante dans ses récits, mais d'autres traits sont tout aussi remarquables: l'éclatement du temps romanesque, la dissolution de la frontière entre les discours direct et indirect en parfaite adéquation avec une conscience "ouverte" sur les autres, le sens aigu du dialogue qui a une fonction plus dramatique que décorative, le langage mordant, percutant et agile, enfin la pratique du sous-entendu et de la litote qui permettent d'éviter les effets pervers de l'écriture dissidente et le misérabilisme larmoyant. Mais il y a un paradoxe Matevossian qui mérite d'être souligné.

Pastorale
En effet, cette écriture qui dénonce les méfaits de la modernité et semble parfois idéaliser le monde archaïque, voire ancestral, du village au point de passer pour une « pastorale » ou une vision bucolique des choses, est loin d'être l'un des avatars de l'anti-modernisme récurrent dans la littérature arménienne. L'éloge du terroir ne tourne pas le dos aux acquis de l'art moderne. Matevossian connaît ses classiques du XXe siècle. Il ne méprise ni la télé, ni le cinéma. Il a lui-même tiré de ses propres récits des scénarios des « récits filmiques » portés à l'écran et diversement appréciés (Le Seigneur, Soleil d'Automne, etc.). Tous témoignent de cette interpénétration de la prose et du cinéma dont il est devenu l'un des maîtres incontestés.

Union des écrivains
Travailleur acharné, Matevossian a relativement peu publié en comparaison à la production prolifique et parfois pléthorique de certains de ses contemporains. Longtemps, il a évité le roman, s'en tenant à la forme de la nouvelle cyclique, les mêmes personnages revenant d'un texte à l'autre et donnant l'impression d'un tout minitieusement étudié. Or, des récits comme « Le Seigneur », « Le vivant et le mort», « Soleil d'automne » franchissent les limites du genre et constituent des textes romanesques parfaitement autonomes.
Dans les nombreux entretiens qu'il a accordés à la presse arménienne, il parlait d'un roman en cours et des difficultés qu'il rencontrait dans son écriture depuis la proclamation d'indépendance dont il a été un partisan et un défenseur sans faille. La période ne lui semblait guère favorable à la création d'œuvres susceptibles d'embrasser le processus politique engagé depuis 1988 et le laissait apparemment dans la plus grande perplexité. Affublé souvent du titre de « maître », devenu l'objet d'une admiration unanime et abusivement momifié, lui, l'écrivain hanté par le doute et tourmenté, il a petit à petit cédé la place au président de l'Union des Écrivains d'Arménie, cette institution typiquement stalinienne, qu'il a dirigée pendant cinq années (1995-2000). A-t-il eu le temps de retrouver sa table de travail? En tout cas, par delà les clichés tout faits et le conservatisme idyllique dont on a fait de lui le représentant, l'artiste tenace et exigeant qui a peint les bêtes domestiques comme les hommes de la terre avec une maîtrise égale reste toujours un écrivain d'exception. Il est temps de le redécouvrir.

K. Beledian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 83, Février 2003


Texte écrit par Matevossian en préface à ses œuvres complètes parues en 1985 à Erevan Traduction de Marc Nichanian

Je suis né dans le Lori, en 1935. A l'époque, et même dans les vingt ou trente ans qui ont suivi, entre nous et les anciens, le
village était plus proche de ce qu'il était au temps de Toumanian- Tolstoï-Xénophon que de ce qu'il est aujourd'hui. J'ai tenu le timon, j'ai fauché l'herbe, j'ai aidé à la naissance des veaux, j'ai greffé des arbres... en un mot, pour ne pas remplir la page avec la liste de mes capacités et de mes connaissances, je dirai : si le déluge de la légende se répétait, je pourrais comme Noé recréer les grandes civilisations de l'agriculture et de l'élevage, et si la mémoire des hommes venait à se dégrader je pourrais rassembler à nouveau, à partir de la vie que menaient alors ma famille et mon village, le grand livre de la loi qui règle la morale humaine. De tout cela, je suis redevable au village d'Anhitsor, où j'ai passé quinze années de ma vie.
En fait, une telle chose, ce désastre advenu à la mémoire et cette recréation, comme toutes les grandes familles et toutes les vallées de l'Arménie, ce village l'a vécu aussi. Quand, il y a cent cinquante ans, un jeune homme originaire de Hakhpat qui répondait au nom de Ohanès, Hovhannès Thomassi Matevossian, Ohanès de Thouma, a élu domicile dans ce vallon lointain, les gens qui y habitaient avant avaient été déportés pour peupler et meubler la ville de Tiflis et la Géorgie mise à feu et à sang par le khan perse Agha Mahmed, ou peut-être du temps de la grande déportation de Chah Abbas, pour peupler les profondeurs de l'Iran ou peut-être encore avaient-ils été pillés par les Turcs, les Arabes ou les montagnards du Caucase. Non, les anciens n'ont rien laissé aux habitants d'Anhitsor qui allaient venir après eux, ni vigne rendue à la vie sauvage, ni champ à cultiver, ni digue d'un canal oublié, ni meule enterrée, rien que le sceau de leur khatchkar chrétien-arménien ; le premier de ces habitants n'a rien apporté avec lui de Hakhpat, juste ses mains, une femme qui lui servait de compagne, appelons-la Nani et une langue, l'arménien.
Le village, à l'époque des petits-enfants de ce paysan silencieux et de cette fille anonyme, était tout un pays, avec ses moissons, ses aires à battre le blé, ses sources d'eau et sa belle école aux deux cents élèves. Ce pays, cette arche qu'avaient construite nos patriarches, s'est trouvé ballotté pendant cent cinquante ans à la surface de la vie, puis le monde est entré dans une nouvelle ère et ce village, cette arche, ce lieu séculaire de l'homme et de l'humanité, devant nos yeux étonnés, s'est décomposé, s'est détruit ou peut-être s'est métamorphosé, je ne sais pas.
Je veux répéter la tentative d'Ohanès dans la littérature, je veux ouvrir une nouvelle vallée et la peupler de nouveaux hommes, de nouvelles bêtes, et j'ai l'impression que j'y parviens. J'ai déjà le nom du village, Tsemagout, quelques habitants, quelques bêtes. La plupart viennent du village de ma mémoire, mais parfois je parviens à en créer « purement à partir de moi-même », et c'est comme si je repeuplais le village. J'aurais voulu que ma vallée soit large et ensoleillée, j'aurais voulu que ses habitants soient tous des hommes bons et qu'il n'y ait pas de place pour les mauvais, que la vie de mes créatures fleurisse dans une époque favorable, que la guerre et l'animosité pitoyable n'aient aucun moyen de se faufiler dans ma vallée, mais je suis obligé d'être le chroniqueur de mon temps.
Pourquoi est-ce que j'écris ?
Parce que Toumanian et Tolstoï ont écrit avant moi ? Il semble bien que oui, mais j'écris plutôt, je crois, parce qu'ils n'ont pas écrit ce que je voulais et comme je le voulais. Est-ce une réponse ? Je serais assez près de la vérité en disant que je ne sais pas pourquoi j'écris. Si une créature quelconque du Seigneur peut dire pourquoi elle est une fleur, un loup, un homme, un cheval ou un tableau, l'écrivain dira de même pourquoi il est écrivain, pourquoi il écrit. A mon propos, je sais seulement que je suis un Arménien de tel âge, que j'écris, que mes mots me satisfont parfois, voilà : « ce sont eux qui décident de leur passé et de leur avenir; tandis que notre vie présente nous échappe, comme un cheval étranger qui glisserait entre nos jambes ». Je voudrais être l'interprète fidèle du destin de ceux qui sont de vraies individualités, mais ils entrent dans le bilan des pertes et des profits, ils y entrent comme de simples unités sans visage, sans nom, sans douleur, ils ne constituent que le fond muet des grandes tragédies et, dans les oeuvres sans force des mauvais écrivains, on les baptise du nom de « foule ». « Le paysan arménien dans un pays décapité devait bien entendu transformer sa maison en État et lui-même non seulement en serviteur mais aussi en prince de cet État. La noblesse du pays est passée aux mains de ces paysans ; devant l'ennemi, ce n'est pas l'État arménien qui était dressé, mais la maison de l'Arménien » - ce sont les paroles de Hamo Sayan. Les chroniqueurs, en leur temps, ont écrit l'histoire de la décapitation de leur pays; moi, je m'efforce de témoigner de la noblesse de la maison arménienne à mon époque.

Hrant Matevossian
Texte écrit par Matevossian en préface à ses œuvres complètes parues en 1985 à Erevan Traduction de Marc Nichanian


Avec la disparition de Hrant Matévossian, l'Arménie vient de perdre l'un de ses plus grands écrivains. L'auteur de "Soleil d'automne" et de dizaines d'autres nouvelles ou romans est né en 1935 à Ayintsor, dans la région du Lori, au nord de l'Arménie. Après avoir été à l'Institut Khatchadour Apovian d'Erevan en 1962, Hrant Matévossian continuera ses études jusqu'en 1967 à Moscou. C'est précisément cette année-là qu'il publia son premier livre "Août". Un véritable succès. En 1968 il lance un second roman historique "Nous sommes nos montagnes" qui sera adapté au cinéma. Puis c'est le tour de "Notre course", "Les arbres", "Soleil d'automne", "Le Maître" qui seront pour la plupart portés également à l'écran. Les oeuvres de Hrant Matévossian connaissent un véritable succès populaire et deviennent très vite des classiques de la littérature contemporaine. Elles auront été traduites en plus d'une vingtaine de langues.
Récompensé par de très nombreux prix littéraires, Hrant Matévossian avait reçu la médaille "Mesrob Machdots" et le titre de "citoyen d'honneur de la ville d'Erevan". Il fut également président de l'Union des écrivains d'Arménie de 1996 à 2001. Son apport à la littérature et à la pensée arménienne est immense. Sa disparition a plongé la population dans une immense tristesse. Le gouvernement lui a réservé des funérailles nationales à la Cathédrale Sourp Krikor Loussavoritch d'Erevan. Son corps repose au Panthéon d'Erevan. Des milliers de messages sont déjà parvenus dès l'annonce de la disparition de ce véritable génie de la littérature. Le président Robert Kotcharian, dans son adresse à la famille du défunt parle de "grande peine pour la disparition du grand écrivain qu'était Hrant Matévossian (...) Ses mots et ses paroles manqueront lourdement à notre peuple".

Krikor Amirzayan, Nouvelles d'Arménie Magazine, numéro 82, janvier 2003

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Livre numéro 1231
Hrant MATEVOSSIAN --- Cliquer pour agrandir Fragments d'Arménie
Titre : Fragments d'Arménie / auteur(s) : Michael J. ARLEN - Jacques DEROGY - Zabel ESSAYAN - Hrant MATEVOSSIAN - RAFFI - Vahan TOTOVENTS - Kostan ZARIAN - textes choisis et présentés par Gérard Chaliand
Editeur : Presses de la Cité
Année : 2007
Imprimeur/Fabricant : 61-Lonrai : Normandie roto impr.
Description : 1 vol. (VIII-844 p.) : couv. ill. ; 20 cm
Collection : Omnibus
Notes :
Autres auteurs : Gérard CHALIAND [préfacier] -
Sujets : Choix d'auteurs
ISBN : 9782258073883
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 27,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Réunit : "La vie sur la vieille route romaine" / Vahan Totovents. "Le fou" / Raffi. "Les jardins de Silidhar" / Zabel Essayan. "La jeune fille humble" / Aksel Bakountz. "Le bateau sur la montagne" / Gostan Zarian. "Août" / Hrant Matevossian. "Mémoires d'un partisan arménien" / Rouben. "La question arméniene (1878-1923)" / Richard Hovannisian. "Opération Némésis" / Jacques Derogy. "La paix soit avec vous" / Vassili Grossman. "Voyage en Arménie" / Ossip Mandelstam. "Embarquement pour l'Ararat" / Michael Arlen. "Mémoire de ma mémoire" / Gérard Chaliand


Enclave chrétienne au Proche-Orient, civilisation millénaire dotée de sa langue et de son alphabet, pays longtemps sans frontières, l'Arménie a subi les convulsions de l'Histoire sans perdre son âme. Au fil des textes qui composent cette anthologie, c'est l'album d'un peuple qui a refusé de disparaître que l'on feuillette, avec ses paysages grandioses, ses traditions, ses luttes et ses souffrances, ses souvenirs et ses espoirs, la terre et l'exil : la mosaïque d'une mémoire et d'une identité.


Livre numéro 897
Hrant MATEVOSSIAN --- Cliquer pour agrandir L'Automne d'or - Carnet de voyage - Arménie 1995
   
Titre : L'Automne d'or - Carnet de voyage - Arménie 1995 / auteur(s) : Patrick MESNER - Préface de Hrant Matévossian, Texte de Jean Arrouye
Editeur : auteur
Année : 1995
Imprimeur/Fabricant :
Description :
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Hrant MATEVOSSIAN [préfacier] -
Sujets : Arménie - Photographies
ISBN :
Prix :

Commentaire :

Photographies, carnet de voyage en Arménie ; son titre fait référence au livre "Soleil d'Automne", de Hrant Matévossian, édité en 1994.

Livre numéro 478
Hrant MATEVOSSIAN --- Cliquer pour agrandir Soleil d'automne
 
Titre : Soleil d'automne / auteur(s) : Hrant MATEVOSSIAN - Traduit de l'arménien par Pierre Ter-Sarkissian
Editeur : Albin Michel
Année : 1994
Imprimeur/Fabricant : 18-Saint-Amand-Montrond : Impr. BCA
Description : 374 p. 23 cm
Collection : Les grandes traductions
Notes : Préface d'André Bitov
Autres auteurs : Andrei Gueorguievitch BITOV [préfacier] - Pierre TER-SARKISSIAN [traducteur] -
Sujets :
ISBN : 2226066624
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 150,00 FRF

Commentaire :

"Soleil d'automne" est un recueil de huit nouvelles racontant la vie à "Tsemakout", petit village en Arménie non loin du mont Ararat. Au-delà d'un simple récit, de véritables tableaux vivants se succèdent au fil des lignes. L'auteur Hrant Matevossian, originaire de la région de Lori, décrit avec rigueur, humour et tendresse, mêlée parfois de cruauté, la vie paysanne. Le travail est dur, les conditions de logement difficiles, les moyens de transport inexistants. Ainsi le cheval acquiert une telle importance qu'une nouvelle est entièrement consacrée à "Alkho" le cheval, qui le temps d'un aller-retour au kolkhoze avec Guigor, nous fait part de ses peines sous les charges inhumaines qu'on lui inflige, de ses réflexions. Il finit par être le seul lien affectif de Guigor en ce monde du fait que son fils devenu citadin, indifférent envers lui, ne lui rend visite que pour profiter de son hospitalité avec ses collègues de bureau.
Cette indifférence citadine apparaît ailleurs en opposition avec la générosité et l'ardeur des villageois. Nous y voyons décrits les méfaits du système sur les habitudes des villageois et les perturbations qui s'ensuivent.

L'auteur s'intéresse aussi à la condition féminine de l'époque, en la personne d'Aghoun victime des préjugés, battue, mal aimée par la belle famille. Il lui fallut toute la volonté de survivre pour élever ses enfants, garder son mari et construire sa maison, tandis que les femmes de la ville venaient à la saison estivale pour se reposer.
Ces pages, où la conversation est souvent présente, où les réflexions se suivent, débordent de dynamisme, même si on assiste à des répétitions quelquefois.
C'est un des grands auteurs arméniens qui est traduit en français et édité par Albin Michel. La traduction est de Pierre Ter Sarkissian et la préface d'André Bitov.

Léontine Vosguéritchian, France-Arménie, févrer 1995, numéro 142


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