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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Marc NICHANIAN
( n. 1946 )

L'auteur

Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir
Naissance en 1946 à Paris (France)

Diplômé de l’École des Langues Orientales pour l'arménien (1970) et docteur en philosophie (1979).
Il a enseigné la littérature arménienne de façon "itinérante", à Paris, Vienne, Los Angeles et Jérusalem.
Il est depuis 1980 le rédacteur de "Gam" ("Ou bien..."), revue de littérature arménienne et d'analyse en langue arménienne.

Il vit actuellement à Lisbonne. Jusqu’en 2007, il était professeur d’études arméniennes à l’Université Columbia de New York, après quoi il a enseigné régulièrement comme professeur invité à l’Université Sabanci d’Istanbul, dans le programme de Cultural Studies (2008-2014) et, plus récemment, à l’Université américaine d’Arménie (2016-2018).

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Livre numéro 2442
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Le candidat
 
Titre : Le candidat / auteur(s) : Zareh VORPOUNI -
Editeur : Parenthèses
Année : 2021
Imprimeur/Fabricant : 58-Clamecy : Impr. Laballery
Description : 16,5 × 23 cm, 216 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection :
Notes : Roman traduit de l'arménien par Marc Nichanian
Autres auteurs : Marc NICHANIAN [traducteur] -
Sujets : Roman
ISBN : 9782863643754
Bibliothèques : Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 19,00 euros

Commentaire :

Le Candidat est l’un des romans les plus marquants de la littérature arménienne en diaspora. Le roman de la tentative de survivre à un désastre, qui constitue l’arrière-fond de toute la somme romanesque de Vorpouni.
Le roman, comme un retour à l’origine et à la recherche des effets pervers de l’expérience de la Catastrophe, explore les thèmes du traumatisme, du pardon, de la réconciliation, de l’amitié et du sacrifice, et se plonge dans la relation entre la victime et l’auteur.
Tout débute en 1927 à Paris après que Minas, qui travaille dans un hôtel, a trouvé le corps de son ami Vahakn sur le sol de l’appartement qu’ils partagent. Minas raconte sa rencontre avec Vahakn dans les cafés du Quartier latin, les amis, leurs conversations avec Ziya, un étudiant turc à Paris. Puis le meurtre de Ziya par Vahakn qui se suicide. Parmi les lettres que s’échangent les personnages, au cœur du roman se trouve la lettre que Vahakn laisse à Minas pour expliquer l’énigme du meurtre de Ziya et de son propre suicide. La lettre raconte la déportation de Vahakn et de sa mère depuis leur village dans l’Empire ottoman ; la mort de sa mère et l’adoption de Vahakn par une femme turque, qui le viole et le maltraite ; ses sentiments d’aliénation et d’aliénation de soi en France ; et son incapacité à s’adapter à la vie après le traumatisme.
Connu pour son écriture innovante, Vorpouni remet en question les éléments narratifs du roman conventionnel en jouant avec la subjectivité et la linéarité. L’influence des courants littéraires et intellectuels français contemporains produit une création unique dans la littérature arménienne occidentale.
« Nous, les rescapés, nous devions essayer de vivre. »

Livre numéro 2241
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Le sujet de l'histoire
Titre : Le sujet de l'histoire / auteur(s) : Marc NICHANIAN - Vers une phénoménologie du survivant
Editeur : Éditions Lignes
Année : 2015
Imprimeur/Fabricant : Impr. en Bulgarie
Description :
Collection : Fins de la philosophie
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Victimes -- Philosophie -- Philosophie de l'histoire
ISBN : 9782355261411
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 24,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Si le cœur de l’évènement est l’élimination du témoin, il ne peut pas être question de témoigner de ce qui est arrivé au cœur de l’évènement. En d’autres termes, il ne peut pas y avoir de relation humaniste à la Catastrophe. Et, inversement, aucun témoignage entendu en termes humanistes ne peut rendre compte de la Catastrophe.
Comment parler de l’expérience du témoin mort ? C’est la question que se pose et pose ce livre. Comment en parler lorsque le seul langage dont nous disposions est celui du sujet (sujet de l’histoire et de la vérité historique). Il semble que nous n’ayons aucun langage pour l’expérience du témoin mort et du crime sans vérité. C’est donc le sur-vivant post-catastrophique qui est soumis ici à une triple épreuve. La première épreuve est celle de la philologie. Elle oppose ou juxtapose le survivant comme relique à la figure du natif, cette créature par excellence de la philologie, instituée par cette dernière comme un vestige, comme le témoin de sa culture et déjà comme le survivant de son propre désastre. La seconde épreuve est celle de la traduction. Elle fait apparaitre la langue survivante dans l’espace des traductions, en organisant une confrontation entre la traduction « potentialisante » des romantiques et l’opération qui consiste à traduire dans une langue vivante comme si elle était morte. La troisième épreuve est celle de l’image et de la « ressemblance mortuaire ». Au bout du compte, il s’agit de libérer le survivant des discours historisants et juridiques qui ont cours à propos des « tragédies holocaustiques » du siècle dernier. Ces discours, quoique inévitables, sont une insulte à la figure même du survivant, parce qu’ils méconnaissent fondamentalement la nature de l’évènement catastrophique.

Extrait de la préface :
"Le génocide n’est pas un fait. Ce n’est pas un fait parce que c’est la destruction même du fait, de la notion de fait, de la factualité du fait. Il n’en faut pas douter : les perpétrateurs étaient des philosophes puissamment armés. Ils savaient immédiatement (à leur manière bien sûr, car c’étaient aussi des criminels) ces choses que nous commençons seulement à discerner, ces choses que nous découvrons aujourd’hui peu à peu, en tâtonnant dans l’obscurité, à propos de la destruction de la notion même de fait, à propos de l’élimination du témoin, et maintenant à propos de la stricte équivalence entre l’une et l’autre. Je répète donc : ce ne sont pas les faits qu’ils voulaient détruire, en effaçant les traces de leurs invraisemblables méfaits. Non, ils voulaient bel et bien détruire la factualité du fait et ils ont parfaitement réussi dans leur entreprise. Or je vois bien, à l’usage, que c’est là quelque chose qui est excessivement difficile à comprendre et encore plus difficile à admettre. Comment puis-je affirmer une chose pareille ? Cette « chose », terrible en effet, met à mal tout ce que nous savons (ou croyons savoir) de l’histoire, de l’histoire qui s’écrit et de l’histoire qui se fait. Il est impossible que l’historiographie s’en remette, à moins de se réviser elle-même entièrement. Et nous voyons bien qu’elle n’en prend pas le chemin. Comment le pourrait-elle, d’ailleurs, pour le dire honnêtement, puisque le perpétrateur a tout fait, dans l’antre secret de sa volonté, pour provoquer cette crise de l’historiographie, contre laquelle les historiens aujourd’hui se défendent comme de beaux diables, et n’en peuvent mais. […] Si le cœur de l’événement est l’élimination du témoin, il ne peut pas être question de témoigner de ce qui est arrivé au cœur de l’événement. En d’autres termes, il ne peut pas y avoir de relation humaniste à la Catastrophe. Et, inversement, aucun témoignage entendu en termes humanistes ne peut rendre compte de la Catastrophe. C’est ce que je vais expliquer, en adoptant, pour commencer, deux angles d’approche : le martyre et la torture. Mais alors, qu’allons-nous faire du témoignage, de ce que nous appelons aujourd’hui « témoignage », du récit de survivance, des compte rendus parfois hallucinés (et souvent hallucinants) de la survie, dans les camps ou sur les chemins de la déportation ? Cela restera jusqu’au bout une question irrésolue. Soyons clair, je vais le répéter de mille façons différentes : le survivant n’est pas le témoin. Il ne peut pas être le témoin de la mort du témoin en l’homme. Et s’il n’est pas le témoin, il risque fort d’être la négation de la mort du témoin, la figure par excellence du déni."


Article d’Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 223, Novembre 2015

Inutile de se voiler la face, Le Sujet de l'histoire est un livre difficile, mais remarquable. Son auteur, Marc Nichanian, est parvenu, grâce à une détermination sans faille, à imposer 1915 dans le débat philosophique et littéraire mondial. Il a ainsi ouvert d'immenses horizons. Pour les lecteurs des NAM, il revient sur le cheminement de son œuvre conséquente et précise les enjeux intellectuels majeurs de son dernier livre.

Nouvelles d'Arménie Magazine : De la Perversion historiographique au Sujet de l'histoire, vous portez la réflexion critique sur le témoin à son point d'incandescence. Pouvez-vous nous rappeler les étapes de la construction du paradoxe du témoin dans votre œuvre?
Marc Nichanian : Pendant des années, je n'ai pas voulu m'occuper de l'insulte que constitue l'emploi du mot de « génocide » pour le survivant. Ce n'est pas moi qui le dis, vous le savez, c'est Jean-François Lyotard, dans son livre Le Différend, où il parle explicitement de l'« insulte réaliste ». C'est le point de départ. Si on ne l'entend pas comme une insulte, alors il n'y a rien à faire. On renonce à tout, on renonce à penser, on renonce à soi-même, on renonce à comprendre l'évènement, on renonce à toute interrogation sur la nature même de l'évènement catastrophique. Mais on ne peut pas aborder ces questions de front. Je me suis donc longtemps occupé plutôt de l'écriture de la Catastrophe, en particulier avec le volume III de la série sur les écrivains arméniens du XXe siècle, Entre l'art et le témoignage (parue chez MétisPresse). Il s'agit du volume qui porte sur l'oeuvre romanesque et critique de Hagop Oshagan, dont vous avez bien voulu rendre compte en son temps. (Oshagan était obsédé par l'idée de témoignage, dans tous les sens du terme, et pourtant il n'est pas parvenu à écrire la troisième partie de son œuvre maîtresse, celle qui devait « s'approcher de la Catastrophe ».) Mais parallèlement à cela, il y avait les débats sur la place publique, en France même: les déclarations de Bernard Lewis et le procès qui lui a été intenté, l'affaire Veinstein en 1999, l'intervention du droit, puis l'effort inconsidéré pour pénaliser la dénégation, la naissance du groupe « Liberté pour l'histoire », enfin l'invraisemblable débat qui a eu lieu au Parlement en janvier 2012, et l'intervention du Conseil constitutionnel. À chacune de ces étapes, vous ne vous êtes pas sentie insultée, vous personnellement, insultée dans le tréfonds de votre être? Ne fallait-il pas, encore et encore, expliquer, que « le génocide n'est pas un fait », que « c'est la destruction même du fait» (ce sont les deux premières phrases de la Perversion). Ne fallait-il pas expliquer la crise de l'historiographie, et sa perversion, qui n'est pas uniquement le fait d'historiens pervers, mais qui tient à la nature même de l'histoire, parfaitement impuissante face au projet et à la volonté génocidaires, au projet et à la volonté de détruire le fait en tant que tel. Enfin, ne fallait-il pas expliquer que le témoignage des survivants témoigne de tout, des viols, des déportations, des morts en masse, mais certainement pas de la Catastrophe, s'il est vrai que la Catastrophe est le meurtre du témoin dans l'homme? Dans le livre de 2006, La Perversion historiographique (l'expression appartient à Jacques Derrida, qui parle aussi de la « crise holocaustique de l'historiographie »), la partie sur le témoignage et sur ce que vous appelez « le paradoxe du témoin » était déficiente. Il fallait donc remettre l'ouvrage sur le métier. Il fallait expliquer ce qu'est un « crime sans vérité », et il fallait bien sûr se demander ce que veut dire être le survivant d'un tel crime, d'un évènement qui n'est pas un fait. Quant aux apories du témoignage, je les avais longuement détaillées en postface du petit livre de 2013 publié aux éditions Garnier, L'Agonie d'un peuple, qui présente en traduction française le premier long témoignage publié après 1915, transcrit par Zabel Essayan et signé de son nom.
NAM : Vous débutez votre séminaire d'Istanbul au moment où survient un autre évènement public...
M. N. : C'est vrai: l'année même où j'ai commencé à donner des conférences publiques à Istanbul sur le thème « Littérature et Catastrophe », des intellectuels turcs de bonne foi (autant que je puisse en juger) avaient lancé un appel au pardon. Il fallait se demander au nom de qui ils demandaient pardon, et pour quoi ils demandaient pardon exactement. Étaient-ils conscients de la nature de l'évènement catastrophique? Y avait-il quelqu'un en face d'eux en mesure de pardonner? Savaient-ils quelle avait été l'expérience du survivant? Et questions supplémentaires : est-ce que la capacité de pardonner n'est pas ce qui fait l'humanité de l'homme? Est-ce que la Catastrophe n'est pas aussi l'éradication de cette capacité en nous, en nous-mêmes, et donc notre propre exclusion de l'humanité? Peut-on dès lors pardonner, si ce qu'il y a à pardonner est l'éradication de la capacité de pardonner? Vous admettrez avec moi que ce sont de graves questions. Je les ai abordées à ma façon. J'ai voulu montrer qu'il nous fallait enfin une « phénoménologie du survivant », aussi paradoxale que soit cette expression.
NAM : « De la mort on ne revient pas pour témoigner » écrivez-vous. Pourtant, l'histoire de l'extermination s'écrit à grand renfort de témoignages!
M. N. : Pour les Arméniens, il a fallu le livre magnifique de Raymond Kévorkian, pour voir un historien utiliser des témoignages afin de recomposer les évènements historiques dans leur continuité sur le terrain. Personne ne l'avait fait avant lui. Il était temps. Il fallait reconstruire étape par étape la mise en œuvre de la volonté génocidaire. La Catastrophe, c'est autre chose. Seule la littérature peut en dire quelque chose. Et j'ajoute ce que je sais depuis que j'ai écrit le livre sur Oshagan: la littérature ne peut en dire quelque chose qu'à travers son propre échec. Il faut faire parler cet échec, afin de pouvoir dire quoi que ce soit de la Catastrophe. C'est toute la difficulté. Mais ce n'est pas tout. Les Arméniens ont toujours été obsédés par le témoignage comme preuve. Ils ont rarement fait place au témoignage comme texte, c'est-à-dire à la parole même du témoin, dans sa chair. Qui s'intéressait aux Années maudites de Yervant Odian, avant sa publication en Arménie en 2005? Qui avait jamais entendu parler de L'Agonie d'un peuple, le récit de Hayg Toroyan transcrit par Zabel Essayan, avant que j'en offre une traduction française en 2013? Qui avait fait entendre la voix des survivants, comme venant d'un outre monde, avant que Krikor Beledian ne l'intègre et ne la fasse résonner dans son entreprise romanesque?
NAM : Le témoin, le survivant et le sujet de l'histoire: Comment articulez-vous ces trois figures?
M. N. : Essayons de dire cela en termes simples. Le « sujet » (le concept qui va avec le mot, et inversement) est une invention moderne. Elle date en gros de la fin du XVIIIe siècle. D'où les mouvements dits nationaux qui ont traversé le siècle suivant, d'un bout à l'autre, et en particulier l'émancipation des « nations » de l'Empire ottoman. Dans tous les cas, l'impératif était d'être « sujet de l'histoire », je veux dire : de sa propre histoire, et c'est bien à cela que servait l'idée de nation. Déjà, l'histoire faisait la loi. Déjà, il n'y avait de vérité qu'historique. Et, par conséquent, déjà il n'y avait pas de place pour le survivant, il n'y avait pas de place pour l'« expérience » du survivant. D'où l'obligation pour nous, c'est-à-dire vous avec moi, d'adopter une démarche de tortue, de marcher à reculons, de revenir en arrière dans l'expérience européenne, strate après strate. Comprenez-vous pourquoi je mets des guillemets autour du mot expérience, des guillemets que vous n'entendez pas quand je parle, mais que l'on devra lire? Ce survivant-là, celui qui met en question toute la tradition européenne du sujet de l'histoire, c'est celui qui revient mort, c'est le témoin mort. Aucun sujet de l'histoire n'avait prévu le témoin mort (sauf que les perpétrateurs, comme on les appelle en anglais, ont toujours été philosophes en diable. Ils savaient qu'il ne suffit pas de tuer les hommes. C'est le témoin qu'il fallait tuer en l'homme. Et ils ont su le faire. Ils ont parfaitement réussi. Nous avons été détruits de fond en comble, en tant que sujets, en tant que témoins, en tant que survivants). Ah, mais voilà donc ce qu'il s'agissait de comprendre depuis le début : comment parler du témoin mort, comment le faire « témoigner » de sa mort en tant que témoin? Et puisque cela semble une entreprise impossible, il fallait voir comment d'autres s'y sont pris. Cette fois-ci, j'étais donc complètement en dehors de l'expérience arménienne. C'est en tout cas ce que l'on pourrait croire à lire ce livre. À l'expérience arménienne, j'avais déjà consacré trois volumes. Le reste pouvait attendre. Je suis donc revenu en arrière pour voir quelle était l'expérience européenne de la mort du témoin, celle qui met en cause radicalement l'écriture même de l'histoire. J'ai regardé d'abord ce qu'en disait Hannah Arendt, qui en parle d'une façon tout à fait saisissante. Mais elle était encore trop historienne dans son grand ouvrage de 1951, Les Origines du totalitarisme. S'il est vrai que l'écriture de l'histoire est radicalement remise en cause par la mort du témoin, s'il est vrai que c'est un phénomène absolument moderne (et jusqu'ici insoupçonné), seule la littérature pouvait en parler de façon adéquate, une fois de plus. D'où les trois lectures offertes dans ce livre: à partir de Borges (pour expliciter et critiquer l'exploitation philologique de la figure du survivant), à partir de Wilder-lin (qui a été le seul, à l'aube de l'ère philologique, à affronter la « perte de la langue à l'étranger », c'est-à-dire l'expérience même du survivant, à travers l'épreuve folle de la traduction, et il en est vraiment devenu fou), et à partir de Maurice Blanchot (qui a quand même mené assez loin l'expérimentation romanesque de la mort du témoin, même s'il a fini par se dédire).

Propos recueillis par Isabelle Kortian


Livre numéro 2050
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Témoignage et survivance
Titre : Témoignage et survivance / auteur(s) : Emmanuel ALLOA -
Editeur : MetisPresses
Année : 2014
Imprimeur/Fabricant : Grafica Faggian Srl, Italie
Description : 14 x 20 cm, 368 plages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Imprescriptible
Notes : Editeurs scientfiques : Emmanuel Alloa et Stefan Kristensen
Autres auteurs : Janine ALTOUNIAN [contribution] - Marc NICHANIAN [contribution] - Marie-Aude BARONIAN [contribution] - Catherine COQUIO [contribution] -
Sujets : Génocides -- Survivants --Psychiatrie
ISBN : 9782940406791
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Prix : 28,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Comme nul autre, le XXe siècle aura été marqué par l’expérience génocidaire et les exterminations de masse. Ces événements ont imprimé une marque indélébile dans l’histoire de l’humanité, et ont suscité pour cette raison une réflexion inédite qui tente de prendre la mesure de l’expérience de l’extermination de groupe. Que signifie être la cible d’un plan d’extermination du groupe auquel on appartient ? Comment y survit-on ? Quelles sont les oreilles pour entendre un tel témoignage ? De quoi témoigne-t-on lorsqu’on a passé par la sujétion la plus ultime ? Peut-on produire une preuve de cette expérience ? Les textes réunis dans ce volume tentent d’indiquer des réponses à ces questions, afin de commencer à mieux cerner cette figure à la fois aporétique et incontournable qu’est le témoin à l’époque de la survivance.

Livre numéro 1835
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir L'agonie d'un peuple
Titre : L'agonie d'un peuple / auteur(s) : Hayg TOROYAN - [texte recueilli par] Zabel Essayan ; témoignage traduit de l'arménien par Marc Nichanian. suivi de La voix et la plume / postface du traducteur
Editeur : Classiques Garnier
Année : 2013
Imprimeur/Fabricant : 14-Condé-sur-Noireau : Impr. Corlet numérique
Description : 1 vol. (211 p.) ; 22 cm
Collection : Littérature, histoire, politique, ISSN 2259-9479 ; 5
Notes : Contient en annexes : "Le camp des supplicies et de la mort" / Henry Barby et "La corbeille aux dindes" / Hayg Toroyan. - Index
Autres auteurs : Zabel ESSAYAN [directeur] - Marc NICHANIAN [traducteur] -
Sujets : Génocide arménien (1915-1916 ) -- Récits personnels
ISBN : 9782812408564
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 24,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Article de Tigrane Yégavian, France-Arménie, numéro 396, Avril 2013

En février 1917, Zabel Essayan, la plus grande écrivaine de sa génération - alors résidant à Bakou - publie le premier témoignage parvenu de l'enfer de la déportation des Arméniens.
Elle retranscrit et retravaille les paroles d'un rescapé, Hayg Toroyan, un interprète origi naire d'Alep au service d'un officier allemand qui a parcouru la Mésopotamie de novembre 1915 à janvier 1916. Il a été témoin de l'indicible, a traversé les camps de concentration formés le long de l'Euphrate, parcouru l'ultime abattoir de Deir Zor, avant de gagner la frontière iranienne.

Le témoignage comme boîte noire du crime
La seconde partie du livre, intitulée La Voix et la plume, se veut un essai en guise de postface signée par le traducteur, Marc Nichanian. Ce dernier propose une réflexion sur ce témoignage particulier. Dans un souci de lui donner une teneur moderne, il le contextualise en le situant dans la littérature de témoignage propre aux Arméniens pendant le XXe siècle, en expliquant sa place dans la carrière de Zabel Essayan et la position de celle-ci sur le lien entre témoignage et littérature. D'emblée, Marc Nichanian pose une question centrale : si l'on admet que le témoignage est un texte, qui doit être représenté comme l'auteur du témoignage? Autrement dit, qui est le sujet du témoignage : le survivant ou celle qui le recueille?
Signe fort, Zabel Essayan cosigne l'ouvrage dont elle n'est pourtant pas le narrateur, et se refuse à faire de la souffrance un sujet littéraire. Pourtant, en 1909, lorsqu'elle écrit son témoignage sur les massacres d'Adana (Dans les ruines), on la trouve dans une posture d'Antigone moderne, érigeant un mémorial aux martyrs. Qu'est-ce qui change alors, chez elle, en 1917? Marc Nichanian nous livre des éléments de réponse. Dépassée par la catastrophe génocidaire, l'écrivaine semble incapable d'écrire une seule ligne en hommage à son peuple sans sépulture. Elle ne témoigne pas, puisqu'elle n'était pas sur place. Elle met sa plume au service de la parole vive, quand elle ne fournit pas du matériel à des journalistes français, à l'instar d'Henri Barby. D'où l'idée de l'opacité, telle une frontière infranchissable de l'autre côté de laquelle s'est déroulé, en silence, un crime incommensurable.

Comment témoigner?
Le traducteur s'intéresse ici aux ratés de l'historicisation, à ce qu'il appelle les "coups de dés de l'histoire". Il veut comprendre comment certains évènements appartiennent dès l'abord à l'histoire, alors que d'autres pourrissent dans les oubliettes de la conscience. Le témoignage de Toroyan transcrit par Zabel Essayan ne relate qu'une infime parcelle du panorama génocidaire. C'est pourtant un ouvrage d'une importance capitale, du moins le premier long témoignage qui nous soit parvenu en langue arménienne.
Aussi insoutenable soit-elle, la lecture de ce livre essentiel est riche en leçons. Les lecteurs de Zabel Essayan constateront la métamorphose d'un écrivain qui, en 1909, faisait acte citoyen de foi et de loyauté vis-à-vis de l'Empire ottoman avant d'opérer une profonde remise en question dans l'urgence de l'immédiat post-1915. Les lecteurs du témoignage, eux, pourront méditer sur cette phrase d'une remarquable acuité, sortie de la bouche d'un officier allemand (pp. 106-107) : "Nous avions une haute idée des Arméniens. Nous connaissions vos aspirations, la prospérité de votre activité commerçante, nous savions même combien d'écoles vous aviez. Vous aviez formé des partis politiques. Pourquoi deviez-vous vous laisser massacrer comme ceci, comme des moutons que l'on conduits à l'abattoir? Nous n'aurions pas été étonnés de vous voir résister. Mais la situation présente est incompréhensible."

Tigrane Yégavian, France-Arménie, numéro 396, Avril 2013


Table des matières
Avant-propos
Au croisement des voies et des pratiques 7
L’AGONIE D’UN PEUPLE - LES ARMÉNIENS DÉPORTÉS EN MÉSOPOTAMIE
Partie I 19
Partie II 79
Postface
La voix et la plume 143
Un premier récit 143
Le dilemme selon la littérature 145
Le dilemme selon l’auteur 152
Dilemme selon la langue 162
Les témoignages de lettrés 169
L’écriture-femme 184
Nota bene 195
ANNEXES 199
Annexe 1 199
Annexe 2 204
Index des personnes 207
Index des lieux 209


Livre numéro 1334
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Entre l'art et le témoignage, Littératures arméniennes au XXe siècle, Volume 3, Le roman de la catastrophe
Titre : Entre l'art et le témoignage, Littératures arméniennes au XXe siècle, Volume 3, Le roman de la catastrophe / auteur(s) : Marc NICHANIAN -
Editeur : MetisPresses
Année : 2008
Imprimeur/Fabricant : Bianca e Volta, Truccazzano - Milan, Italie
Description : 17 x 24 cm, 470 pages
Collection : Prunus armeniaca
Notes : En appendice, choix de documents, Notices biographiques, Bibliogr. p. 453-465. Index
Autres auteurs :
Sujets : Ochagan, Hagop (1883-1948 ) -- Critique et interprétation -- Génocide arménien (1915-1916) -- Littérature arménienne -- Histoire et critique
ISBN : 9782940406043
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 28,00 euros - 45 CHF
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Disponible au prix de CHF 45 (EUR 28), sur commande en envoyant un e-mail à information@metispresses.ch


En 1931 Hagop Oshagan commence à publier "Mnatsortats", la plus puissante unité romanesque du XXe siècle en langue arménienne. Oshagan avait pour ambition d'écrire le «reste», «ce qui reste de notre peuple». Dans un entretien en 1931, il s'exprime pour la première fois sur son entreprise: «Le contenu de la troisième partie sera la Déportation. Cette partie aura pour titre L'Enfer. Bien entendu, ce sera la partie la plus difficile, puisque le pouvoir de la fiction romanesque est insuffisant à lui seul pour l'embrasser tout entière. Il faudra que je mène au moins une étude topologique, que je lise des milliers de récits et des centaines de volumes, de témoignages et de mémoires, avant de commencer à rédiger cette partie. Je ne peux qu'être mélancolique lorsque je mesure ce rêve à l'aune de mes bras». Or il se trouve qu'Oshagan s'est interrompu au terme de la seconde partie. Comment lire cet échec? Est-il déjà inscrit dans le roman tel qu'il nous est donné à lire? Ou bien faut-il chercher la réponse en dehors du roman? Après tout, Mnatsortats voulait-il être un témoignage de plus ou une œuvre littéraire? Est-ce que la distinction est pertinente? Et finalement: est-ce que l'échec d'une entreprise romanesque d'aussi grande envergure face à la Catastrophe peut nous apprendre quelque chose sur la nature de celle-ci? En effet, savons-nous ce qu'est la Catastrophe? Savons-nous de quoi le témoignage est censé témoigner? Et si, à travers son échec, un roman donne à lire les conditions de la Catastrophe, cet échec n'est-il pas, par là-même, la plus grande réussite, la seule réussite possible.

Table des matières
Introduction, p.9
Chapitre 1: Témoignage et autobiographie, p.31
Post Scriptum: Le frère de lait, p.67
Chapitre 2: La dette pédophilique, p.75
Chapitre 3: Le nœud de la voix, p.127
Chapitre 4: La double figure de Komitas, p.167
Chapitre 5: Le mode romanesque, p.199
Chapitre 6: La double scéne, p.233
Chapitre 7: «Pourquoi? Pourquoi?» La critique comme témoignage, p.271
Annexe 1: Synopsis de Mnatsortats, p.309
Annexe 2: Traductions, p.321
«À l'ombre des Cèdres», p.324
«Hadji Agha», p.334
«La section des Cendres», p.384
Annexe 3: Notices biographiques, p.445
Bibliographie, p.453
Index nominum, p.467


Livre numéro 1235
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Entre l'art et le témoignage, Littératures arméniennes au XXe siècle, Volume 2, Le Deuil de la philologie
Titre : Entre l'art et le témoignage, Littératures arméniennes au XXe siècle, Volume 2, Le Deuil de la philologie / auteur(s) : Marc NICHANIAN -
Editeur : MetisPresses
Année : 2007
Imprimeur/Fabricant :
Description : 480 pages, 17 x 24 cm
Collection :
Notes : Deuxième ouvrage d'une série prévue de 4
Autres auteurs :
Sujets :
ISBN : 9782940357062
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 28,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Disponible au prix de CHF 45 (EUR 28), sur commande en envoyant un e-mail à information@metispresses.ch


"«La vie païenne me séduit chaque jour un peu plus. Si aujourd’hui c’était possible, je changerais de religion et j’embrasserais avec joie le paganisme poétique. » C’est ce qu’écrivait Daniel Varoujan (1884-1915) en 1908. Dans cette veine, le poète allait écrire une grande partie de son oeuvre au cours des sept années qui lui restaient à vivre. Le présent ouvrage est une monographie sur Varoujan précédée d’une histoire de l’imagination nationale qui est aussi celle de la philologie nationale.
Celle-ci fait écho à la double invention philologique du XIXe siècle: celle du natif et celle de la religion mythologique. Il fallait prendre en compte les étapes de la philologie orientaliste dans lesquelles s’est inscrite l’auto-invention de la nation ethnographique: la «néo-archéologie», l’«auto-ethnographie », le «principe esthétique».
Le dernier épisode de cette histoire se passe en 1914 avec la revue Mehyan, à Constantinople, qui a regroupé avec Varoujan les grands noms à venir de la littérature arménienne en diaspora. Nous sommes à la veille de la Catastrophe. Cette génération s’en voulait la gardienne."


Livre numéro 1151
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Entre l'art et le témoignage, Littératures arméniennes au XXe siècle, Volume 1, La Révolution nationale
Titre : Entre l'art et le témoignage, Littératures arméniennes au XXe siècle, Volume 1, La Révolution nationale / auteur(s) : Marc NICHANIAN -
Editeur : MetisPresses
Année : 2006
Imprimeur/Fabricant : Ateliers de Gnosid, Milan (Italie)
Description : 430 pages
Collection :
Notes : Premier ouvrage d'une série prévue de 4
Autres auteurs :
Sujets :
ISBN : 9782940357048
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Prix : 28,00 euros
Achat possible sur : Amazon

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Entre l’art et le témoignage, au moins quatre générations d’écrivains de langue arménienne ont pratiqué une écriture contrastée pendant tout le cours du XXe siècle. Partagés entre le Pays et la Dispersion, entre le reniement et la fidélité, entre le communisme et l’idée nationale, ces écrivains se sont débattus avec leur temps aussi bien qu’avec le singulier destin de leur langue déchirée. Dans le même temps, ils ont su inventer une modernité pour leur propre compte, où intervenaient la Catastrophe, le deuil philologique, le débat continuel avec le témoignage, la critique acerbe de la révolution nationale et, bien sûr, la question récurrente : comment la littérature est-elle encore possible dans ces conditions extrêmes, au bord (ou au-delà) de l’effondrement?
Le présent volume inaugure une série d’études monographiques sur ces écrivains du bout du monde. Il traite de quatre auteurs (Yeghishé Tcharents, Gourgen Mahari, Zabel Essayan, Vahan Totovents) qui ont produit l’essentiel de leur oeuvre en Arménie ou qui ont émigré sur le tard pour se voir emportés par la tourmente stalinienne en 1937.


Livre numéro 1139
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir La perversion historiographique : une réflexion arménienne
Titre : La perversion historiographique : une réflexion arménienne / auteur(s) : Marc NICHANIAN -
Editeur : Éditions Lignes
Année : 2006
Imprimeur/Fabricant : 58-Clamecy : Impr. Laballery
Description : 1 vol. (211 p.) : couv. ill. ; 19 cm
Collection : Essais (Paris. 2005)
Notes : Notes bibliographiques
Autres auteurs :
Sujets : Génocide arménien (1915-1916) -- Génocide -- 20e siècle -- Historiographie
ISBN : 9782849380468
Bibliothèques : Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 17,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

La machine génocidaire est, dans son essence, une machine dénégatrice. En l’absence d’archives, qui, du juriste ou de l’historien devient le "gardien" du fait historique ?

Ce livre porte sur la vérité en histoire et le statut moderne du témoignage. La crise de la représentation provoquée par les événements génocidaires du XXe siècle n’a pas épargné l’histoire en tant que discipline scientifique. Il est en effet possible, sans déroger aux règles de celle-ci, de nier méthodiquement l’existence des chambres à gaz ou la réalité de la destruction délibérée des Arméniens de l’Empire ottoman. Au début du siècle passé. Dès lors, la possibilité et les modalités de la restitution des faits, qui ont toujours été au cœur de la réflexion historiographique, ne sont pas les seules à être aujourd’hui sujettes à caution. Marc Nichanian en fait la démonstration, en s’appuyant sur les réflexions menées et suscitées par Lyotard, Agamben, Antelme, Derrida, Hayden White et par les penseurs arméniens de la Catastrophe au XXe siècle. C’est l’existence du fait historique en tant que tel qui est désormais remise en cause, depuis que les différentes machines génocidaires, puissamment relayées par ce que l’auteur appelle ici la "perversion historiographique", ont fait de la destruction de la réalité leur ambition propre. Ceci conduit naturellement au débat sur la signification du droit face à l’histoire et à une interrogation insistante sur ce qui permet à l’historien (et non par exemple au juge ou au législateur) de se poser comme le "gardien des faits".


Livre numéro 181
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Histoire du génocide arménien : conflits nationaux des Balkans au Caucase
Titre : Histoire du génocide arménien : conflits nationaux des Balkans au Caucase / auteur(s) : Vahakn N. DADRIAN - trad. de l'anglais par Marc Nichanian ; pref. d'Alfred Grosser
Editeur : Stock
Année : 1996
Imprimeur/Fabricant : 72-La Fleche : Impr. Brodard et Taupin
Description : 693 p. couv. ill. 24 cm
Collection :
Notes : Bibliogr. p. 659-683. Index
Autres auteurs : Alfred GROSSER [préfacier] - Marc NICHANIAN [traducteur] -
Sujets : Question armenienne * Europe -- Relations -- Turquie -- 1870-1914 * Turquie -- Relations -- Europe -- 1870-1914 * Armeniens Massacres des 1915-1923 * Genocide * Intervention droit international *
ISBN : 9782234045484
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 27,44 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Démontre le lien de causalité qui existe entre les massacres turcs de 1915 et les massacres allemands à partir de la présence, parmi les concepteurs et les exécutants du génocide hitlérien, d'Allemands qui avaient été témoins et complices de la tentative d'extermination des Arméniens.

Livre numéro 180
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Autopsie du génocide arménien
Titre : Autopsie du génocide arménien / auteur(s) : Vahakn N. DADRIAN - traduit de l'anglais par Marc Nichanian
Editeur : Complexe
Année : 1995
Imprimeur/Fabricant : Impr. en Belgique
Description : 266 p. couv. ill. en coul. 18 cm
Collection : Historiques : 92
Notes : Publié initialement dans le "Yale journal of international law", vol. 14, n 2, 1989 Bibliogr. p. 245-266
Autres auteurs : Marc NICHANIAN [traducteur] -
Sujets : Arméniens Massacres des 1915-1923 * Arménie -- Histoire -- 1901-....
ISBN : 9782870275702
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 10,50 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Entre le printemps 1915 et l'automne 1916, alors que le monde était préoccupé par la Grande Guerre, le gouvernement turc décidait de régler la question de la présence des Arméniens dans l'Empire ottoman, par la déportation et l'extermination. Les procès des exécuteurs, en 1919-1920, n'eurent pas de suite ; Talaat, Enver et Djemal, les trois Jeunes-Turcs sur lesquels reposait la dictature depuis 1914, échappèrent à la justice. Les consciences ne s'éveillèrent pas devant l'infamie de ce génocide.
Pendant quatre-vingts ans, les Arméniens ont eu leur mémoire pour seule preuve de leur histoire, transmise aux générations successives. La dénégation systématique et universelle de l'extermination a empêché en outre tout véritable travail de nature historiographique.
Cette situation a commencé à changer à partir des années soixante-dix, en Europe et aux États-Unis. Les études sur le génocide ont imposé l'idée d'un examen comparé. Des travaux historiques importants ont vu le jour. Pourtant, Vahakn N. Dadrian est le premier qui ait su mener, avec toute la patience, l'érudition et l'intelligence voulues par le sujet, un travail qui réponde entièrement à l'exigence d'une conscience historique moderne. Les procès de 1919 en particulier n'avaient jamais été analysés ni même édités jusqu'ici. Ils constituent l'une des pièces maîtresses de cette étude sur les origines et les conséquences de l'extermination, à la lumière du droit national et international.


Table des matières

Préface 11
Introduction 19
PREMIÈRE PARTIE : L'INTERVENTION HUMANITAIRE
DES PUISSANCES : UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE 27
I. LE DROIT RELIGIEUX ISLAMIQUE,
MATRICE DES DISPOSITIONS LÉGALES OTTOMANES,
ET LES CONFLITS NATIONAUX 29
II. LES TENTATIVES EUROPÉENNES D'INTERVENTION HUMANITAIRE MISES EN DÉFAUT PAR LES PRINCIPES DU DROIT COMMUN ISLAMIQUE 33
L'intervention humanitaire dans l'Empire ottoman 34
Les origines de l'intervention humanitaire à la lumière des rivalités entre les Puissances 34
La guerre d'indépendance et l'intervention européenne en faveur de la Grèce 35
La guerre de Crimée et l'Acte relatif aux réformes de 1856 36
Le massacre des chrétiens maronites 37
Les insurrections crétoises et balkaniques 38
La constitution de Midhat 38
Le protocole de Londres 41
L'antagonisme entre droit public et droit commun dans la Turquie ottomane 43
III. LE SORT DES ARMÉNIENS 45
L'échec de l'intervention internationale 45
Le manque de cohésion au sein des Puissances européennes 49
L'absence de liens avec les Puissances européennes 52
Le renouveau de la conscience nationale arménienne comme excuse pour la liquidation 54
La montée en puissance de l'Ittihad et la décision de « liquider » les Arméniens 56
DEUXIÈME PARTIE : L'ENTRÉE EN GUERRE DE LA TURQUIE ET LE GÉNOCIDE ARMÉNIEN 61
IV. LE CONTEXTE JURIDICO-POLITIQUE 63
Le facteur circonstanciel 64
L'annulation des traités 67
L'avertissement des Alliés et l'introduction du principe de « crimes contre l'humanité » 68
V. LA MISE EN ŒUVRE DU GÉNOCIDE 69
Mobilisation et déportation 71
Expropriation et confiscation des biens et des avoirs 73
Les massacres génocidaires 79
VI. LES DÉGUISEMENTS DE LA LOI DE DÉPORTATION ET LES LOIS ANNEXES 81
Les responsables ultimes des déportations 81
L'Organisation Spéciale (Teskilati Mahsusa) 83
Les efforts pour dissimuler les responsabilités et les intentions : un défi au châtiment 87
TROISIÈME PARTIE :
L'APRÈS-GUERRE : LES PROCÈS 89
VII. TENTATIVES ALLIÉES POUR ADMINISTRER UNE JUSTICE PUNITIVE 91
Le bras judiciaire de la Conférence de paix de Paris 92
Les tâtonnements juridiques des Britanniques 95
La Haute Commission et les Magistrats de la Couronne 95
Transfert des suspects prima facie des prisons turques aux prisons britanniques 98
Les conséquences des politiques nationale et internationale 101
Le problème des preuves légales probantes 102
La suspension finale des poursuites 104
Un commentaire sur la justice avortée des Alliés 106
VIII. LE RECOURS À LA MACHINERIE JURIDIQUE TURQUE 109
Les enquêtes et les investigations préliminaires 112
Le cinquième comité du Parlement 112
La Commission d'enquête de l'administration 115
La formation de la Cour martiale 116
Le début des procès 117
L'acte d'accusation principal 119
Les chefs d'accusation 120
La conspiration 120
Préméditation et intention 121
Meurtres et responsabilité personnelle 124
Le recours exclusif au code pénal interne 125
La défense récuse la juridiction : l'argument constitutionnel 127
Le verdict central 130
Les verdicts secondaires et la fin des procès 132
Les obstacles politiques aux procès internes 135
Les étapes préliminaires des procès 136
Les procès 138
Les parallèles avec les procès allemands à Leipzig 140
Conclusion 145
Annexes 241
Bibliographie 245


Livre numéro 579
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Le Bois de Vincennes
Titre : Le Bois de Vincennes / auteur(s) : Nicolas SARAFIAN - trad. de l'armenien par Anahide Drezian ; presentation de Marc Nichanian
Editeur : Parenthèses
Année : 1993
Imprimeur/Fabricant : 58-Clamecy : Impr. Laballery
Description : 92 p. 24 cm
Collection : Collection Armenies ISSN = 0248-5877
Notes :
Autres auteurs : Marc NICHANIAN [préfacier] -
Sujets :
ISBN : 2863640739
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 11,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Un nouveau Bois de Vincennes, par Antoine Spire
Quand vous aurez lu le livre de Nicolas Sarafian, le Bois de Vincennes, vous ne pourrez plus jamais vous promener innocemment dans ce qui constitue l'un des deux poumons forestiers de la capitale. Ce Bois de Vincennes-là s'étend de la Marne au Don et même plus bas, couvrant aussi une grande partie de la mer Noire. Il atteint parfois le ciel et passe par delà les nostalgies et les souvenirs d'un écrivain arménien dont le talent poétique est considérable. En quelques pages de préface, Marc Nichanian nous rappelle l'histoire de Sarafian qui perdit ses parents au cours de génocides entre 1915 et 1917 et fut jeté avec son frère sur les routes de la Bessarabie, de la Crimée avant de rejoindre Istanbul à travers les champs de bataille de la Russie en guerre. Exilé à Paris à 20 ans, Sarafian deviendra ouvrier typographe en gardant, autour de la revue "Menk" avant la guerre, puis au quotidien "Haratch", une activité littéraire qui servira de substrat à une oeuvre poétique de premier plan si l'on en juge déjà par ce petit livre dense et fort.

Avec Sarafian, le Bois de Vincennes prend soudain la grandeur d'une montagne dans les nuées. Un Ararat qui le regarde. A travers les nuages qui s'enfuient, déchiquetés, le poète découvre le sens de ses agitations d'enfant ivre de la mer. Le bruissement des arbres est comme un murmure de terreur et devient tout à coup un champ de crimes, un monde englouti où le soleil rayonne rouge : "De temps en temps, une charrette pleine de branches s'éloigne lentement comme celle qui, remplie de cadavres nus et mouillés et les yeux ouverts, remontait de la gare de Rostov un jour de bataille." C'est là qu'il a vu le progrès se diriger vers la trahison perfide, à recuIons et à pas lents. Diabolique. Les arbres dans l'orage qui le surprend deviennent le peuple arménien qu'on a massacré et qu'on exile. Régulièrement, l'oreille se tend à l'angoisse qui flotte. Sarafian a même aperçu des blindés qui venaient du fond du bois en abattant, en écrasant, en déchirant les arbres comme si ceux de la libération de Paris ne faisaient que renvoyer aux affres du génocide de 1915.
Pourtant, il y a aussi l'intimité des arbres, l'émotion vague de l'espérance et cet instant béni de béatitude entre le sommeil et le réveil. "Comme le ciel, on dirait que tout mon corps se découvre, devient transparent aux choses et aux êtres." Et un espace infini et voluptueux de s'ouvrir un instant. La lumière sous ses paupières mi-closes prend la couleur des fleurs d'amandiers et le Bois de Vincennes le transporte alors jusqu'à l'extrême extase. Ce moment magique qui clôt le livre reste en suspens tant le doute a pénétré la conscience du lecteur. Le doute, l'oeil de notre sagesse, est un étrange soleil noir. C'est le trouble psychique à l'intérieur duquel se réalise la purification et la cristallisation de l'être. Il force la personne lorsque par lui toutes les apparences deviennent transparentes, et Sarafian de bannir la confiance, "mot particulier aux âmes fatiguées". L'exilé apprend donc à douter de tout. Il a nourri des doutes envers les leçons apprises, se demander si le train en partance allait démarrer, s'il avait bien fermé sa porte à clé, si le métro qui se dirigeait vers la Porte Maillot n'allait pas le conduire Porte de Champerret et si les parois du tunnel n'allaient pas se rejoindre en emprisonnant le train aux tréfonds de la terre. Et nous lecteurs de douter du fidèle espoir qu'il reste vivant à la fin du livre comme si l'arc en ciel aperçu après l'orage n'était qu'une vision des sept péchés capitaux et non la fleur immense d'un disque de coloris cristallins. Tous les bonheurs sont des malheurs déguisés, nous glisse-t-il et "le pont du sceptique", emprunté après une tournée au champ de courses et quelques pas en face d'une petite cascade turbulente et superbe, devient une arche sombre qui ne débouche sur rien. Tout ce pessimisme a pour source la prétendue faute de celui qui est né en diaspora entre le déclin de la religion et l'aube de la science. Né au sein de plusieurs langues dont aucune n'apparaît comme la sienne, nous dit-il, Sarafian souffre de l'exil et serait si heureux "d'être avec les pauvres de sa ville natale, de revoir un instant les instituteurs simplets, les prêtres, les acteurs, les révolutionnaires".

Parce qu'il se souvient toujours de l'oiseau qui battait les roches de ses ailes géantes et s'élevait parfois jusqu'où l'air se raréfie. Et revoilà l'Ararat planté désormais au coeur du Bois de Vincennes ! Un grand livre.

Les nouvelles d'Arménie - numéro 3 - septembre 1993


Livre numéro 514
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Ages et usages de la langue arménienne
Titre : Ages et usages de la langue arménienne / auteur(s) : Marc NICHANIAN -
Editeur : Entente
Année : 1989
Imprimeur/Fabricant : 53-Mayenne : Impr. Floch
Description : 431 p. carte 20 cm
Collection : Langues en peril ISSN = 0985-956X
Notes : Bibliogr. p. 427-429
Autres auteurs :
Sujets : Armenien langue -- Histoire * Armenien langue moderne -- Aspect social
ISBN : 9782726600894
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 27,52 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

L'arménien, définitivement constitué entre le Vie et le Ille siècle av. J.C.. devient langue écrite et langue littéraire au Ve siècle après J.C. On dispose de quinze siècles de témoignages écrits pour retracer l'histoire de cette langue à travers ses moments importants, arménien classique au Ve siècle, arménien moyen, langue du royaume de Cilicie, au Xlle siècle, arménien moderne, instauré comme langue littéraire avec ses deux variétés, orientale et occidentale, au milieu du XlXe siècle.

Que se passe-t-il lorsqu'une langue devient langue littéraire?
Marc Nichanian décrit et analyse l'histoire de la langue et tente de cerner ces périodes de ruptures et la conscience que les locuteurs ont de ces ruptures.
A l'histoire de la langue se superpose donc celle des conceptions et des réceptions de la langue.

"Une histoire de l'arménien, lecture attachante et de bonne tenue ; le linguiste ne manquera pas d'être attiré par une telle étude."

Centre national de Documentation pédagogique



Autre commentaire
C'est à une entreprise immense que s'est attelé Marc Nichanian; celle de traiter en un volume l'histoire de la langue arménienne qui s'étend tout de même sur deux millénaires et demi, si l'on admet ce que certains savants estiment comme probable que la langue arménienne a été apportée entre le Xe et le Vle siècle av. JC dans ce pays que l'on nomme communément l'Arménie occidentale.

L'ouvrage est divisé en deux parties. La première abordant et situant la place de l'arménien parmi les langues indo-européennes, la création de l'alphabet par le lettré Mesrop Machtotz, l'école héllénisante des VIe et Vlle siècles, l'époque des rois Bagratides et enfin l'époque cilicienne. La deuxième partie de l'ouvrage concerne la période moderne à partir du XVIe siècle et l'instauration au début du XIXe siècle de l'arménien littéraire moderne, période qui coïncide avec le réveil de la conscience nationale arménienne, réveil d'ailleurs qui a pu être possible grâce à l'action des pères Mekhitaristes.

Mais au-delà de la description chronologique des diverses étapes de la formation de la langue, des ruptures, des transformations de la syntaxe et des mots, l'auteur s'implique et nous explique le processus récursif dans l'instauration de la langue, et l'histoire de cette langue à travers l'histoire de la nation. Ainsi, la langue arménienne a subi par trois fois un processus de 'littérarisation", qui est un mouvement complexe par lequel une langue non seulement accède à l'écrit, mais devient langue littéraire par la diffusion et 'l'uniformisation". Une première fois au Ve siècle lors de la création des caractères arméniens, une deuxième fois au Xlle siècle dans le royaume arménien de Cilicie lorsque la langue est devenue langue écrite, et une troisième fois au milieu du XIXe siècle.

Le propos central de son livre et le fil conducteur de son analyse est d'examiner à travers ces trois moments les conditions dans lesquelles cette langue se littérarise et les raisons de ce phénomène. II s'agit donc de l'histoire des conceptions de la langue au cours des âges et de l'usage de cette langue par le peuple. Si Marc Nichanian dans le labyrinthe des termes qui désignent les variantes de la langue, (vulgaire, littéraire, vernaculaire, langue civile, dialectes, parlers populaires, langue standard, langue véhiculaire, arménien classique, moderne, moyen...) pose le problème du péril de langue, il minimise ce péril dans une intellectualité détachée (toutes les langues, comme toutes les civilisations sont faites pour mourir). On pourrait aussi bien retourner le propos et indiquer qu'elles sont aussi faites pour vivre. II explique que ce vécu est perçu de façon différente dans la diaspora occidentale et la diaspora du Moyen-Orient, ou même du Karabagh. Paradoxalement, la littérature arménienne de la diaspora n'a pas suivi le même chemin que la transmission de la langue et de la tradition.

La littérature de la Diaspora a trouvé son accomplissement à Paris et non à Beyrouth, avec la génération qui a créé la revue Menk et qui a constitué une sorte de réponse et de continuation par rapport à la revue Mehian, dont le projet était de transformer la langue littéraire arménienne occidentale en y intégrant le grabar et les dialectes. Vorpouni, Chahnour, Nartouni, Chouchanian, Béchiktachlian etc... ont effectué dans l'exil le transport de leur langue en Occident. Ces écrivains de Paris ne construisaient pas un avenir, ils tentaient d'affronter la crise, au-delà de la catastrophe, contraints de vivre une réalité double, à la "recherche d'un nous impossible. 'Notre patrie nous a échappé, elle a glissé sous nos pieds, nous projettant à la mer. Mais c'est la meilleure occasion pour nous apprendre à nager', écrivait Sarafian en 1929.

Dikran Tchertchian, Mensuel France-Arménie, 1989


Livre numéro 1169
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Nuages et sable dans ma paume, Poèmes
 
Titre : Nuages et sable dans ma paume, Poèmes / auteur(s) : Zareh KHRAKHOUNI - Traduit de l’arménien et postfacé par Marc NICHANIAN
Editeur : Paris : Éd. Saint-Germain-des-Prés
Année : 1988
Imprimeur/Fabricant : 30-Nîmes : Impr. du Castellum
Description : 74 p. ; 21 cm
Collection : Poésie sans frontières
Notes : Extr. de divers recueils de l'auteur ; réalisé avec le parrainage le l’association QATRA
Autres auteurs : Marc NICHANIAN [traducteur] -
Sujets : Poèmes
ISBN : 2243031345
Bibliothèques : Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 80,00 FRF

Commentaire :

Khrakhouni est aussi, à sa manière, un peintre de tableaux historiques instantanés, qui correspondent à des moments de « contact » réel ou fantasmé entre l'Arménie et l'Occident, en particulier la France. Dans divers morceaux, Khrakhouni visiblement s'amuse. Il s'amuse à recréer des situations avec le « langage d'époque ». Il s'amuse à imaginer ce qu'a été ou ce qu'aurait pu être par exemple l'histoire ; il s'amuse à recomposer un certain langage et à transposer le français ou le grec en arménien. Cette veine sournoisement ironique n'est certes pas absente de l'ensemble de son œuvre, et s'exprime parfois à l'état pur. Elle est toujours mêlée de tendresse, de détachement à l'égard des éléments de la vie quotidienne, d'ironie et d'amertume envers la vie et envers soi-même. Elle est sournoise non seulement parce qu'elle- se moque sans le dire, mais aussi parce qu'elle observe. Elle observe même, et d'autant mieux, dans l'amertume et le détachement de soi-même. La tendresse, l'ironie « sournoise » et l'amertume sont ainsi mêlées dans l'un des plus beaux poèmes, déjà signalé plus haut, « Séance ». On y voit l'imperceptible retrait du poète ironiste en société. L'ironie, c'est sans doute ce qui permet de supporter la mort, l'idée de la catastrophe. Mais c'est aussi ce qui confère à toutes choses la légèreté et le tremblement avec lesquels elles apparaissent ici. Je serais tenté de dire que le langage poétique, chez Khrakhouni, commence avec l'ironie.

Extrait de la préface de Marc Nichanian


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