Durant près d’un millénaire, les Arméniens ont été présents dans les principaux secteurs des arts, des lettres et même de l’économie turque. Ils ont dominé des pans entiers de cette société comme le travail de la construction, puisque depuis le XIIe siècle la plupart des architectes des monuments turcs sont arméniens avec de grands génies tel Sinan le « père de l’architecture ottomane classique ». Les Turcs ont, en effet, conservé le métier des armes et de la haute administration, délégant à leurs minorités la plupart des autres secteurs.
Cet ouvrage propose, pour la première fois en langue française, une synthèse sur les apports étonnamment nombreux et variés des Arméniens à l’État turc.
Six chercheurs d’Arménie et de France, parmi les meilleurs spécialistes de
leur discipline, proposent une synthèse souvent nouvelle et originale.
Table des matières
Introduction générale, par Maxime Yevadian, Historien, enseignant, Président des Sources d’Arménie.
Chapitre 1 :
Ainsi parlait le prophète, par Maxime Yevadian
Chapitre 2 :
Les Seldjouks et les architectes arméniens, par Maxime Yevadian.
Le nom des architectes des monuments seldjouks, par Maxime Yevadian.
Chapitre 3 :
Les janissaires ou comment détruire perpétuellement une élite ?, par Maxime Yevadian.
Le destin de l’Arménien Gabriel, janissaire et martyr, par Maxime Yevadian.
Chapitre 4 :
Maître Sinan, père de l’architecture ottomane classique, par Maxime Yevadian.
Les architectes arméniens au service du sultan (XVIe-XXe siècles), par Maxime Yevadian.
Chapitre 5 :
Le rôle des potiers arméniens de Kütahya dans l’histoire de la céramique ottomane, par Dikran Kouymjian, Haig & Isabel Berbérian professeur d’Études arméniennes, émérite, Université d’État de Californie, Fresno.
Les bijoutiers arméniens, par Anna Aleksanian
Chapitre 6 :
Le café et son introduction en Europe, par Maxime Yevadian.
Chapitre 7 :
Les livres manuscrits et imprimés instruments de la renaissance arménienne, par Raymond Kévorkian, Historien, Chercheur à l’Institut Français de Géopolitique, Université Paris 8 Saint-Denis.
Chapitre 8 :
La littérature turque en alphabet arménien, par Hasmik Stépanian, Docteur en Histoire, Professeur à l’Université d’État d’Erevan, Arménie.
Les frères Abdullah et l’introduction de la photographie, par Anna Aleksanian et Maxime Yevadian
Chapitre 9 :
Histoire de la création du théâtre arménien et turc dans l’empire ottoman, par Anna Aleksanian, Chercheur au Musée-Institut du Génocide Arménien, Erevan, Arménie.
Les Zildjian, près de quatre siècles d’excellence en matière de Cymbales, par Anna Alexanian, avec une contribution de Hasmik Stépanian
Chapitre 10 :
Les Arméniens dans l’économie ottomane, par Anahit Astoyan, Chargée de recherches au Matenadaran d’Erevan, Arménie.
Conclusion par Ara Toranian, Directeur des Nouvelles d’Arménie Magazine
Annexe : Articles parus dans « Le Monde » pendant la saison turque, par Ara Toranian
Article de Jules Mardirossian, France-Arménie, numéro 364, du 16 au 30 juin 2010
Pendant plus de six siècles, les Arméniens initient, modernisent et développent l'essentiel de la culture, de l'artisanat, de l'industrie, de l'architecture et de l'économie de l'Empire ottoman. Dès les Seldjouks, les architectes arméniens sont les principaux maîtres d'œuvre des mosquées. Puis Sinan (1490-1588), ce fils d'Arménien, devient le père et le représentant inégalé de l’ « architecture classique ottomane ». Sa parfaite maîtrise de l'architecture byzantine et arménienne lui permet de les transcrire en représentations ottomanes. De nombreux grands architectes arméniens dont la dynastie des Balian, ont aussi été des bâtisseurs officiels. Les fameuses céramiques de Kütahya (centre majeur de cet art) sont réalisées du XVe au XXe siècle par des potiers arméniens dont la tradition est très ancienne. Les bijoutiers arméniens de Van, Erzeroum..., sont considérés comme les plus habiles au monde. Dès le XVe siècle, ils sont dominants à Constantinople. La littérature turque en lettres arméniennes, s'étendant sur plus de 8 siècles, devient un facteur de modernisation de l'Empire et fait évoluer les forces progressistes ottomanes pour aboutir à une littérature turque moderne. Les Arméniens sont les pionniers de la photographie dès 1858 et sont remarqués à l'expo universelle de Paris en 1878. Ils créent le théâtre turc puis ottoman qui a été un facteur de formation pour les élites turques. Les négociants et amirats arméniens (grands marchands liés à l'Etat) prospèrent à Constantinople puis s'étendent de l'Europe aux Indes. Les Arméniens sont majoritaires dans les professions libérales et dans l'agriculture qu'ils modernisent. L'économie de l'Empire est donc surtout conduite par les Arméniens. L'immense influence de la musique arménienne est absente de cet ouvrage.
Certains découvriront beaucoup mais il reste encore bien plus à révéler.
Article de Jules Mardirossian, France-Arménie, numéro 364, du 16 au 30 juin 2010