Disponible à la Paroisse arménienne catholique 13 rue du Perche 75003 Paris au prix de 100 F + 10 F si frais d'envoi.
Un samedi matin, un habitant du petit village de La Martre, dans le Haut Var, vient faire ses emplettes à Draguignan. Il se nomme Claude Olchowik. Il entre dans le magasin de tissus d'Edouard Maloyan, un Arménien né en France. Ils engagent la discussion sur le village, les Arméniens et l'abbé Chaperon, pendant longtemps curé de La Martre et un parent de Claude Olchowik. Ce dernier raconte avoir retrouvé des carnets de l'abbé Chaperon qui relatent sa vie d'aumônier militaire en Turquie et où il est plusieurs fois question des Arméniens. Mobilisé lors de la Première Guerre mondiale, l'homme d'église servit dans les années 1920-1923, comme aumônier des troupes françaises d'occupation en Turquie, en Cilicie puis à Constantinople. Edouard Maloyan répond qu'il serait intéressant d'en publier des extraits.
Après un premier refus, Claude Olchowik confie finalement les précieux cahiers à Edouard Maloyan et à l'abbé Raymond Boyer, historien et archéologue de renom, qui a réalisé l'essentiel du travail scientifique d'édition du journal de l'abbé Chaperon. C'est lui qui a extrait des carnets les passages relatifs aux Arméniens, qui en a écrit le texte, l'a muni d'une introduction sur la vie et l'œuvre de l'abbé Chaperon, de notes explicatives, d'un index, de cartes et a fait le choix des illustrations. Signalons que l'abbé Boyer, devenu l'un des présidents d'honneur de l'Amicale des Arméniens de Draguignan et de sa région, maîtrise parfaitement l'arménien. Grâce à l'intervention de Mgr. Daron Géréjian, vicaire général des Arméniens du midi de la France, l'ouvrage a pu être édité grâce à l'Institut Euroméditerranéen pour l'Arménie, présidé par M. Ohan Hékimian.
Pour situer le journal dans son contexte, le Dr. Yves Ternon rédige une introduction historique, il y dresse un état des lieux en Cilicie où, des 1920, les troupes françaises se heurtent aux nationalistes turcs. Le lecteur peut alors entrer de plain-pied dans le Journal de l'abbé Chaperon divisé en deux parties : la vie quotidienne des troupes françaises en 1920 au camp de Katma, puis lors du siège d'Aintab, et les témoignages recueillis sur les déportations et le génocide des Arméniens en Cilicie, puis à Makrikeuy. bourgade toute proche de Constantinople, sur la mer de Marmara. Ce journal constitue la principale source de renseignements sur les actions de l'abbé Chaperon en faveur des Arméniens rescapés du génocide, en particulier des orphelins. Comme l'écrit Yves Ternon dans son introduction historique : « En Cilicie ,l'abbé Chaperon était un témoin de l'histoire. Ici, à Constantinople, il en devient, modestement, un acteur ».
Elisabeth Baudourian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 19, janvier 1997