Naissance le 26 juin 1861 à Constantinople (Turquie), décès le 19 juillet 1915, dans sa déportation sur la route menant d’Urfa à Dyarbekir
Né dans une famille aisée originaire d'Akn, Krikor Zohrab fait de brillantes études universitaires d’ingénieur et de droit. Il devient un des avocats les plus prestigieux de l'empire ottoman, avant d'être nommé, après 1908, Professeur de droit pénal à la Faculté de Droit de l'Université de Constantinople.
Très jeune, il entre dans la vie publique, et devient représentant à l'Assemblée Nationale Arménienne, participe au mouvement réaliste, prend position, en tant que publiciste, aux débats importants du moment, acquiert une autorité morale incontestable et incontestée. À partir de 1908, en tant que député au Parlement ottoman, il participe à la vie politique du pays, fréquente les responsables arméniens ainsi que les dirigeants turcs, se lie avec les jeunes représentants des autres nationalités de l'Empire, devient l'un des hommes les plus en vue de l'époque.
Épicurien équilibré, il mène une vie mondaine trépidante, observe attentivement la société cosmopolite de la capitale ottomane et acquiert une expérience personnelle très riche qui lui sera une véritable mine littéraire. Dilettante de talent, il parvient, sans vraiment l'avoir cherché, à une position de choix parmi les écrivains de son temps et réalise une œuvre qui, si elle était connue des milieux internationaux, lui aurait assuré une place honorable parmi les grands du réalisme, à côté d'un Maupassant ou d'un Tourgéniev, dont il connaissait et appréciait les écrits. Il aurait pu dire, comme Wilde, que son véritable chef d'œuvre était sa vie, mais ce jugement n'aurait en rien terni son œuvre resté considérable.
Il meurt en 1915, en pleine possession de son talent, victime du génocide perpétré par le Gouvernement jeune-turc.
Extrait de "OEuvres vives de la littérature arménienne" de Krikor Chahinian (cf. Bibliographie ACAM)
Bien que Kirkor Zohrab devint célèbre dans une culture à prééminence mâle absolue, il eut une influence féministe significative par ses écrits, oeuvrant pour la libération de la femme. Nouvelliste prolifique, la plupart de ses œuvres sont regroupées en trois volumes, "Voix de la conscience" (1909), "La Vie comme elle est" (1911), et "Chagrins silencieux" (1911).
Sa première nouvelle d’importance fut "Génération perdue", qui traite des conflits psychologiques et des aspirations de la jeunesse. Ses autres œuvres comprennent des notes littéraires, des impressions de voyages et des mémoires. "Visages familiers" est composé de 17 articles sur les personnalités de son temps. D’après Zohrab lui-même, son "Journal d’un voyageur" est l’expression de sa philosophie de la vie. Cet ouvrage, basé sur sa vie en Europe de 1895 à 1908, fut publié à titre posthume en 1922.
Dernières adresses de K. Zohrab à Constantinople :
- Cabinet : Lajivert han 5 G
- Domicile : Boulevard Ayaz Pacha 77
(Source "Annuaire oriental", 1880-1915, édité à Paris)
Zohrab avait épousé la belle Clara Yazidjian en 1888. Comme Zohrab, elle était issue d’une famille aisée de la bourgeoisie arménienne. Ils eurent quatre enfants, Dolorès, Hermine, Léon, et Annen.
Après la mort de Zohrab, la famille trouva refuge en Europe. Dolorès épousa Henry Leibmann, un important brasseur américain. Au fil des années, elle a soutenu de nombreuses œuvres charitables et philanthropiques, un programme de bourses académiques à la Columbia University pour des étudiants arméniens, et le Centre d’Information Krikor and Clara Zohrab. Mme Leibman a été honorée de l’ordre de Saint-Nersès Chnorhali par Sa Sainteté Vasken 1er, Patriarche Suprême et Catholicos de tous les Arméniens pour ses contributions religieuses et séculières.