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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Vahram MARTIROSYAN
( n. 1959 )

L'auteur

Vahram MARTIROSYAN --- Cliquer pour agrandir
Naissance le 27 juillet 1959 à Gyumri (ex-Leninakan, Arménie).

Vahram Martirosyan fait partie de la nouvelle génération d'écrivains qui a émergé demuis l'indépendance. Il a travaillé pour la télévision arménienne avant de fonder, avec Violette Krikorian, "Bnagir", une revue littéraire d'avant-garde. En même temps, ses romans sont publiés en feuilleton dans les journaux... comme au temps de Balzac !

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Livre numéro 1553
Vahram MARTIROSYAN --- Cliquer pour agrandir L’Imbécile
Titre : L’Imbécile / auteur(s) : Vahram MARTIROSYAN - Bilingue arménien- français ; traduite de l'arménien par Syuzanna Harutyunyan et Anaïd Donabédian
Editeur : L'Asiathèque - Maison des langues du monde
Année : 2010
Imprimeur/Fabricant : 46-Mercuès : Impr. France Quercy
Description : 1 vol. (152 p.) : couv. ill. en coul. ; 12,5 x 18 cm
Collection : Bilingues Langues et Mondes ; n° 22
Notes : Le texte est en arménien oriental, avec l'orthographe réformée soviétique
Autres auteurs : Anaïd DONABEDIAN [traducteur] -
Sujets : Roman
ISBN : 9782360570119
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 14,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

"L’Imbécile" est une longue nouvelle, écrite en 2003-2004. C’est un récit fantastique et philosophique: au sommet d’une montagne, diverses personnes, dont le narrateur et une jeune fille, se retrouvent dans une grotte, antichambre du lieu où Dieu reçoit ceux qui viennent lui demander de l’aide ou des explications. Dans le récit interviennent des contes, l’un affiché dans cette étrange salle d’attente, l’autre raconté par l’un des personnages du récit, et chacun brode des variations sur ces contes et sur leur signification. L’originalité du récit réside principalement dans la réinterprétation de ces contes. Au sortir de la rencontre du narrateur avec Dieu, qui donne lieu à des dialogues pleins d’humour, la mère du narrateur revit (car c’est le souhait que celui-ci a exprimé à Dieu), mais pour très peu de temps, juste assez pour que le fils, de nouveau orphelin, réalise pleinement qu’elle était la seule à le comprendre. Le temps s’étant enfui mystérieusement, il se retrouve terriblement seul, se demandant si d’avoir voulu rencontrer Dieu il n’avait pas tout perdu, comme le héros du conte qui fait toujours les mauvais choix, l’imbécile! l’imbécile !

« À moi de te poser une question. Avant toi, quelqu'un m'a montré une image. Je n'ai pas voulu lui demander ce que c'était pour qu'il ne doute pas de mon pouvoir. Sur un plateau montagneux, d'aspect bien réel, rampait un animal surprenant. Un serpent géant, plus grand qu'un dragon, de couleur verte. Il avait les flancs couverts d'écailles transparentes, derrière lesquelles on voyait les nombreux humains qu'il avait avalés... Mais ils avaient l'air tranquillement assis dans le ventre du serpent.
— Ça devait être un train, mon Dieu. »


Vahram Martirosyan fait partie de cette nouvelle génération d'écrivains arméniens qui a émergé depuis l'indépendance. Fondateur, avec la poétesse Violette Krikorian, de la revue littéraire d'avant-garde Bnagir, Vahram Martirosyan est une voix acide, lucide, souvent en butte avec un certain formalisme, qui n'hésite pas à bousculer ses contemporains et à déchirer le voile des apparences. Ce ton et cette posture, associés à une écriture puissante et rythmée, lui ont déjà valu de nombreux soucis avec la censure. L'Imbécile est une nouvelle fantastique et philosophique. C'est un récit qui nous conduit dans une grotte, antichambre du lieu où Dieu reçoit ceux qui viennent lui demander de l'aide. Ce texte, très original, réinterprète les contes présents dans le récit même, pour leur donner valeur de message initiatique, d'invitation à une certaine méditation sur la vie et le temps.
Philippe Villard, France-Arménie, numéro 372, Février 2011


Livre numéro 1194
Vahram MARTIROSYAN --- Cliquer pour agrandir Glissement de terrain
Titre : Glissement de terrain / auteur(s) : Vahram MARTIROSYAN -
Editeur : Les 400 coups
Année : 2007
Imprimeur/Fabricant : Imprimerie Gauvin, Gatineau (Canada)
Description : 13,5 x 20 cm, 208 pages
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Denis DONIKIAN [traducteur] -
Sujets : Roman, Arménie contemporaine
ISBN : 9782845960817
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 15,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Voici ce qu'écrivait Denis Donikian à son propos dans son livre "Un Nôtre Pay"s (Paris, Publisud, 2003)

"Quelle belle matière de livre, ce pays-là ! On le savait. Dix années de foutoir à faire tenir dans une centaine de pages. Il suffirait de marier dans les mots l’hystérie géologique du sol et son dévergondage politico-mafieux. Mais aussi l’obsession de sauve-qui-peut qui habite les têtes. Un livre que seul un auteur à cheval sur les deux temps de l’histoire pouvait sortir. Un gars du cru qui taperait sur sa machine du texte à rire, tellement il saurait viser juste, en plein dans les articulations d’une culture qui donne au pays une démarche sinistrée.
Où sont les écrivains, je m’étais dit, en débarquant dans le bourbier un jour de l’an 2000 ? C’est à eux que revient de traîner le miroir romancier le long des rues. Je désespérais d’en trouver un que l’engourdissement n’aurait pas submergé, un lucide, un éclairant, un ironique, un courageux, un simple, un libre, un transparent, subtil, fictionniste en diable, faisant de la réalité un monde pathétiquement virtuel. En somme, un type qui décrirait un petit arpent du monde et sa petite portion d’humanité aux prises avec des catastrophes permanentes ou brutales. Et l’on me dit que ce type existe, qu’un livre a été écrit. J’ai demandé Glissement de terrain dans la libraire de l’ancienne avenue Lénine. (…)
Glissement de terrain, c’est Radio-Erevan à la sauce Camus, une brochette de quarante textes, des gras, des grillés comme du charbon, et d’autres qu’on mâchonne après l’alcool, qui donnent le goût puissant du pays. Roman qui totalise des temps, des événements et des hommes, comme une saucisse enferme des chairs torturées en machine et traversées de mille diableries épicées dans ses quelques centimètres de boyau préalablement rendu propre. C’est qu’il fallait trouver une tonalité psychologique pour entrer comme un fer dans cette foire aux micmacs qu’est devenu le pays. Et le fourmillement des contradictions, il fallait l’embrocher aussi. Un lecteur autochtone reconnaîtra au fil des mots ces petits riens qu’aucun organe de presse ne saurait dire mieux tellement ils appartiennent de près à la trame subtile de son existence. Car, c’est vrai que tout est faux dans ce livre, et faux de croire que rien n’est vrai. Un tout qui palpite sans défaillir. Des muscles qui se mastiquent, l’os qu’on attaque avec les dents. Mis en boîte, les éléments du récit s’entrechoquent pour que le sens des choses éclate en vous, plus sûrement que si ces choses-là étaient vues, ressenties ou entendues directement. Ainsi, et comme des fous, les mots circulent à toute vitesse, de chapitre en chapitre. Et ils surgissent au moment où la lecture ne les attendait pas, certains comme des refrains effrayants, d’autres comme les dénominateurs communs d’un climat pathologique
Denis Donikian


Autre commentaire, paru dans Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 130, Mai 2007

Nouvelles d'Arménie Magazine : Considérez-vous Glissement de terrain, comme un roman politique ?
Vahram Martirosyan : Non, ce n'est pas un roman politique, c'est un roman d'actualité. Dans mon roman il n'y a pas plus de politique que dans la vie quotidienne de chaque homme. C'est en revanche la situation présente de l'Arménie, la mauvaise gouvernance du pays qui font de ce livre un roman politique. Ce sont mes lecteurs qui sont politisés. Ils ont une position critique, des frustrations sociales, qu'ils désirent exprimer, et un esprit de contestation vis-à-vis des autorités arméniennes autocratiques. Dans ces conditions, ils cherchent et trouvent dans la littérature, libre de censure (contrairement aux mass média), ce qu'ils souhaitent. Il est vrai aussi que la littérature ne peut pas être hors du politique, car l'art en général est une des clés pour comprendre, pour mettre en forme le réel. Et la réalité, considérée comme un matériau brut, c'est celle où pratiquement tout le monde vit selon des doubles standards. D'un côté, aujourd'hui encore, si vous demandez aux gens en Arménie, ce qu'ils préfèrent lire, la plupart vous répondent: les romans historiques, comme quelques décennies auparavant ; d'un autre côté, ils achètent les livres d'actualité. C'est évident quand je compare le succès remporté par Glissement de terrain (paru en 2000} auprès des lecteurs, avec le roman historique que j'ai écrit en 2002, Les Déguisés au Nom de Croix, qui portait sur l'histoire de la Cilicie.

NAM: La réalité décrite dans votre roman sous la forme de micro-crises existentielles n'est-elle pas l'indice d'une grave crise politique ? Le glissement de terrain, c'est la métaphore de quoi ? La mort du politique ?
V. M. : Je ne veux pas m'enfermer dans le carcan d'une métaphore et la filer à l'infini. D'ailleurs, ce n'est pas mon travail d'écrivain, j'écris ; aux autres d'analyser, d'interpréter. La terre, qui semblait solide, s'effondre sous nos pieds, nos idéaux disparaissent ou bien deviennent purement formels. C'est pourquoi mon roman est noir. Il est construit comme un thriller ! Il se passe quelque chose, on y découvre quelque chose, mais on sent bien à la fin qu'on savait la vérité depuis le début : on ne voulait tout simplement pas l'accepter.

NAM: Parlons du personnage principal, le narrateur. Comment le définir ? Est-il un héros, un anti-héros ?
V. M. : C'est un carriériste et il ne se mêle de politique politicienne que dans la mesure où cela peut servir sa carrière. Il est à l'image de la classe dirigeante de son pays qui est au pouvoir et siège au Parlement depuis le massacre survenu dans son enceinte en 1999. Il en est le prototype même. Jusqu'en 1999, ces gens-là n'avaient pas encore tout le pouvoir, mais, maintenant, tout est entre leurs mains. Sont aux commandes de l'Etat des carriéristes, des profiteurs, des mafiosi, des semi-analphabètes. Voilà l'atmosphère et la stratosphère dans lesquelles baigne le narrateur.

NAM : Mais ce n'est pas seulement l'Etat qui est détaillant. Le narrateur évolue dans une société en pleine déliquescence...
V. M. : Oui, il vit dans une société en pleine déliquescence parce qu'elle est notamment pleine de stéréotypes par lesquels on imite le mouvement de la vie, mais on ne vit pas réellement. On n'agit pas, on fait comme si on agissait et l'action ne s'ensuit d'aucun effet. Le narrateur vit dans un pays où deux partis politiques s'opposent prétendument, l'un s'appelle Badmagan Haïrenik (Patrie Historique), l'autre Votch Mi Haïrenik (Aucune Patrie), mais tous les deux aiment tirer des coups de feu en l'air dans un café ou sur la place publique. Prenez encore l'exemple des toasts ! C'est un tel automatisme, au delà du rituel ! Les toasts relèvent d'une telle mécanique verbale qu'il ne reste plus qu'à fixer leurs tarifs. Ainsi, le narrateur se rend à la Maison des toasts et paie ce qu'il faut pour se faire remonter le moral. Les toasts sont devenus la propriété d'un institut ! Cela mérite sans doute une réflexion sur le concept d'institution.

NAM: Est-ce que la vie du couple est aussi traversée, minée par les stéréotypes ? Le narrateur a une femme qui s'appelle Poupée K-3-217...
V. M. : J'ai une amie féministe qui se bat contre la société patriarcale en Arménie. Elle a raison dans sa protestation. Mais, à mon avis, la question n'est pas tant la société patriarcale que sa dégradation dont les vrais responsables sont à la fois les hommes et les femmes. Les hommes recherchent ce genre de « poupées » caricaturales et les femmes, à leur tour, se plient à ce genre d'exigences en choisissant ce genre d'hommes. Quant au narrateur, il vit dans ce magma de stéréotypes et il n'est pas question pour lui d'en sortir. Il sent bien que cela ne le satisfait ni moralement ni intellectuellement, mais il n'a pas la volonté de s'en sortir. Il continue à faire ce que tout le monde fait.

NAM : Le narrateur est donc un « homme sans qualités », une sorte de Ulrich chez Musil ?
V. M. : Non, il est un « homo sans sovieticus ». Son individualité était déjà effacée par le système communiste pour produire un homo sovieticus. Et maintenant, l'histoire, l'indépendance de l'Arménie ont aussi effacé le «sovieticus». Au début du Mouvement, le peuple était ivre d'indépendance, mais les difficultés économiques ont tué l'enthousiasme initial. Quant à moi, je considère que l'indépendance, même une mauvaise indépendance, vaut mieux que le bon esclavage.

NAM : Le glissement de terrain produit le dédoublement de la cité, la ville d'en haut qui ne s'est pas encore effondrée et la ville d'en bas, la cité souterraine, avec les nouveaux laissés pour compte de l'éternelle « transition ». Mais les deux villes se ressemblent étrangement...
V. M. : Elles se ressemblent étrangement, ne serait-ce que par l'existence de cet ascenseur secret qui les relie. Mais il y a tout de même un peu plus de résistance en bas qu'en haut, notamment chez les plus âgés. Sans que, pour autant, cela signifie obligatoirement la possibilité de jours meilleurs. Les ressources pour un réel changement font défaut. Quand accidentellement le narrateur fait une incursion dans la ville souterraine, dans le théâtre souterrain, il découvre que l'homme de qualité, c'est celui qui n'a rien à perdre, qui ne confond pas l'être et l'avoir et, pour cette raison, n'a pas peur. En un mot, c'est un homme qui connaît une tradition de résistance. Mais, que devient la démocratie sans tradition démocratique sinon une formalité, une parodie, une caricature ? Un petit guide ou manuel comme celui que dégote le narrateur : « Ce que doit savoir une infirmière sur la démocratie»...

NAM : Etes-vous un écrivain pessimiste ?
V. M. : J'ai une occupation, une tâche : celle de raconter des histoires. C'est à mes veux la fonction originelle de la littérature. Elle n'est pas une conversation privée entre quelques élus et privilégiés. Elle a la chance de se situer dans une interactivité contemporaine. En Arménie, cela veut dire écrire après de grands auteurs classiques, non pas écrire dans leur ombre. Aujourd'hui, ils ne sont plus là. Il faut écrire, il faut vivre. Debout.

Propos recueillis par Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 130, Mai 2007


Commentaire, suite

Je recherche des parents de 35-40 ans, habiles en affaires, pour les emmener à l'étranger. Les candidats devront être sains, avec une expérience conjugale d'environ cinq ans. Je suis un garçon de 10 ans, non fumeur, en bonne santé, j'ai les premières places dans les files d'attente de tous les Consulats
Glissement de terrain n'est ni un roman à thèse ni un roman à clé. C'est un roman iconoclaste. Hilarant et décapant, construit comme un thriller, il ausculte le corps malade de la société dans sa longue descente aux enfers. Tragi-comique, le roman, qu'il plaise ou déplaise, ne peut laisser le lecteur indifférent : il dérange le politiquement correct en piétinant quelques tabous. Et son auteur, Vahram Martirosyan, en est bien conscient lorsqu'il s'empare dans son œuvre romanesque de deux sujets hautement sensibles : l'exode massif des Arméniens hors d'Arménie, ces dernières années, et l'assassinat au Parlement, le 27 octobre 1999, des vainqueurs des élections législatives d'alors. Terrain glissant !
Et si précisément la vie ne faisait que glisser ? dégaine non sans obscénité l'un des personnages. Non seulement s'écouler comme un long fleuve tranquille, métaphore de l'irréversible fuite du temps, mais nous glisser entre les doigts. Echapper à tout contrôle, à toute prise, pour révéler notre impuissance et plaider l'irresponsabilité devant l'histoire. Le narrateur n'est pas forcément de cet avis, s'il en a un. Il est la figure centrale dans l'économie d'un roman écrit à la première personne. Un brin déjanté, tel un piéton à la dérive, il déambule dans une ville devenue méconnaissable, où circuler relève d'un vrai parcours du combattant, mettant à mal le sens commun de l'orientation. Alors, il se repère, dans l'espace, en comptant le nombre de ses pas et, dans le temps, au nombre de coups de feu tirés en l'air depuis tel ou tel café ou depuis le Parlement. Méthode approximative, puisqu'il faudra dire qu'il est mille heures à l'enfant qui lui demande l'heure, après la tuerie au Parlement.

24h
A cette réserve près, le roman respecte la très classique règle de l'unité de temps, de lieu et d'action de la tragédie : tout se tient en 24h. Ou plutôt, tout fout le camp ! Car le mal inexorable qui affecte le pays, le glissement de terrain, a tout déréglé en même temps que les horloges, contribuant davantage à son isolation totale. L'histoire s'est arrêtée, non pas pour entrer dans l'ère de la post-histoire supposée voir le triomphe de la démocratie, mais pour se figer dans une représentation rétrograde du monde, réduit à sa portion la plus congrue, celle d'un labyrinthe. Et le narrateur de vaquer à ses occupations dans un univers où triomphent les sirènes de la corruption, la logique clientéliste et où les convictions sont aussi peu ancrées que ne sont solides les fondations des édifices. Le pays s'enfonce donc graduellement, chaque jour un peu plus, sans que la chute ne présage en rien d'une rédemption ; il se dédouble en théâtre de surface et théâtre souterrain, théâtre d'opérette toujours avec le palais, ses secrets et ses intrigues.

Caricature des genres
Légèrement décalé, le narrateur observe désabusé l'effervescence fébrile que constituent autour de lui les départs à l'étranger, vers la cité des Anges en Amnésia, comme si l'amnésie n'avait pas aussi gagné sa cité maudite ! Délitement du tissu social où les relations entre les individus, même le commerce entre les hommes et les femmes, ne passent plus que par les petites annonces, le troc et l'argent, quand chaque sexe devient sa propre caricature ou celle de l'autre, Poupée Barbie contre Action Man !
Seuls les plus anciens semblent échapper au collapse général, ils sont ce qui reste de l'antique sagesse. Mais quand arrive l'heure de vérité, celle du rendez-vous avec l'histoire, cela tourne à la catastrophe. Tout le monde prend la fuite. Le narrateur s'assoit sur le bord de la route pour devenir le témoin de la débandade générale. Message subliminal de clairvoyance et de modernité universelle. Vahram Martirosyan signe un grand roman crépusculaire sans idoles et sans dieux. Ils ont déserté la scène depuis bien longtemps déjà. Tant il est vrai qu'il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas voir !
Isabelle Kortian


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