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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Françoise ROSSI
( n. 1971 )

L'auteur

 
Naissance le 17 juin 1971 à Montpellier (France)

Journaliste à RMC puis à France 3 Côte d’Azur

Françoise Rossi née le 17 juin 1971 à Montpellier. « Je pouvais naitre ailleurs, car à 17 ans je pouvais compter 22 déménagements » dit-elle qui a suivie la mutation de ses parents de France, en Martinique, Allemagne et Afrique. « Mais ce fut pour moi une chance de découvrir très jeune d’autres modes de vie, d’autres mentalités, traditions, coutumes, cuisines avec des saveurs et odeurs très variées » continue Françoise Rossi très à l’aise en communication. Son frère, a réussi une carrière de manager-designer dans une entreprise chinoise au Japon, en y épousant une japonaise. De cette enfance mouvementée « mais agréable », Françoise Rossi a fait sa devise « la rencontre avec les gens, l’écoute pour apprendre, les connaître et les apprécier sans préjugés » nous confie-t-elle. Après une scolarité « normale » celle qui se dit « curieuse » et dont la maman avait pressentie pour le journalisme, va débuter une carrière dans...le journalisme. Des papiers sur la société au « Républicain Lorrain », un journal interne à la Maison d’arrêt de Metz, des piges pour Europe 2 durant le Festival de Cannes puis stage à RMC suivi de piges, de reportages, de flashs, en passant par le poste de Chef édition soir, sa carrière était lancée. Puis elle enchaîne à France 3 Côte d’Azur, la nuit à RMC et le jour à France 3. Mais au bout de 10 ans de carrière, à la naissance de sa fille Carla et de son fils Andrea quatre ans plus tard, elle décide d’arrêter provisoirement sa carrière journalistique au profit de sa vie familiale. Françoise Rossi vient de faire paraître son livre « Enfants d’Ararat » sous-titré « Témoignages pour la reconnaissance du Génocide Arménien » aux éditions L’Harmattan dans la série « Graveurs de l’Histoire ». La préface du livre est de Youri Djorkaeff.

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Livre numéro 1843
Françoise ROSSI --- Cliquer pour agrandir Enfants d'Ararat
Titre : Enfants d'Ararat / auteur(s) : Françoise ROSSI - Témoignages poiur la Reconnaissance du Génocide arménien
Editeur : L'Harmattan
Année : 2013
Imprimeur/Fabricant : 14-Condé-sur-Noireau : Impr. Corlet numérique
Description : 13,5 x 21 cm, 222 pages, cuverture illustrée en couleurs
Collection : Graveurs de l'histoire
Notes : Préface de Youri Djorkaeff
Autres auteurs :
Sujets : Génocide arménien -- Récits personnels
ISBN : 9782343003962
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix :
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Rescapés du génocide de 1915, Arméniens venus d une Arménie libérée du joug soviétique en 91 où évadés de l oppression en Turquie dans les années 70, cet ouvrage retarce à travers des témoignages, l histoire de ces Français d origine arménienne pour qui intégration et respect des valeurs de la République sont une ligne de conduite. Depuis près d un siècle, ils tentent de faire le deuil de leurs morts face à la Turquie dont les aspirations européennes constrastent avec son amnésie des événements de 1915.

Article Nouvelles d’Arménie Magazine

Nouvelles d’Arménie Magazine: Pourquoi ce livre « Enfants d’Ararat » ?

Françoise Rossi : Très difficile de répondre ! Mon attachement à la famille sans doute, à son histoire, à la transmission des valeurs, savoir qui l’on est c’est savoir d’où l’on vient... très commune comme réflexion ! Mon envie d’écrire tout en m’occupant de mes enfants... Une commande aussi, avant « Enfants d’Ararat », d’une amie de la famille. J’avais rencontré sa mère, la femme du général Fourcade. Elle avait fui l’Indochine avec d’autres femmes et des enfants. Un parcours singulier, elle faisait des conférences. Sa fille Monique souhaitait que j’encre son histoire afin de la transmettre à ses enfants et petits-enfants. Cela a abouti à un livre en 2005. Année de la naissance de mon fils.
Quelques mois plus tard, l’envie de recommencer à écrire a été très forte. Cette idée d’encrer pour transmettre ne me quittait pas. J’étais à la recherche d’une histoire à transcrire mais je ne savais pas comment trouver des personnes intéressées par ce travail d’écriture de la mémoire. Puis au cours d’une conversation avec ma mère à propos d’un de ses amis qui habite Monaco et qui est d’origine arménienne, le sujet devait se présenter. De fil en aiguille, nous nous sommes rendu compte que mon frère avait lui aussi un ami de collège français d’origine arménienne, Garo avec qui nous étions toujours en relation. Malgré son nom se terminant en « Yan », je n’avais jamais pris conscience de son origine, une intégration tellement réussie que l’idée qu’il ne soit pas simplement français ne m’avait jamais effleurée. Bref j’ai décidé de le contacter. Il m’a orienté vers sa sœur, alors responsable de la communication du Conseil Communautaire Arménien de la Côte d’Azur. Anouche m’a expliqué qu’il lui semblait difficile de trouver une personne ou une famille qui accepte de raconter son histoire, mais qu’en revanche, si l’objectif proposé recueillait un ensemble de témoignages afin de préserver la mémoire de la communauté arménienne si pudique, je pouvais espérer rencontrer des personnes qui accepteraient de m’accorder leur témoignage, leur histoire. C’est à cet instant précis qu’est née l’idée d’écrire « Enfants d’Ararat ».
Charles Kechkekian le rédacteur en chef de “Parev“ m’a alors aidé. Il m’a donné des contacts, publié une annonce dans la revue « Parev », bref des documents et des demandes de rencontres ont très vite afflué, et en quelques semaines mon planning était plein pour une année. Et à chaque rendez-vous, on me disait : « Il faut absolument que vous contactiez mon cousin qui habite Lyon, Bordeaux, Paris... Est-ce que le livre va être traduit en anglais car je voudrais l’envoyer à ma sœur qui habite à Fresno ou à Buenos Aires... ». Je n’avais au début de cette aventure jamais imaginé une seule seconde l’ampleur qu’allait prendre ce projet. Pour tout avouer, je ne connaissais rien à la communauté arménienne, à son histoire. La seule information que j’avais émanait du livre de collège qui traitait en trois lignes de l’immigration en France début des années 20, à savoir l’arrivée des Italiens et celle des Arméniens après le génocide de 1915 ! Je connaissais des bribes d’histoire pour avoir entendu ou lu des articles dans les médias, mais si je voulais appréhender correctement les témoignages, comprendre ce qu’on allait me raconter, je devais apprendre davantage sur les Arméniens. C’est alors que Gaspard Kayadjanyan s’est proposé, et durant des semaines, tous les mercredis matin il m’a donné pour ainsi dire des cours d’histoire, et de géopolitique... j’étais paniquée par mon ignorance !!! Mon premier rendez-vous, je l’ai en fait choisi. Il s’agissait d’une rencontre avec le père de Garo. Il connaissait mon frère, ma mère, je l’avais vu quelquefois pour lui donner des nouvelles de mon frère et surtout il savait que je ne connaissais pas grand-chose sur le sujet. Pour moi il représentait « la sécurité » pour ce début de travail. Quand nous nous sommes quittés je me suis sentie désemparée. Cet homme, que je connaissais si gai si heureux en famille m’a bouleversé. Il avait les yeux rougis par l’émotion, la gorge qui se nouait, les mots qui sortaient difficilement suivant l’événement relaté... Comme par hasard en sortant de sa boutique, je suis tombée nez à nez avec sa fille Anouche. Elle m’a demandé si ça allait. Je lui ai répondu que je ne savais pas si j’allais être capable de continuer ce projet, que j’avais peur de ne pas arriver à encaisser toutes ces horreurs ! Elle a souri et m’a dit : « ne t’inquiète pas ça va aller ! » Apparemment elle avait plus confiance en moi que moi en moi-même ! Bref après trois ou quatre rencontres du même type, j’ai fui ! J’ai pris ma fille et deux billets d’avion pour aller voir mon frère à Tokyo. Quelques jours de réflexion, faire le point, une sorte d’introspection. A mon retour, une discussion avec mon mari et une décision qui allait de soi : je ne pouvais pas lâcher ! Je ne pouvais pas abandonner ces personnes, même s’il n’y en avait eu que trois, ces personnes si pudiques qui m’ont fait confiance, qui m’ont ouvert leur cœur, leur âme, qui m’ont livré leur histoire, leur souffrance enfouie depuis tant d’années... Il n’en était plus question, je n’en avais pas le droit, je n’aurais vraiment pas pu vivre avec cela, d’autant que d’une volonté première à savoir : encrer la mémoire pour la transmettre, s’est greffé la volonté de recueillir ces témoignages afin de les faire connaître pour qu’enfin soit reconnu ce génocide, pour qu’enfin toutes ces familles puissent panser leurs plaies qui ne cessent de saigner, pour qu’enfin elles puissent faire le deuil de leurs morts et pour que le monde entier dise haut et fort : « Plus jamais ça ! ». Si je peux apporter ma petite pierre grâce à ce livre, comme la récupération d’extraits de certains témoignages par ceux qui rédigent les livres d’histoire pour les classes de collège, ce serait pour moi un vrai cadeau. Il faut que les jeunes générations surtout non arméniennes connaissent l’histoire, c’est leur Histoire, celle de leurs compatriotes français d’origine arménienne qui se sont aussi battus pour la France ! Nos enfants ne peuvent rester dans l’ignorance, nos enfants vont construire l’Europe de demain...

Nouvelles d’Arménie Magazine: Parlez un peu plus de ces rencontres que vous avez effectués avec les membres de la communauté arménienne

Françoise Rossi : Ces rencontres ont souvent eu lieu au sein du foyer familial autour d’un café, d’un repas, j’ai d’ailleurs pu apprécier les dolmas et surtout les keuftés (très proches des polpettes italiennes de belle maman !). Pour ce qui est des interviews de personnalités comme Didier Parakian, Alain Manoukian ou Youri Djorkaeff, je peux vraiment dire que la renommée ne change en rien leur accueil, j’ai toujours ressenti cette chaleur humaine qui émanait de ces rencontres, je me suis toujours sentie très à l’aise très rapidement, même lorsque je me suis rendue à Marseille dans les bureaux de Didier Parakian qui avait réussi par je ne sais quel tour de force à réunir près de dix personnes avec ses parents, oncles et grands-oncles autour de la même table en pleine semaine à l’heure qui me convenait pour que chacun d’entre eux puisse apporter son témoignage et ainsi tenter de préserver un maximum de détails sur cette mémoire familiale... J’ai même été invitée à partager le repas en famille, et je n’avais pas intérêt à refuser, tout était prévu ! Les valeurs sont omniprésentes, une véritable ligne de conduite en plus de cette pudeur là aussi omniprésente quand il s’agit de raconter les souffrances endurées.

Des récits de vie qui sont d’extraordinaires leçons de vie pour ceux, comme moi, qui ont eu la chance de ne pas connaître cette tragédie. Des tranches de vie où les valeurs familiales, la solidarité, la valeur du travail, le respect des autres, le respect des valeurs de la République sont toujours en toile de fond. Grâce à Didier Parakian, j’ai pu contacter Alain Manoukian sur Lyon, il s’est rendu immédiatement disponible, il m’a aussi communiqué le téléphone de son cousin résident dans la cité phocéenne.

Pour ce qui est de Youri Djorkaeff, le contact a été pris grâce à un ami de la communauté arménienne de Nice qui connaissait surtout les parents de Youri. Sa maman a accepté de me raconter son histoire alors qu’il était très facile pour elle de raccrocher et de remettre notre conversation : elle était en train de faire sa valise avant d’embarquer à destination de New York pour rejoindre son fils et ses petits-enfants. Youri est un homme très discret tout en étant disponible, quelque soit la distance, les mails aidant il faut bien le dire. Lors de ses venues sur la Côte avec sa famille, j’ai pu rencontrer sa femme, elle est à l’image de son mari, avec sa peur de déranger, cette femme est aussi ravissante que discrète, une famille qui respire le bonheur. Quand on les voit on ressent immédiatement cet amour partagé qui perdure aussi grâce aux valeurs familiales comme le respect des anciens, le respect des autres, à la solidarité... Cette fois encore, j’étais face à des personnes dont je ne connaissais rien ou pas grand-chose et il émanait lors de ces rencontres, et ce au-delà d’une attitude très pudique, une véritable chaleur humaine. C’est très perturbant comme sentiment. On n’a que très rarement l’occasion de ressentir cela lorsqu’on part en quatrième vitesse sur un sujet d’actualité qu’il faut boucler pour le journal du soir !

Nouvelles d’Arménie Magazine: Quel est l’objectif de ce livre ?

Françoise Rossi : L’objectif de ce livre tient en six mots : Encrer - Transmettre - Connaître - Pour Faire Reconnaître. Au départ, ne connaissant pas l’Histoire des Arméniens, mon objectif s’arrêtait aux trois premiers... mais ont évolue... « Nouvelles d’Arménie Magazine » : Pour quel lectorat ? Françoise Rossi : Ce livre de témoignage s’adresse à tout public. Et je dirais davantage à ceux qui ne connaissent pas l’Histoire des Arméniens. Du génocide mais également de cette chaleureuse communauté arménienne de France si accueillante et si intégrée tout en gardant ses valeurs culturelles arméniennes, sa cuisine et ses traditions. Si mon livre pouvait contribuer à faire connaître davantage les Arméniens de France, pour moi ce serait source de joie immense.

Nouvelles d’Arménie Magazine : Avez-vous eu de nombreuses retombées presse et médias sur votre livre ?

Françoise Rossi : « Nice-Matin » va faire diffuser mon interview au sujet de ce livre le 23 avril, d’autres journaux vont également suivre. Parmi les médias, radio France Bleue Azur ainsi que France 3 Côte d’Azur devraient également diffuser des interviews. La presse arménienne, après Armenews.com le site des Nouvelles d’Arménie Magazine devraient également suivre.

Interview réalisée par Krikor Amirzayan


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