Retour à l'Index des auteurs    Accueil
Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Vardan A. PASTAKEAN

ligne
Livre numéro 1992
Vardan A. PASTAKEAN --- Cliquer pour agrandir De l'organisation à établir parmi les étudiants arméniens à l'étranger (à propos des étudiants arméniens de Paris)
 
Titre : De l'organisation à établir parmi les étudiants arméniens à l'étranger (à propos des étudiants arméniens de Paris) / auteur(s) : Vardan A. PASTAKEAN -
Editeur : Wien : V. Pastakean
Année : 1923
Imprimeur/Fabricant : Wien : V. Pastakean
Description : In-4° , 96 p.
Collection :
Notes : Contient une partie traduite en arménien
Autres auteurs :
Sujets : Etudiants arméniens -- Organisation des études -- Paris
ISBN :
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix :

Commentaire :

Introduction

La notice «De l'organisation à établir parmi les étudiants arméniens à l'étranger» fut suggérées par les observations faites parmi les étudiants arméniens à Paris pendant les années scolaires 1920-1922 et peut, de prime abord, paraître concerner seulement ces étudiants; cependant, ces observations soulèvent des considérations, qui concernent non seulement la jeunesse arménienne faisant ses études, soit à Paris, soit dans les autres centres étrangers, mais des considérations, qui concernent la nation arménienne toute entière; il suffit de voir le fait tout naturel, c'est que la jeunesse est l'avenir de sa nation et de se rappeler la vérité bien connue, que si une nation veut penser à son avenir, c'est à sa jeunesse qu'elle doit penser.
Cette notice contient des observations, dont quelques-unes peuvent paraître au lecteur un peu détaillées ou sans importance. Elles ont paru telles, au début, à l'auteur aussi, mais cessèrent de lui paraître comme telles à mesure, qu'en faisant d'autres observations, il voyait combien toutes concordent et reflètent toujours le même fond.
Ce n'est qu'au début que les faits, surtout les petits faits observés, ne paraissaient intéressants que pour être transmis à quelqu'un, cherchant les sujets littéraires du milieu des étudiants; cependant, l'auteur a dû s'apercevoir, qu'ils peuvent servir de sujet non seulement pour un homme de lettres, mais qu'ils présentent en eux-mêmes un sujet, qui mérite et exige d'être médité par tout Arménien, s'intéressant sérieusement à sa nation et voulant songer à son avenir, c'est à dire aussi, et quelquefois tout d'abord, à sa jeunesse. Donc, si l'auteur a cru nécessaire de citer en détails quelques faits caractéristiques concernant la vie des étudiants arméniens observés à Paris, ce n'est pas l'importance de ces faits en eux-mêmes, qui en est la cause; au contraire, les faits observés, malheureusement, sont le plus souvent dépourvus de l'importance, qu'ils pourraient et devraient avoir. Peut-être, même c'est le manque de leur importance en eux-mêmes, qui les rend quelquefois si manifestement suggestifs.
Etonné, au commencement, par les faits observés, l'auteur a continué ses observations plus attentivement, a fréquenté pendant deux années scolaires (1920-1922) presque toutes les réunions générales des étudiants arméniens à Paris, a observé plusieurs étudiants de près et a complété et cherché à éclaircir ses observations, en questionnant ceux d'eux, qu'il connaissait de plus près.
L'auteur ne prétend certes pas d'avoir pu expliquer tous les faits observés et, encore moins, d'avoir observé tout ce qu'on pouvait observer. Cependant, ayant essayé d'agir et notamment d'introduire dans un groupe d'étudiants arméniens, fréquentant à Paris la même école supérieure, une organisation (qui, sans prétendre d'être la meilleure, serait en tous cas une organisation réelle), et n'y ayant pas réussi, malgré le concours actif de quelques-uns de ces étudiants, l'auteur a pu, et peut-être précisément grâce à cet insuccès même, entrevoir assez clairement l'état d'esprit, l a mentalité des étudiants arméniens à Paris.
L'auteur a pu voir qu'une partie, heureusement peu nombreuse, d'étudiants arméniens à Paris ne s'intéresse guère, purement et simplement, de ce qui concerne leur nation. Les autres s'en intéressent, mais, sauf quelques exceptions, ne sont guère portés de s'occuper de questions quelconques, qui exigent un travail assidu et de longue durée pour les connaître — d'abord, et les servir — ensuite ; ils se contentent de satisfaire leurs sentiments nationaux, quelquefois très chaleureux, en s'adonnant au plaisir de discussions générales et vagues, d'autant plus vagues, que le sujet même et le but de leurs discussions leur restent inconnus.
Cela prouve non seulement qu'il leur manque la conscience de leurs devoirs envers leur nation et la volonté d'accomplir ces devoirs par un labeur persévérant, mais cela montre, tout simplement, qu'il leur manque, en général, l'habitude et par suite la capacité de s'occuper sérieusement de n'importe quelles questions d'ordre intellectuel, et cela évidemment à cause de circonstances de leur vie et de leur instruction précédentes ; car, ayant une pareille habitude, ils n'auraient pu se contenter de discussions vagues et inutiles.
Mais il est particulièrement triste à noter, qu'une partie notable des étudiants arméniens, ceux d'entre eux qui aiment leur patrie et éprouvent un besoin de servi. leur nation au cours même de leur instruction, ceux qui cherchent une activité dans quelque domaine national, ne la trouvent, malheureusement, que dans les conditions, qui leur empêchent organiquement d'obtenir en même temps une saine et bonne instruction, qui seule pourrait développer chez eux la capacité de savoir, dans l'avenir, étudier les faits et les questions souvent très profondes et compliquées de la vie nationale et de pouvoir, en connaissance de cause, servir la nation en citoyens éclairés.
C'est à l'exposé de ces différentes circonstances et conditions défavorables et à la recherche des moyens, pouvant contribuer à les modifier, qu'est consacrée la principale partie de celle notice.
Cette notice contient des considérations, dont telle ou telle partie peut-être ne sera pas partagée par d'autres personnes ou soulèvera des réserves, d'ailleurs inévitables, pour leur application dans différents milieux et circonstances. Mais ces considérations touchent les questions d'une importance tellement radicale pour la nation arménienne, qu'elles exigent d'être méditées et d'obtenir une solution effective pour leur application successive, dans la mesure du possible.
Le résultat désiré ne peut pas être atteint par les seuls efforts des étudiants arméniens eux-mêmes; ce sont aussi les colonies arméniennes, qui doivent s'en charger, en reconnaissant leur devoir et leur intérêt, même leur intérêt personnel, et en même temps leur privilège d'aider leur jeunesse à suivre les voies les plus propices à leur développement.
Cette notice, n'étant pas destinée seulement aux étudiants arméniens, elle leur est adressée, cependant, tout d'abord.
11 importe, qu'ils lisent cette notice et méditent sur son contenu, pour pouvoir peu à peu élaborer et appliquer, avec le concours des colonies arméniennes, un plan, qui les conduirait vers les buts réels d'une bonne instruction; un plan, qui doit, inévitablement, varier en détails, suivant les conditions du milieu et du temps.
11 se peut bien, que la plus grande partie de ceux des étudiants arméniens, qui se contenteront de parcourir cette notice aujourd'hui, n'y penseront plus demain. Qu'importe !
Il se peut aussi bien, que seulement les rares étudiants de nos jours feront attention à cette notice et que mêmes ces derniers, en la relisant et méditant sur son contenu, ne réussiront à ne rien mettre en pratique au cours de leurs études actuelles. Soit!
Mais ces derniers, s'ils restent Arméniens, ils arriveront sûrement plus tard à de certaines conceptions, concernant le contenu de cette notice. C'est alors qu'ils la reliront. C'est alors, qu'elle aura son utilité réelle d'avoir contribué à la formation des artisans, pouvant devenir plus éclairés et plus heureux que l'auteur, dans la tâche d'organiser raisonnablement l'éducation de la jeunesse arménienne, de celle qui les suivra.
Il y a donc des tâches, qui ne peuvent pas être réalisées en une haleine. Des tâches, qui exigent du temps pour mûrir, pour que leur signification et leur nécessité soient reconnues, pour que les moyens de les accomplir deviennent claires et puissent conduire à des buts visés. Et la tâche en question est, peut-être, de ce nombre.
Mais, l'auteur s'adresse, en même temps, aux colonies arméniennes, se trouvant dans les centres universitaires et surtout à ceux de leurs membres, qui pensent à leur nation et en conséquence, ne peuvent ne pas songer à leur jeunesse.
Qu'on reconnaisse, qu'il ne s'agit pas de la simple bienfaisance ou de la charité envers les étudiants arméniens nécessiteux, celles-ci pouvant devenir souvent même préjudiciables aux intérêts de la nation.
La bienfaisance envers les étudiants, appliquée actuellement en forme de secours, contribue à favoriser tout d'abord, non les études, mais les demandes de ces secours. 11 est, donc, tout naturel, que ceux d'étudiants réussissent mieux à obtenir ces secours, qui savent mieux les solliciter; par suite, ce ne sont pas toujours ceux, qui veuillent et peuvent s'instruire, et pourraient devenir des Arméniens instruits, utiles pour leur nation, mais ce sont ceux, qui n'apprennent rien au sérieux et deviennent de faux intellectuels, non seulement inutiles, mais quelquefois dangereux et nuisibles pour leur nation, ce sont souvent ces derniers qui profitent de ces secours de bienfaisance.
Ce n'est pas ra bienfaisance, qu'il faut appliquer envers les étudiants, mais une assistance tout autre, une assistance favorisant directement l'instruction même et la rendant en même temps nationale, c'est une assistance à l'instruction nationale, qu'il faut offrir, l'offrir sans attendre qu'on la demande, et l'offrir non seulement à des étudiants nécessiteux, mais à tous les étudiants arméniens, faisant leurs études supérieures à l'étranger.
Il faut offrir aux étudiants arméniens les occupations et les études à faire dans le domaine des connaissances, concernant l'Arménie et les Arméniens. Il font attirer les étudiants arméniens vers ces occupations et études nationales, qui, étant toujours choisies du domaine des sciences étudiées par eux dans les universités étrangères, formeraient toujours, et cela inévitablement, comme c'est démontré dans la notice, une partie intégrante des études universitaires, en donnant ainsi un caractère national à l'instruction supérieure, que la jeunesse arménienne reçoit à l'étranger. Ces occupations et ces études nationales seraient, suivant les besoins et circonstances, rémunérées et quelquefois même bien rémunérées et c'est de cette façon réfléchie, qu'il faut aider les étudiants arméniens.
L'assistance exposée, par sa nature même, ne serait pas accessible à ceux de jeunes gens, qui manquent, soit de préparation, soit des capacités, soit de volonté pour faire les études supérieures sérieusement, et qui, par suite, ne peuvent pas être étudiants. L'assistance exposée, par les procédés mêmes de son application, éliminerait vite tous ces faux étudiants et tous ceux, qui se servent de leurs cartes d'étudiant plus souvent pour solliciter les secours, que pour fréquenter l'université.
Une telle assistance assurerait le meilleur et le plus profitable emploi des sommes, qu'on réussit à recueillir pour les étudiants arméniens, et, en éliminant les faux, aiderait mieux les vrais ; une pareille assistance pourrait, à la longue, créer elle-même les fonds nécessaires pour son plus vaste développement.
Contribuer à ce qu'on abandonne, le plus vite possible, la bienfaisance actuellement pratiquée envers les étudiants arméniens, et qu'on la remplace par l'assistance plus rationnelle, de l'organiser et de la mettre en pratique, c'est le devoir des intellectuels arméniens résidant dans les centres universitaires étrangers; c'est leur devoir envers la nation même.
Et ce devoir ne pourra être accompli que par l'effort collectif de tous ceux d'eux, qui en ont la conscience.
Ceux, qui n'ont pas la conscience de ce devoir, quelquefois tout simplement à cause de ne pas y avoir pensé, mais qui sont néanmoins honnêtes personnellement, que ceux-ci reconnaissent, que leur honnêteté personnelle ne les engage pas moins à servir l'avenir de leur nation, car c'est peut-être le meilleur, sinon l'unique moyen de s'acquitter devant elle pour tout ce qu'elle leur a transmis et dont ils jouissent actuellement dans leur bien-être personnel.
Et ceux, espérons-le, peu nombreux, qui sont privés du bonheur de connaître, aussi bien les sentiments du devoir national, que les principes de l'honnêteté personnelle et ne peuvent reconnaître que les buts directs d'utilité personnelle et du gain immédiat, que ceux-là trouvent quelque petit intérêt personnel à leur portée et s'empressent, en conséquence, à servir leurs plus dignes compatriotes dans leur tâche d'accomplir leur devoir national.
Et ceux enfin, qui sont arrivés à cacher et même nier leur nationalité, en croyant, peut-être à juste titre, qu'elle leur a empêché de réussir selon leur mentalité, et bien, que ceux-là rompent le plus vite et définitivement avec la nation arménienne et contribuent ainsi à son perfectionnement moral. La nation arménienne est trop peu nombreuse pour songer à réussir par son nombre; ce sont les qualités individuelles et la solidarité mutuelle de ses ressortissants, qui peuvent seules contribuer au progrès de la nation.
Donc, que les intellectuels arméniens appartenant aux colonies arméniens reconnaissent leur devoir envers leur nation et leur beau privilège devant elle de songer sérieusement à la jeunesse arménienne, voulant faire ses études supérieures dans les universités étrangères.
Qu'on réussisse, en supprimant la distribution actuelle des subsides aux étudiants nécessiteux à titre de bienfaisance, à organiser une véritable assistance à l'instruction nationale de la jeunesse arménienne.
Cette assistance aiderait les jeunes Arméniens, mais seulement ceux d'entre eux, qui donnent preuves suffisantes qu'ils le méritent, de devenir d'abord des étudiants dans le véritable sens de ce beau nom et de pouvoir poursuivre sérieusement leurs études universitaires; cela paralysera en même temps l'influence de ceux de leurs compatriotes, heureusement peu nombreux, qui empêchent la jeunesse arménienne de déployer normalement la plénitude de ses capacités et de son bon sens et par cela même, comme c'est exposé dans la notice non seulement entravent, mais paralysent l'instruction de la jeunesse arménienne et dénaturent le développement de cette dernière.
Qu'on réussisse à organiser l'assistance à l'instruction nationale, et par cela même à aider les étudiants arméniens et les conduire à la nécessité de s'organiser, de développer parmi eux tous une bonne et durable organisation intérieure, ayant pour base et pour but — leur instruction nationale.
C'est l'ensemble de ces efforts, qui va nous assurer :
que la jeunesse arménienne, voulant faire des études supérieures à l'étranger, soit d'abord, par son instruction préliminaire et par sa connaissance de la langue étrangère, dûment préparée à faire ces études et de ne les entreprendre, qu'étant placée dans l'état de pouvoir les bien faire, c'est-à-dire de pouvoir se fixer sérieusement sur l'objet des leurs études et de développer une habitude de poursuivre ces études jusqu'à connaître leur sujet, afin que cette habitude, à force d'exercice, se transforme en capacités et que celles-ci finissent par modifier leur mentalité. Donc, à la longue, — notre mentalité nationale.
que les étudiants arméniens, selon leurs forces et suivant leurs inclinations personnelles, collaborent tous dans quelques études réelles, concernant les différents domaines de leur nation ou de leur patrie; ces études arméniennes, formant toujours non seulement un complément direct, mais une partie intégrante de leurs études réglementaires aux universités étrangères, donneront tout d'abord un caractère national à toute l'instruction des jeunes gens et, étant poursuivies solidairement, en formant toutes entre elles un ensemble, ne tarderont de développer chez eux la conscience de leur solidarité nationale. Donc, à la longue — notre solidarité nationale.
C'est alors que la nation arménienne, à mesure que sa mentalité évoluera et la conscience de sa solidarité s'affirmera, pourra, sans rapport à ce, que le territoire de ses ancêtres soit sous sa souveraineté nationale, ou qu'il forme partie des Etats limitrophes, faire valoir l'héritage intellectuel et moral, que lui ont légué ses lointains ancêtres et commencera à remplir le rôle (c'est-à-dire à remplir ses devoirs pour obtenir ses droits) le rôle, si modeste qu'il soit, mais qui lui incombe dans la vie commune avec les autres nations, aussi bien voisines que lointaines.
Vienne, Mars 1923.

Terminant cette notice, l'auteur a pensé la faire paraître en arménien; cependant, après avoir traduit les deux premiers chapitres, l'auteur a fini par ne plus continuer la traduction, et de ne publier en arménien que l'introduction, préalablement complétée contre son texte primitif, pour que ceux de ses compatriotes, qui ne connaissent pas le français, puissent, en lisant l'introduction, se faire une idée générale du contenu de la notice et de méditer sur les questions, qui y sont soulevées.
Le texte arménien de l'introduction paraît séparément; il est envoyé, de même que cette notice, gratuitement, à toute demande, adressée à l'imprimerie des P. P. Méchitharistes de Vienne (Mechitharistengasse 4, Wien, VII).


Table des matières

De l'organisation à établir parmi les étudiants arméniens à l'étranger.
Introduction 7
I. Recherches de l'Union des étudiants arméniens à Paris et son apparition en automne 1920 15
II. Aperçu de l'activité de l'Union en 1920-1921 21
III. Aperçu de l'activité de l'Union en 1921— 1.922 27
IV. Tentatives faites pour établir une organisation parmi un groupe d'étudiants arméniens à Paris et les circonstances, qui se démontrèrent 35
V. Considérations générales et conclusions 61


ligne

  Retour à l'Index des auteurs