Article de
Krikor Amirzayan, Nouvelles d’Arménie Magazine, Mars 2021
Sorti le 14 janvier 2021 chez Vérone Éditions, le livre « Arrivé d’ailleurs, le destin d’une vie » de Hraça Kirmiziyan (Anouchavan) est un recueil de 276 pages sur la vie de Hraça (Hratchia) Kirmiziyan une personnalité connue de la communauté arménienne de France avec son frère Agop, tous deux grands mécènes et patriotes.
Hraça (Hratchia) Kirmiziyan est un grand amoureux du verbe, de l’écriture, de l’amitié et de la nation arménienne. Depuis sa Roumanie natale à son arrivée à Istanbul au début des années 1950 Hraça Kirmiziyan accompagné de ses parents et de son inséparable frère Agop, découvre cette ville cosmopolite et belle où Arméniens, Grecs et Juifs formaient à cette époque une partie importante des quelques 600 000 habitants de la ville. « Aujourd’hui avec ses 20 millions d’habitants, Istanbul est méconnaissable et la mégapole a perdu son charme et sa diversité culturelle d’antan » nous confie Hraça Kirmiziyan. C’est de cet Istanbul des années 1950 à 1964 que nous évoque l’auteur force détails à l’appui. La vie arménienne d’Istanbul de ces décennies de la jeunesse de Hraça et de l’active communauté arménienne regroupée autour de ses églises, ses écoles et ses associations. C’est aussi le charme de l’île arménienne de Kinali sur la mer de Marmara où l’auteur dispose de nombreux souvenirs.
De cette Turquie et de ses rencontres, des personnages insignifiants ou des personnalités connus que l’auteur fait revivre à travers cet ouvrage. Mille détails, anecdotes, noms de personnes et de lieux qui font de ce livre une source d’histoire et de richesse. Tout comme celle de la présence arménienne en Roumanie largement décrite et relativement peu connue. Le travail de souvenir de Hraça Kirmiziyan aura ainsi l’avantage de figer cette histoire agrémentée de nombreuses expériences et rencontres personnelles de l’auteur qui s’avère être un véritable humaniste, amoureux de tout ce qui l’entoure.
L’auteur qui s’installera à Paris au milieu des années 1960 décrit également cette vie parisienne et rencontres dans cette « plus belle ville du monde » comme il le dit. La communauté arménienne de France tient également sa place dans cet ouvrage qui captive le lecteur pour faire revivre une époque révolue mais belle en souvenirs marquants.
Par cet ouvrage, Hraça Kirmiziyan apporte sa contribution à cette histoire des Arméniens de Bucarest à Paris en passant par Istanbul.
C’est justement à Istanbul, la Constantinople de jadis que l’auteur tombe un jour au cours de l’une de ses visites au cimetière arménien de Baglarbachi à Üsküdar sur la rive asiatique du Bosphore, sur les tombes délaissées des grands architectes Arméniens de la dynastie des Balian, architectes des sultans au 18e et 19e siècle. C’est le déclic pour Hraça qui désire mettre en valeur ces tombes par un mausolée. Un coup de fil à son frère Agop. La réponse est « Banco ! ». Ils décident de financer un mausolée dédié aux architectes Balian. Ce dernier est inauguré le 1er octobre 2016 en présence des plus hautes personnalités arméniennes et turques, dont le maire d’Istanbul, Kadir Topbas. La mémoire des architectes des sultans les Balian -que nombre d’historiens turcs voulaient italianiser en Baliani pour faire oublier leur origine arménienne- est ainsi figée dans le marbre. C’est aussi cette belle aventure que nous raconte dans son livre Hraça Kirmiziyan.
Krikor Amirzayan