Le recueil de M. KHANZADIAN est fait pour défendre la cause arménienne. Il a pour objet de montrer que, de l'antiquité aux temps modernes, les cartographes ont reconnu une entité géographique appelée- Arménie. Qu'il s'agisse de cartes laites pour interpréter des textes antiques ou de cartes médiévales ou modernes, toujours l'Arménie ligure, et presque toujours avec une extension sensiblement pareille.
Ce n'est qu'à une date récente que les découpages administratifs au Caucase russe, et surtout dans les provinces soumises à la Turquie, ont fait disparaître cette unité géographique toujours admise jusque-là. Les documents reproduits par M. KHANZADI.VX le montrent à l'évidence.
Comme les caries qui figurent dans l'Atlas, sont toutes de simples reproductions obtenues par des procédés mécaniques, on aura là un recueil de données d'intérêt assez inégal, mais dont la réunion forme un ensemble précieux. Ainsi, cet Atlas de propagande rendra d'utiles services même aux arménistes.
M. KHAX/ADIAX a compris que pour une nation qui ne demande que la justice, la meilleure des propagandes est de dire la vérité.
Paris. 20 février 1920
MEILLET, Professeur au Collège ce France.
Avant-propos
Des documents géographiques incontestés établissent d'une façon irréfutable que les justes limites de l'Arménie sont exactement celles que les Arméniens lui fixent aujourd'hui.
On trouve dans le présent Allas la carte d'Hésiode, du temps d'Homère (1.000 ans avant J.-C.). Elle est suivie de celles d’hacaté, d'Hérodote, etc.. Un fait remarquable qui doit retenir l'attention, c'est que les frontières que Strabon et Ptolémée donnèrent à l'Arménie n'ont pas varié depuis ces temps lointains; car la nature elle-même les a fixées, en créant les hauts remparts de l'Anti-Taurus et du Taurus. Nulle nation au monde, ne possède peut-être de délimitations naturelles aussi parfaites, et les vicissitudes de l'histoire n'y ont rien changé, soit en faveur de l'Arménie, soit à son détriment. Ainsi nettement délimitée, elle a traversé le cours des siècles, sans perdre un instant sa valeur nationale, comme le prouvent toutes les annales géographiques que nous possédons.
Même lorsque l'Arménie était à l'apogée de sa puissance, son plus grand roi, Tigrane le grand, n'a pu parvenir à fusionner les pays limitrophes qu'il annexait, avec l'Arménie Nationale de l'intérieur du Taurus.
Pareil fait se produisit, en sens inverse, avec Alexandre le Grand. L'Arménie fut conquise par lui, mais elle garda intacts son nom et ses frontières
Si l'on veut bien jeter un coup d'œil sur les caries du Moyen-Age de Dulcert et Villadeste, etc., ou des temps modernes (Reichard et Levasseur, etc.), contenues dans notre atlas, on verra qu'il n'en est pas une, quelle que soit son origine, qui ne mentionne l'Arménie dans ses frontières séculaires.
En rapprochant des écrits Strabon (1er siècle de notre ère) ceux du géographe musulman du XIe siècle Idrissi, on constatera que les frontières de l'Arménie n'ont pas subi de modifications, même après l'invasion des barbares au Moyen-Age. Vingt siècles plus tard, le grand Géographe français Malte-Brun donne de l'Arménie les mêmes frontières que Ptolémée ou Idrissi.
Il n'est malheureusement que trop vrai que la politique d'extermination, poursuivie par les Turcs, a réduit dans d'énormes proportions celte nation qui peuplait jadis, au temps de Strabon, toute la région comprise entre la Méditerranée et la Mer Caspienne. Mais cette race éminemment prolifique a donné à travers les siècles trop de preuves de ses qualités de résistance et de sa vitalité, pour que l'on puisse douter qu'elle n'arrive rapidement à peupler, comme dans le passé, le futur Etal Arménien qui renaîtra de cette guerre de libération.
Fait à Paris, le 14 Janvier 1920,
Le Président de la Délégation de la République Arménienne,
A. AHAHONIAN.
Le Président de Ici Délégation Nationale Arménienne,
BOGHOS NUBAR PACHA