"C'est une comète, un soleil, le beau temps de la poésie", écrivait d'elle Jacques Prévert. Cette définition est si lumineuse et si vraie qu'elle rend vain tout commentaire. Nous nous contenterons donc de préciser qu'Alicia Ghiragossian est une comète qui brille dans le ciel argentin, mais qu'elle vient d'ailleurs. En effet, née à Cordoba (Argentine), elle est, comme son nom l'indique, fille d'immigrants ayant quitté un pays pour beaucoup d'entre nous mystérieux et légendaire : l'Arménie. Ce qu'elle dit dans ses deux langues et qu'elle a un jour appelé "poésie métadimensionnelle" surgit dans les pages de ses recueils, en particulier : "Un jour cinq voix" (1966), "Pedro amour" (1969), "En temps en amour en paix" (1970), "Etre et ponctuation" (illustré par Picasso, 1972), "Orbite de deux" (1972), "Après les cendres" et "Lettre pour l'Arménie" (1972), "Expériences arméniennes" (1970).
"Je viens d'écouter le poème 'Lettre pour l'Arménie', traduit de l'espagnol en arménien, et je ressens pour Alicia Ghiragossian une grande admiration", avouait William Saroyan. Avec la foi de ce maître incontesté, écoutons-la.
Claude Couffon