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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Victor GARDON
( 1903 - 1973 )

L'auteur

Victor GARDON --- Cliquer pour agrandir
Naissance le 25 mai 1903, à Van (Vaspouragan arménien), dans le quartier arménien "Aïkestan" (Vignoble) ; décès le 29 janvier 1973, à Paris (France).
Son vrai nom est Vahram Gakavian.

Le père de Vahram fut le fondateur du premier parti politique arménien "Les Arménagans" ; toutes les réunions se tenant au domicile familial, malgré l'opposition des adultes, le jeune Vahram participe à toutes les réunions.
En 1915, il assiste aux combats de défense des Arméniens contre les Turcs. Avec le retrait des armées du Tzar, il se réfugie à Tiflis (Géorgie) où il entre au Séminaire Nersessian, ayant comme camarade Anastas Mikoyan.
Puis, en 1917, fuyant cette fois-ci la Révolution bolchevique, il part pour Rostov et, en 1920, il se retrouve à Constantinople, où il fréquente l'École Getronagan.

En 1923, il quitte la Turquie pour la France. Il s'inscrit à la Sorbonne et, plus tard, il fait des études d'ingénieur. Il se marie avec Hélène, une institutrice française ; le couple aura deux enfants Il restera très proche des milieux arméniens.

En 1939, comme la plupart des jeunes Arméniens dotés d’un passeport Nansen, il est mobilisé. Fait prisonnier, il réussit à s'évader d'Allemagne lors de sa troisième tentative. Il décide de rejoindre la Résistance dans le réseau du Professeur Cavaillès, sous le pseudonyme de Victor Gardon. Il participe à de nombreuses actions. Nommé commandant de l'Armée française, il recevra en 1947 à titre militaire pour services éminents rendus à la France, la médaille de Chevalier de la légion d'honneur

Après la Libération, les Gakavian s'installent à Bonneuil-sur-Marne (Val de Marne) où son épouse est nommée directrice d'école primaire. Lui est représentant d'un fabricant de microscope électronique. Il fréquente les milieux intellectuels arméniens et français de Paris, étant intimement lié avec Achod Nichanian, Méloyan, Carzou, Nigoghos Sarafian, Nubar Arpiarian, et tant d'autres, sans oublier Raymond Aron. Il est membre actif de "l'Association des Français originaires du Vaspouragan" ; il crée la "Fédération des Français d'origine arménienne". Il continue à écrire dans la presse arménienne, entre autres au quotidien parisien "Haratch". Mais il prend conscience que c'est en français que les Arméniens doivent se faire connaître. « Il faut,- disait-il -, que les Français nous connaissent et soient informés de notre passé, de notre histoire et de notre tragédie ». Auteur de nombreuses publications philosophiques, il multiplie alors les conférences en France et à l'étranger. Mais c'est au récit romancé qu'il va, à partir de 1958, consacrer ses forces. Ainsi paraissent les romans "Le Vert soleil de ma vie" (1959), "Le Chevalier à l'émeraude (1961) et "L'Apocalypse écarlate".

"Le Vert soleil de ma vie" traduit en espagnol, sous le titre "El verde sol de la vida", est publié en 1964 par les Editions Luis de Caralt (Barcelone), Collection "Gigante". Ses deux premiers livres ont eu une traduction en arménien occidental par Avédis Yapoudjian et parurent en feuilleton dans le quotidien "Arèv" (Soleil) au Caire. Il existerait également une traduction en arménien oriental. Du "Le vert soleil de ma vie" fut écrit un scénario radiophonique "Les Charmes de Sémiramis". Un projet de film, pour lequel Françoise Rosay avait accepté d'être la grand-mère, n'a hélas jamais vu le jour. Un seul ouvrage de Victor Gardon a été publié en arménien, "Boghbadé sermer" (Grains d’acier).

Il venait de terminer son quatrième roman "La Résistance", lorsqu'il fut foudroyé par une crise cardiaque ; le manuscrit reste introuvable. Hospitalisé à l'Hôpital Lariboisière, il décède le 29 janvier 1973 et est enterré au Cimetière de Bonneuil-sur-Marne. Il avait envoyé trois jours auparavant au quotidien "Haratch" un article sur Nigoghos Sarafian, qui fut publié le 28 janvier 1973.

Victor Gardon aimait tout spécialement la musique et pensait que la vie était une féerie divine inondée de tous les bonheurs que les Puissants transforment en enfer. Il écrivait aussi que si les hommes oubliaient le crime perpétré par les Turcs, les pierres en hurleraient ! ...
"Cent pour cent Français, mais aussi cent pour cent Arménien", il a voulu par son œuvre en français proclamer de son pays d'adoption que le génocide est imprescriptible.

Arax VAZ


Extrait de "Historique du 1er régiment soviétique du Plateau en France. R3. FFI. 16e région militaire. Période de novembre 1943 à fin 1945", par Roger Genest, chef de bataillon de réserve H° d'infanterie de marine, ancien officier, adjoint du chef d'état-major français de liaison pour les ressortissants soviétiques.
"En 1944
Au pont de Gaubert, neuf soldats de la Wehrmacht sont faits prisonniers par le maquis. Arrivés à Saint-Martial, nous nous trouvons en présence de six légionnaires soviétiques dont quatre Arméniens, deux Azerbaïdjanais. Ils sont interrogés par Victor Gardon, alors capitaine , qui les interpelle en allemand, langue qu'ils comprennent à peine. Soudain, l'un d'eux s'exprime en arménien, Victor Gardon répond donc en arménien. Aussitôt le légionnaire tombe à ses genoux et pleure de joie.
Victor Gardon, Arménien naturalisé français, officier, ingénieur et homme de lettres, parlant le russe, l'arménien et l'allemand, fut chargé le 19 juin 1944, par le Colonel Rabattet, dit Cheval de la mission suivante. Il avait autorité pour tout ce qui concernait le passage au maquis avec leurs armes, des officiers et des soldats directement auprès de Carrel (Gilbert de Chambrun)."<^p>


Document : Soirée à la mémoire de Victor Gardon, le 26 janvier 1974

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Livre numéro 1310
Victor GARDON --- Cliquer pour agrandir Le Vanetsi, une enfance arménienne
Titre : Le Vanetsi, une enfance arménienne / auteur(s) : Victor GARDON -
Editeur : Stock
Année : 2008
Imprimeur/Fabricant : Aubin imprimeur, Ligugé, Poitiers (86)
Description : 1032 pages, 24 x 15 cm, 6 cartes, couv ill.
Collection :
Notes : Réunit : "Le vert soleil de la vie" ; "Le chevalier à l'émeraude" ; "L'apocalypse écarlate". Préface de Jean-Marie Carzou, et avec un avant-propos de Christine Gardon, petite-fille de l'auteur, Repères chronologiques pp 20-23
Autres auteurs : Jean-Marie CARZOU [préfacier] -
Sujets : Gardon, Victor (1903-1973 ) -- Biographies -- Roman historique - Arménie -- Massacres, Arméniens de Van
ISBN : 9782234061262
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 29,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

La trilogie de Victor Gardon : Le vert soleil de la vie, Le chevalier à l’émeraude et L’apocalypse écarlate qui a été publiée entre 1959 et 1970 est rééditée en un seul volume. Cette nouvelle édition, préfacée par Jean-Marie Carzou, et avec un avant-propos de la petite-fille de Gardon, réintègre des passages censurés à l’époque. Ces romans étaient en effet les premiers à évoquer, par le biais de l’histoire d’une famille arménienne de l’Empire ottoman, le sujet encore tabou du génocide perpétré en 1915 par le gouvernement Jeune-Turc. C’est une trilogie passionnante pour se plonger dans la vie d’un enfant du XXe siècle : ce jeune Arménien, ce Vanetsi (originaire de Van, Turquie) a traversé son temps, tour à tour victime de l’oppression turque et acteur de la résistance contre les Nazis.
Plus qu’un simple témoignage, cette biographie romancée, saluée en son temps par le Général de Gaulle, Raymond Aron et André Malraux, incite avant tout à la réflexion et se veut un appel à la conscience des hommes : « ceux qui ont vécu un génocide ne peuvent envisager d’être heureux » (Raymond Aron).


Le Vanetsi, une enfance arménienne comble un vide. Jusqu'à maintenant, la littérature consacrée à la "Catastrophe" du génocide de 1915 ne comptait, parmi ses chefs-d'oeuvre, que Les 40 Jours du Musa Dagh de Franz Werfel ou Le Conte de la pensée dernière d'Edgar Hilsenrath. Désormais, elle s'enrichit de cette trilogie signée Victor Gardon (1903-1973), de son vrai nom Vahram Gakavian, écrivain exilé proche des communistes, ancien prisonnier de guerre des nazis devenu résistant après son évasion, et dont l'oeuvre avait été publiée pour la première fois en 1959 à Paris.

Dans ce récit autobiographique réédité en un volume, Victor Gardon détaille, entre mémoire et imaginaire, toute l'histoire de sa famille installée à Van, ville montagneuse située au sud est de la Turquie actuelle, à la frontière de l'Iran et de l'ex-URSS. Dans cette ancienne capitale du royaume du Vaspourakan, comme dans d'autres villes reculées de l'Empire ottoman, les Arméniens vivent à l'écart des autres ethnies, à la veille de la Révolution "jeune-turque" de 1908. L'harmonie est fragile, la tension permanente : massacres et exactions sont le quotidien des Arméniens.

La peur enveloppe chaque scène de la fresque, qui retrace le destin d'une famille organisée autour de la grand-mère et de son petit-fils, Victor Gardon, alias Vahram. Des personnages dont le caractère tranche avec la naïveté collective.

La Grand-Mère incarne l'Arménie éternelle, la Terre des ancêtres. Elle sait ce qu'il ne faut pas faire, et ne pas dire, devant le Kurde ou l'officier turc. Leur position sociale range l'Arménien, le "giavour" ("l'infidèle"), dans la catégorie des "dhimmi", sujets de second rang du Sultan. Dans cette fresque cruelle et truculente, un enfant s'élève contre le poids des traditions et l'austérité du milieu rural, Vahram, garçon intrépide, et détenteur d'un mystère n'hésitant pas à casser les codes d'inhibitions du milieu paysan arménien.

Vahram crie sa colère quand on lui interdit de parler, d'imaginer l'amour ou encore de participer à des réunions de révolutionnaires du parti arménien, les Armenagans. Leur chef local est le père du Vanetsi, autrement l'habitant de Van. Un révolutionnaire effacé devant l'autorité de la grand- mère, un peu à l'image de ce mouvement national arménien, trop fragile pour renverser le cours de l'histoire mais trop engagé pour faire marche arrière. A cet instant du récit, Vahram Gakavian, comme le fera son contemporain Kourken Mahari en Union soviétique, lève pour la première fois un tabou : le mouvement a-t-il une part de responsabilité dans la "Catastrophe"?

Avenir sans issue
Pour Victor Gardon comme pour la spécialiste de littérature arménienne Krikor Beledian, ces hommes, "n'ont pas assumé leurs responsabilités de révolutionnaires au moment où il le fallait". Ils ont laissé passer leur chance en 1908, année de la Liberté, comme l'écrit le romancier, alors que les Jeunes-Turcs prenaient le pouvoir au nom d'une idée : sauver l'Empire en formant une seule nation turque. Lorsque les chefs arméniens prennent les armes au printemps 1915, lors du siège de Van, prélude à la machine génocidaire, ils résistent victorieusement jusqu'à l'arrivée des Russes, mais sont obligés de quitter leur terre.

Dans les mémoires de Victor Gardon, le héros n'est pas le combattant, mais d'autres protagonistes : la grand- mère et Vahram, le passé ou l'avenir sans issue, mais jamais le présent, toujours éphémère. La gestion du temps est d'ailleurs problématique pour l'auteur : aucun repère chronologique n'est donné, aucun paysage décrit, les lieux n'existent pas dans cette saga arménienne. Un tableau figé qui contraste avec l'abondance de paroles pouvant être échangées à Van ou ailleurs.

Après la libération de la ville, Victor Gardon prend le chemin du Caucase où il sympathise avec le futur dirigeant soviétique Anastase Mikoyan. Il gagne ensuite Constantinople jusqu'en 1923, avant de se rendre à Paris où il meurt en 1973, après avoir noué des liens amicaux avec Raymond Aron. Son Vanetsi, une enfance arménienne tombe à pic, à l'heure où la Turquie tente de revisiter son passé ottoman. Sans parvenir, jusqu'ici, à ouvrir cette boîte noire de l'Arménie turque à feu et à sang.

Gaïdz Minassian, « Le Monde » du 17 juillet 2008


Livre numéro 282
Victor GARDON --- Cliquer pour agrandir Le vert soleil de la vie : roman
 
Titre : Le vert soleil de la vie : roman / auteur(s) : Victor GARDON -
Editeur : Stock
Année : 1992
Imprimeur/Fabricant : 27-Mesnil-sur-l'Estree : Impr. Firmin-Didot
Description : 235 p. couv. ill. en coul. 23 cm
Collection :
Notes : Illustration de couverture de Carzou
Autres auteurs :
Sujets :
ISBN : 2234025419
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 110 FRF

Commentaire :

On peut encore se procurer "Le vert soleil de la vie" en s'adressant à :
Madame Arax VAZ
28 rue Roger Girodit
94140 ALFORTVILLE
Tél. 01 43 75 28 17


Bonne nouvelle dans le domaine de la littérature de langue française consacrée a l'Arménie: la reédition chez Stock du "Vert Soleil de la vie", de Victor Gardon, roman épuisé depuis une dizaine d'années déjà. Paru pour la première fois en 1959, ce livre, qui nous fait partager la vie de Vahram, enfant de Van au début du siècle, constitue une trilogie avec "Le Chevalier à l'émeraude" et "I'Apocalypse écarlate", malheureusement toujours indisponibles en librairie.

Ce gamin effronté, Vahram Gavakian, n'est autre que le futur Victor Gardon, le pseudonyme lui fut attribué pendant la Résistance à laquelle il participa. Pour autant, il ne s'agit pas ici d'une autobiographie, mais d'une véritable chronique villageoise, vivante, pleine de couleurs et de parfums. Un hymne à la vie. La mort et les Turcs qui l'amènent n'apparaissent qu'en toile de fond. On ne trouvera pas chez Gardon de pages larmoyantes. Vahram raconte ce qu'il voit, même les événements les plus morbides, de manière distanciée, presque clinique. Cette pudeur représente la grande force du livre et lui donne une dimension qui dépasse l'habituel plaidoyer arménien. La vie de tous les jours, les hommes qui partent aux champs tandis que les femmes vaquent aux travaux de la maison sous la direction d'une grand-mère autoritaire mais irrésistible, les mariages arrangés, l'éveil amoureux, forment la trame de ce "roman vécu".
Le récit s'achève par l'annonce de l'accession au pouvoir des Jeunes Turcs et l'espoir qu'elle suscite chez les Arméniens. On connaît la suite !

Signalons la très belle couverture: reproduction d'une lithographie de Carzou représentant une église décapitée, avec le mont Ararat au loin.

Les Nouvelles d'Arménie, numéro 1, mai 1993


Livre numéro 280
Victor GARDON --- Cliquer pour agrandir L'Apocalypse écarlate
 
Titre : L'Apocalypse écarlate / auteur(s) : Victor GARDON -
Editeur : Calmann-Lévy
Année : 1970
Imprimeur/Fabricant :
Description : 383 p. , carte , couv. ill. en coul. 23 cm
Collection :
Notes : Illustration de couverture de Carzou
Autres auteurs :
Sujets : Roman historique -- Génocide des Arméniens
ISBN :
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix :

Commentaire :

Au cœur le plus sauvage de l'Arménie, un groupe d'hommes parcourt les vallées, les plaines, les villages détruits par les Turcs et fait le bilan du désastre. Nous sommes à la veille de la Révolution russe, au moment le plus crucial de l'histoire arménienne : ce peuple presqu'entièrement massacré par les Turcs pourra-t-il retrouver une terre et une histoire ?

Parmi ces hommes, un jeune arménien, Vahram, recherche avec angoisse les traces de Madame Grande, sa grand-mère, dont sa famille est sans nouvelles : est-elle en vie ? A-t-elle été elle aussi massacrée par les Turcs ? Au cours de sa quête obstinée, en ces lieux marqués par le tonnerre et la foudre de la récente Apocalypse, il découvrira beaucoup de choses merveilleuses et stupéfiantes qui l'aideront à continuer la mission qui le hante : libérer à jamais ces terres meurtries qui sont les siennes.

Témoignage bouleversant sur le drame d'un pays et d'un peuple, l' "Apocalypse écarlate" est aussi, comme les deux livres précédents qu'elle continue, "Le Vert soleil de la vie" et "Le Chevalier à l'émeraude", le roman des mystères, des féeries, des épopées secrètes de l'Arménie. Elle raconte la légende de l'histoire et l'histoire d'une légende qui, par elle, continue de vivre.


Article de Gilles Dutreix, paru dans Nice Matin du dimanche 16 avril 1970, rubrique « Arts - Lettres »

L'Apocalypse écarlate

Victor Gardon :

« La vie quotidienne n'est pas intéressante, il faut la charger de couleurs, de poésie, d'images »

Voici Gardon, lui-même le dit, est « cent pour cent Français, mais aussi cent pour cent Arménien » et fait partie de ceux qui n'oublieront jamais la tragédie que connut tout un peuple : un million et demi d'innocents massacrés par les Turcs en 1915. Sous ce nom de Victor Gardon, l'un de ses noms de résistant -celui sous lequel il a été nommé commandant dans l'armée française et fait chevalier de la Légion d'honneur- il a écrit trois romans : « Le Vert soleil de la vie » et « Le Chevalier à l'émeraude » en 1962 ; « L'Apocalypse écarlate », pour lequel Carzou a réalisé la couverture, cette année [ndrl 1972].Ils contient une histoire d'un enfant arménien, Vahram, et de sa grand-mère, Mme Grande [ndrl « Medz mayrig » en arménien], une femme exceptionnelle, très sage et un peu magicienne.

Vahram c'est, en partie, Gardon. Celui-ci - comme Vahram - est né à Van au début du siècle, dans une famille unie et heureuse. En 1915, tout s'effondre. Ceux qui ne sont pas massacrés sont déportés ou forcés de fuir. Le jeune Gardon parvient à gagner Tiflis ; il y retrouve une partie de sa famille. En 1917, fuyant la révolution, il va à Rostov et, en 1920, à Constantinople alors occupée par les alliés. Bientôt le jeune homme décide de venir à Paris et d'y poursuivre ses études à la Sorbonne.
1939 : Mobilisé, prisonnier, évadé, Victor Gardon entre dans le réseau de résistance du professeur Cavaillès. Après la guerre, la vie reprend, mais il ne peut oublier le désastre subi par l'Arménie et son étonnement devant l'indifférence du monde entier demeure toujours aussi grande. Il fait sienne l'indignation de Nansen : « Le seul mot Arménien réveille dans les consciences endormie des hommes d'État une série de promesses inexécutables et qu'ils n'ont jamais cherché sérieusement à tenir. Il s'agissait, en effet, seulement d'un petit peuple industrieux, ensanglanté, mais qui ne possédait pas de gisement de pétrole ou de mines d'or. »

Au fond de toi-même …

Dans les années 60, l'idée grandit en Victor Gardon d'entreprendre, à travers de l'histoire de Vahram, celle d'Arménie.En exergue à « L'Apocalypse écarlate », il cite une phrase du discours qu'Hitler adressa à l'état-major de Wehrmacht le 22 août 1939 : « … Gengis Khan a fait tuer des millions de femmes d'enfants d'un cœur léger. Le monde ne se souvient de lui que comme un grand conquérant (…) Et qui, après tout, évoque encore aujourd'hui le massacre des Arméniens ? ».

Donc, au début de « L'Apocalypse », Vahram part à la recherche de son aïeule, sa chère Madame Grande, dont personne n'a de nouvelles. Après mille péripéties, mille épisodes terribles ou merveilleux, il la retrouve et retrouve son enseignement : « Il faut ressembler à un grand fleuve. Au fond de toi-même, tu dois être calme, dense, uni (…) L'homme qui désire être un sage doit prendre comme modèle le fleuve, la montagne, la terre (…) Notre pauvre nation a besoin de tels hommes. »

Est-ce que tous les événements que vous contez sont vraiment arrivés à Victor Vahram ? ai-je demandé à l'auteur.

Il bondit presque : « Tous ont eu lieu, mais pas dans le même ordre. Il en est que j'ai enrichis et renforcés. La vie quotidienne n'est pas intéressante. Il faut changer de couleurs, de poésie, d'images. J'ai pris la réalité - aventures, personnages et noms sont exacts - et je l'ai transformée en matière romanesque. »

Comment travaillez-vous ? De mémoire ? Sur documents ?

« Énormément de mémoire. Je peux écrire cinquante pages d'affilée. Quelquefois je déchire tout, quelquefois j'en ajoute. Tout dépend de la couleur que cela a pris. Il faut tenir compte des changements ; disons « psychologiques ». On sent si telle chose est acceptable ou non.C'est un travail d'intuition, de pré science : ainsi l'histoire de la découverte des squelettes. Il y a eu de centaines de cas, que je raconte en une seule fois. »

En vingt-quatre heures, un enfer

Voudriez-vous résumer brièvement les événements d'avril 1915 ?

« L'opération de génocide a commencé le 24 avril : tous s'est passé en vingt-quatre heures et en quatre temps :
1° Les Turcs ont arrêté l'élite arménienne de Constantinople : 2 500 hommes environ, et les ont tués. Puis, ils ont mobilisé les hommes de 20 à 45 ans et les ont massacré à la mitrailleuse par groupe de cinquante ou cent. Deux à trois cent mille hommes ont ainsi disparus.
2° Sous prétexte de raisons militaires, ils ont pris les hommes non mobilisables de 15 à 20 ans et de 45 à 60 ans et les ont tués.
3° Ils ont pillé les maisons, tué les vieillards et les malades, kidnappé, violé, martyrisé les femmes et les enfants - là où il n'y avait ni étrangers, ni consulats, ni ambassades …
4° Ceux qui étaient à proximité des ambassades ou des frontière ont été déporté. L'Arménie, jardin de Paradis, est devenue en vingt-quatre heures un enfer. »

Le génocide est imprescriptible

Actuellement, combien y a-t-il d'Arméniens en France ? Les jeunes veulent-ils se souvenir ?

« Il y a environ 200 000. Une moitié est tout a fait francisée. Certains disent : « Pourquoi rappeler tout cela ». 50 000 ont encore en eux des traces d'Arméniens. Ils vont à l'église arménienne, ont des parents qui parlent la langue de là-bas. Ils connaissent un peu l'histoire de leur pays.40 000 environ sont cinquante pour cent Arméniens et cinquante pour cent Français. Enfin, 10 000 sont cent pour cent Français, mais aussi cent pour cent Arméniens, et n'oublieront jamais. Je suis en tête de ceux-là.Nous souvenons de ce qu'a déclaré l'ONU : « Le génocide est imprescriptible. »

Van, votre ville natale et celle de Vahram, qui abrite-t-elle aujourd'hui ?

« Principalement de Kurdes. Il y en a 7 000 à Van, dans les maisons restées intactes des Arméniens. La Grande Arménie est habitée par les Kurdes. Moitié nomades, en hivers ils descendent dans la plaine, et été ils vont dans les montagnes avec leurs troupeaux. Leur langue est aryo-indo-européenne. »


Livre numéro 213
Victor GARDON --- Cliquer pour agrandir Vartananc
 
Titre : Vartananc / auteur(s) : Térénig DEMIRDJIAN - Roman historique traduit de l'arménien par Dikran Kirazian. Présenté et adapté par Victor Gardon
Editeur : Stock
Année : 1963
Imprimeur/Fabricant : Lagny, impr. E. Grévin et fils
Description : In-16 (20 cm), 329 p., carte, couv. ill.
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Victor GARDON [introduction] -
Sujets :
ISBN :
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 15 FRF

Commentaire :

Les Compagnons du Connétable VARTAN MAMIGONIAN, sont les héros et les 1036 martyrs qui, en 451, à la bataille d’Avaraïr, se sont sacrifiés à leur patrie.

L'Arménie chrétienne est alors une nation qui possède sa langue, ses monuments, sa civilisation et qui ne veut pas se laisser anéantir par la Perse qui l'occupe. Aux 250 000 hommes du Roi des Rois, aux fameux Immortels, aux éléphants, Vartan ne peut opposer que 15 000 chevaliers et 45 000 manants accourus à son appel. Combat désespéré dont l'Arménie vaincue sortira pourtant victorieuse, arrêtant pour plus d'un millénaire l'invasion de l'Occident. Héros national, comparable à notre Jeanne d'Arc, Vartan et ses compagnons martyrs rassemblent chaque année dans une même foi patriotique les Arméniens du monde entier. VARTANANC est une puissante évocation historique, une évocation épique, colorée, animée, grouillante de personnages inoubliables, basée sur une étude et sur une connaissance précise des lieux, des événements, des caractères en présence, hommes, femmes, enfants; et l'on comprend que Louis Aragon, dans une étude sur la littérature arménienne, ait exprimé le désir de voir ainsi traduit le grand livre du dramaturge, poète et historien de l'Arménie Soviétique, - T. Démirdjian


Livre numéro 281
Victor GARDON --- Cliquer pour agrandir Le Chevalier à l'émeraude
 
Titre : Le Chevalier à l'émeraude / auteur(s) : Victor GARDON -
Editeur : Stock
Année : 1961
Imprimeur/Fabricant : Lagny - Imprimerie Grévin et fils
Description : 445 p. 20 cm
Collection :
Notes : Un second exemplaire avec couverture différente, même imprimerie et même année
Autres auteurs :
Sujets : Arménie -- Massacres, Roman historique
ISBN :
Bibliothèques : Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris
Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 12,90 FRF

Commentaire :

Prodigieux roman d'aventures vécues, "Le Chevalier à l'émeraude" offre une épopée dans laquelle le drame se mêle au merveilleux de la façon la plus naturelle.

C'est un roman dont Vahram, l'enfant arménien à la vocation héroïque, est le centre. Autour de lui gravitent sa digne, son inoubliable grand-mère, ses adorables cousines et une foule de personnages aussi vrais que pittoresques. Parce qu'ils semblent détenir le secret même de la vie dont le "Chevalier à l'émeraude" est le symbole, les personnages de Victor Gardon suscitent un intérêt passionné. Magique, le "Chevalier à l'émeraude", l'est sans doute encore plus encore que "le Vert soleil de la vie", le premier roman de Victor Gardon.


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