Titre : | Pierres d'Arménie / auteur(s) : Georges BOUILLON - Photographies de Roby Raus |
Editeur : | centre pouchkine, luxembourg |
Année : | 1988 |
Imprimeur/Fabricant : | Imprimerie Kremer-Muller, Foetz (Luxembourg) |
Description : | 21 x 27 cm, 104 pages, couverture illustrée n. et blanc, nombreuses illustrations en noir et blanc et couleurs |
Collection : | |
Notes : | |
Autres auteurs : | |
Sujets : | Arménie histoire, géographie |
ISBN : | |
Bibliothèques : | Consultable à la Bibliothèque de la Cathédrale apostolique arménienne, Paris |
Prix : | |
Commentaire :PréambuleDe l'Arménie historique à l'Arménie soviétique, long et douloureux est le chemin. Pour mesurer cette sorte de peau de chagrin", qu'il suffise, sans être historien ou géographe, de comparer les cartes d'autrefois avec celles d'aujourd'hui. De sa conversion au christianisme vers l'an 300 à l'invention de son alphabet original cent ans plus tard, puis, après avoir combattu les oppressions tant orientales qu'occidentales au fil des siècles, du génocide de 1915 à l'adoption du socialisme en 1920, la nation arménienne a bien mérité de n'être pas une oubliée de l'Histoire. Comme le peuple juif, elle a, hélas, aussi sa diaspora qui ne cesse de proclamer: ,,L'an prochain sur le mont Ararat!" D'Etchmiadzine comme d'Erevan ou sur la route du lac Sévan, on peut admirer la montagne de l'arche de Noé se dressant, à plus de cinq mille mètres au sein d'une vaste plaine. Et les Arméniens regardent la montagne de la réconciliation entre l'homme et Dieu avec la nostalgie du paradis perdu... En attendant, c'est l'actuelle RSS d'Arménie, la plus petite des 15 Républiques soviétiques, et non la Grande Arménie, que nous avons la mission de traduire en quelques images. Pour l'évoquer en si peu de pages, Roby Raus et moi, nous nous sommes attachés à un leitmotiv, simple et beau, suggéré par l'observation de William Saroyan, mise en épigraphe générale au présent album: déambuler de la pierre à l'homme, de la nature à la culture, de paysages anciens à des visages contemporains. De ce qu'a sculpté le Temps à l'ouvrage humain le survol devrait offrir une certaine idée de la trajectoire humaniste. Comme il y a diverses manières d'aborder un pays et ses habitants, il paraît juste, au seuil de notre promenade à la fois volontaire et hasardeuse, d'avertir le lecteur qu'elle a refusé d'être exhaustive. Ceci ne présente pas un cours d'histoire ni un cours de géographie. Pas plus qu'une invitation au tourisme ou au communisme. Ce n'est que le dialogue de deux flâneurs dont l'un était muni d'un objectif et l'autre d'une plume subjective. Non seulement nous n'avons pas tout vu, mais nous avons dû beaucoup sacrifier. Si l'art est fait de sacrifices, tant mieux si les nôtres y ont abouti!... Seul un Arménien de l'intérieur ou de l'extérieur - pourquoi pas un non-Arménien? - pourra juger si nous avons réussi à communiquer le plaisir de cette brève promenade à travers le temps et l'espace, qui se veut un chant d'amitié. Avant de commencer, il y aurait peut-être lieu de méditer ces paroles de Sarian dites en parfaite connaissance de soi-même et de l'Arménie d'à présent: ,,La terre, comme une chose vivante, possède son propre esprit. Sans son pays natal, sans la Mère-Patrie, il est impossible de trouver son âme propre." Ainsi que ces autres paroles que j'ai entendues à l'école Kroupskaï'a et qui sont plus adressées à la conscience universelle: ,,La Terre est une grande cloche dans le Cosmos. Nous ne voulons pas que la cloche sonne pour la dernière fois." Pour terminer - et sans pour autant m'affubler d'un costume arménien à la Jean-Jacques Rousseau - je voudrais, quant à moi, reproduire cette conclusion d'un Russe qui a vécu beaucoup d'années à Paris... et plusieurs mois à Bohan-sur-Semois, Ilya Ehrenbourg: ,,Je regrette de n'avoir vu l'Arménie qu'au déclin de ma vie. Peut-être ai-je tort. On dit bien que le premier amour est toujours le plus fort, mais pas le plus raisonnable. A la fin de sa vie, on sait mieux voir, on comprend mieux les choses. Il est difficile de relater en quelques mots tout ce que l'Arménie m'a révélé, ce pays où, en entrant, il faut se découvrir comme dans un temple japonais et se déchausser comme dans un temple hindou." |