Diran est aujourd'hui un homme âgé mais pour Dominique Bagge et Dominique Suriano, ses deux biographes, ainsi que pour les lecteurs de France-Arménie, l'enfant ressurgit du passé. Originaire de Cilicie, la famille de Diran mène une vie tranquille à Hadjin et accueille avec hospitalité dans sa grande maison les nombreux amis Arméniens mais aussi Turcs et Circassiens.
L'ambiance chaleureuse est brutalement rompue en 1909 par l'assaut des Turcs et l'assassinat de Haïdebré, le père, dont Diran le Sage n'a même pas une photographie. La vie poursuit son cours pour le petit garçon fort doué pour le chant.
1915 - C'est, l'année de la déportation et pour trop d Arméniens, la déportation vers une mort certaine, sort que connaît notamment Manichag, une des soeurs de Diran, de même que son mari et ses enfants.
Pour sa sécurité et celle de sa mère, il est décidé qu'ils rejoindront Sarkis, son frère et Mariam, sa soeur aînée qui vit à Sis depuis son mariage avec Varidj. Ce dernier envoie d'ailleurs à leur rencontre Mahmoud, un jeune Turc qui lui est dévoué corps et âme depuis son enfance. C'est alors pour Diran et sa famille le début d'une fuite en avant d'un endroit de Turquie à un autre jusqu'à Konya où ils peuvent enfin s'établir pour quelque temps et vivre assez paisiblement grâce à l'habileté de Varidj et à l'industrie textile créée par ce dernier. Mais Diran va sur ses 16 ans et pour son avenir, sa famille l'envoie rejoindre son cousin Télian à Istanbul. Il ignore qu'il ne verra plus jamais les siens. Ce départ est pour lui l'occasion d'une longue aventure en train, en compagnie d'officiers Turcs, et d'une traversée en bateau. Puis vient sa première nuit en Europe ! Passionné depuis toujours par l'antiquité grecque et la littérature française, il ne manque pas d'entraîner Hagop, son meilleur ami, pour vérifier sur place ses connaissances, à Athènes puis à Paris où il obtiendra sa licence ès lettres en 1927.
R. Vartouhi Davidian, France-Arménie