Cet ouvrage permet de découvrir l’une des périodes les plus mouvementées, mais aussi l’une des plus méconnues, de l’histoire militaire de l’Arménie.
Il permet aussi de prendre la mesure de toute la complexité des relations entretenues avec l’Empire byzantin. Dans la première partie, Armen Ayvazyan entreprend une analyse du soulèvement de l’Arménie contre l’empereur Justinien en 538-539. Pour mieux identifier ou évaluer les différents schémas tactiques et stratagèmes employés par les forces arméniennes, il prend en compte des documents antérieurs ou postérieurs qui permettent une meilleure compréhension de leurs opérations militaires, conventionnelles ou non, comme par exemple l’élimination ciblée de chefs militaires ennemis ou de dirigeants de l’administration coloniale.
Dans la seconde partie, Armen Ayvazyan analyse les perceptions communes chez les Byzantins des Arméniens et de leurs soldats. Il met ainsi en évidence, parmi bien d’autres apports, que la raison majeure permettant de rendre compte de la permanence des mêmes préjugés anti-arméniens qu’à l’époque romaine tient avant tout à des raisons géopolitiques.
Article de Jules Mardirossian, France-Arménie, numéro 405, Février 2014
Deux études historico-militaires évaluant la culture guerrière de Rome/ Byzance et celle d'Arménie via la rébellion arménienne de 538-539 contre Justinien et les préjugés des Romains/ Byzantins à l'égard des Arméniens. La lève étude dévoile que le fondement des exploits militaires des Arméniens résidait dans leur farouche volonté d'indépendance.
En fait, "de l'antiquité au XIe s. l'armée arménienne est l'une des plus efficace et la mieux organisée du Proche Orient". Pour la grande révolte de 538-539, la bataille décisive d'Avnik avait rassemblé 30 000 Byzantins. Les rebelles totalisaient 10 000 à 20 000 combattants commandés par Vassak Mamikonian qui combina différentes tactiques : semblant de ralliement à Byzance des troupes du Prince Bagratide, refus de livrer bataille en zone ouverte, retraite et contre-attaque surprise précédée par la fragmentation des forces adverses, informations sous-évaluant le nombre de combattants arméniens, élimination du général en chef byzantin. Cette victoire permit de préserver l'identité nationale arménienne, et rappelle qu'en 481 avec la même méthode, 300 cavaliers arméniens ont défait l'armée perse de 7 000 hommes.
La seconde étude concerne les préjugés culturels des Byzantins à l'égard des Arméniens, engendrés par le désir d'indépendance et de résistance de ces derniers. Le véritable déterminant byzantin était en réalité la volonté de domination/assimilation sociale, culturelle, religieuse et géopolitique de l'Arménie en utilisant au mieux les militaires du pays.
Jules Mardrossian>, France-Arménie, numéro 405, Février 2014