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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

AGATHANGE
( 03.. - 04.. )

L'auteur

 
C'est le premier à écrire un livre ayant comme titre "Histoire des Arméniens".

Agathange aurait vécu au Ve siècle. Son manuscrit contient une vaste introduction "Préface à l'histoire d'Agathange" , qui dit que l'auteur est originaire de Rome, qu'il a étudié le latin, le grec et l'arménien.
Il a été le Secrétaire du roi Tiridate III. Par décision royale, il écrivit l'histoire de la conversion au christianisme des Arméniens, initialement connue sous le nom "Le Livre de saint Grégoire" (L'Illuminateur) qui comporte quatre parties. A l'exception d'une version arménienne du Ve siècle, on dispose d'un manuscrit original en grec ; il existe aussi des variantes en arabe, en géorgien. Les deux premières publications ont été réalisées à Constantinople en 1709 et 1822, la troisième à Venise en 1835 en comparant les divers manuscrits, mais l'édition avec la confrontation totale de toutes les versions a été faite à Tiflis en 1909, en arménien soviétique, à Erevan en 1977. Nous connaissons plusieurs traductions en langues étrangères : en latin (1698), en italien (1843, Venise) par Gabriel Aîvazovski et Niccolo Thommaseo, en français (1880, Paris) par Victor Langlois, en allemand (1887, Göttingen) par Paul de Lagarde, en grec moderne (1887) par A. Konstantinidès, en anglais (1975, New York) par Robert W. Thomson, en bulgare (2001, Plovdiv) par Hagop Ormandjian, en suédois, …

On attribue à Agathange d'autres oeuvres, mais les spécialistes s'accordent pour leur attribuer d'autres auteurs.

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Livre numéro 936
  La Version grecque ancienne du livre arménien d'Agathange
 
Titre : La Version grecque ancienne du livre arménien d'Agathange / auteur(s) : AGATHANGE - Édition critique par Guy Lafontaine
Editeur : Louvain : Institut orientaliste de l Université catholique
Année : 1973
Imprimeur/Fabricant :
Description : IX-362 p. ; 27 cm
Collection : Publications de l'Institut orientaliste de Louvain ; 7
Notes : Bibliogr. p. 2-8. Index
Autres auteurs :
Sujets :
ISBN :
Bibliothèques : Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix :

Commentaire :


Livre numéro 935
  Histoire des Arméniens
 
Titre : Histoire des Arméniens / auteur(s) : AGATHANGE -
Editeur : Paris
Année : 1880
Imprimeur/Fabricant : Paris
Description :
Collection : Collection des Historiens de l'Arménie
Notes :
Autres auteurs : Victor LANGLOIS [traducteur] -
Sujets :
ISBN :
Bibliothèques : Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix :

Commentaire :

Bien que nous ne puissions pas dater l'Histoire d'Agathange avec précision, nous savons elle a été écrite avant le Xe siècle, et que très probablement elle n’a pas reçu sa forme finale avant l'année 450. Il y a plusieurs versions de cette « histoire », et il y a également au moins un autre compte rendu arménien de la vie de saint Grégoire, qui diffère considérablement d'Agathange dans les faits et les détails qu’il rapporte.

Le nom même d’Agathange (qui en grec signifie opportunément des « bonnes nouvelles ») est probablement fictif, quoique l'auteur se présente dans le prologue en tant qu’originaire de la grande cité de Rome, versé en ouvrages littéraires et parlant plusieurs langues. Le prologue nous indique également qu'Agathange était un témoin oculaire des événements qu'il décrit. Il est peu probable que ce soit vrai, particulièrement parce que certains des mots qu'il emploie sont directement pris de la vie de Mesrob Mashdotz écrite par le disciple de ce grand moine, Koriun.

Quelle, alors, est cette histoire ? C'est un morceau de hagiographie (une biographie d'un saint, écrite habituellement avec sous l’empire de l’affection et de l’admiration plutôt qu’avec un jugement impartial), et qui contient plusieurs des caractéristiques traditionnelles de ce genre. Il est habituel qu’un hagiographe dise qu'il était témoin des événements qu'il décrit, par exemple. C’est également un trait typique que l'auteur décrive les tortures des saints aux mains des païens avec un grand luxe de détails, comme le fait ici Agathange. Les longues prières publiques que Grégoire récite pendant qu'il est torturé, et son apparente insensibilité aux tortures qu’on lui inflige, sont typiques des descriptions des vies des saints. Une autre caractéristique qui apparaît souvent, comme ici, est la production du « texte » d'un édit d'anti-chrétien rédigé par un roi païen quand les chrétiens menacent sa puissance.

Si tant de choses de l'Histoire, y compris le nom de son auteur, sont factices, que nous apporte-t-elle ? Qu'offre-t-elle au lecteur moderne ? En fait elle nous apporte beaucoup. Agathange nous relate la biographie et la vie du temps de Grégoire ; le peuple et les événements qu'il relate ont vraiment existé et ont eu un grand impact sur la vie de l'église chrétienne et du peuple arménien.

Mais nous ne pouvons pas regarder cette Histoire comme un simple enregistrement impartial des événements, parce qu’elle n’a pas été écrite pour cela. Agathange produit un compte rendu dont le but est de décrire la foi chrétienne et ses effets puissants, et pour inspirer ceux qui la lisent à plus de foi. On peut s’en rendre compte par plusieurs des caractéristiques de l'Histoire. Tout d'abord, les références et les comparaisons bibliques sont innombrables. Le prologue emploie une image nautique très populaire au temps d'Agathange, et la rattache directement à la recherche de la perle d’un grand prix de la Bible. Les longues prières de Gregory et de Hripsimé sont remplies d'expressions et de références bibliques à ceux qui les ont précédés dans la souffrance pour la gloire du Seigneur. Même lorsque Agathange décrit des événements connus, il emprunte à la Bible. La persécution de l'Eglise par Dioclétien est entièrement tirée des images de la Bible, sans aucune référence aux événements réels. Grégoire est nourri dans la Fosse terrible comme le fut Elisée ; la transformation bestiale de Drtad rappelle celle de Nabuchodonosor. Il y a également d’innombrables références aux écrits liturgiques et patristiques, et il est dommage que nous, lecteurs modernes, ne puissions même nous en rendre compte : Agathange présume de la part de ses lecteurs une connaissance intime des Ecritures, de la liturgie, que la plupart d'entre nous aujourd'hui tout simplement ne possède pas.

Agathange a un but quand il écrit au sujet de Grégoire. Cet objectif apparaît dans certaines des différences du texte d'Agathange au sujet du saint et d'autres auteurs. Effectivement, Movses Khorenatsi nous donne beaucoup plus de détails sur des origines de Grégoire, et essaye de le rattacher au premier Illuminateur, saint Thaddée. Généralement il donne plus de détails au sujet de tous les aspects de la vie de Grégoire qu'Agathange. Mais Agathange ne cherche pas à donner un lien apostolique à Grégoire, ou à présenter sa vie en détail. Son but est principalement d'augmenter le rôle de Grégoire comme premier évêque, premier bâtisseur de l’Eglise, et premier fondateur d'une hiérarchie dans l'église arménienne. Il veut montrer l'importance de la structure hiérarchique de l'église, et souligne la position d'autorité du patriarche, ce qu'il fait en les rattachant au grand saint tant vénéré de l’Eglise. Le point central de cet effort est la description que fait Agathange de la vision par Grégoire de la tombe des martyrs. Un socle en or apparaît à Grégooire, lui montrant où la cathédrale doit être construite à Vagharshapat (plus tard Etchmiadzin). Ainsi Agathange établit une base divine pour la cathédrale et pour les pontifes qui y résideront ­ et plus encore, il insiste sur la nécessité des hiérarques et de la structure hiérarchique de l'église.

L'Histoire est, comme nous l’avons déjà vu, hagiographique. Pour certains ceci diminue sa valeur, puisqu’elle est partiellement inventée, et que consciemment l'auteur fait « joli ». Dans de nombreux ouvrages modernes consacrés à la vie des saints, des événements sont écartés impatiemment comme « simplement légendaires » ou « inventés par un biographe pieux. »

Agathange a écrit comme écrivaient ceux de son temps, et peut-être pouvons-nous maugréer qu'il « ne s'en est pas tenu aux faits ». Mais il faut nous rappeler que l'écriture historique est toujours interprétative. Personne ne peut écrire au sujet de choses qui se sont produites et ne pas leur assigner une certaine signification. Et les saints et les martyrs chrétiens se sont soulevés contre les plus puissants souverains que la terre avait jamais connus, si puissants que la tradition les considérait comme d’origine divine. Ils ont changé le monde comme jamais, et sont connus en dépit de l'absence à leur époque de « matériel avancé de communication ». Ils ont été persécutées par des « vrais » rois; ils ont « vraiment » changé l'histoire.


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