La Municipalité de Noisy-le-Grand et l'Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée vous ont invités.
Exposition Ar(t)ménie
Invitation à l'exposition Allocution de Mme Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM Article du Magazine France-Arménie, numéro 470, Janvier 2020 Biographies des artistes présentés |
Photos © Philippe Pilibossian | |||
Affiche de l’exposition devant la Villa Cathala |
Devant un des tableaux d'ASILVA, Hayk Khemchyan, Premier secrétaire de l’Ambassade d’Arménie, Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM et l'artiste ASILVA |
Kazan devant son œuvre, le bronze « Komitas » |
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Vue d'une des salles de l'exposition |
Manoug Pamokdjian, président de l'Association Muscari (Lyon) et Narot Tufekci secrétaire En arrière-plan, tableaux de Richard Jéranian, auquel hommage a été rendu |
Claude Mutafian, historien, Jean-Claude Menou, Inspecteur général du Patrimoine, Annie Pilibossian |
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Conférence de Claude Mutafian (salle comble !) |
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Kazan et « La Salière » Terre cuite émaillée |
Vue générale, à gauche tableau d'Asilva |
Muscari |
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Annie Pilibossian et Manoug Pamokdjian, président de l'Association Muscari (Lyon) |
Objets d’art artisanaux, céramiques de Jérusalem, dentelles, des khatchkars en taille réduite en tuf et en résine, maquette d’Etchmiadzine en pierre naturelle obsidienne, sculpture sur bois. |
Enluminures |
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Céramiques Muscari |
Céramiques Muscari |
Vernissage, allocution devant tous les artistes, de droite à gauche, Asilva, Kazan, M. Martins, Adjointe au maire à la culture (NLG), A. Pilibossian, Menou, Séférian, Mutafian, Zurabyan, Khemchyan de l’ambassade d’Arménie. |
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Nous avons rendu hommage à l’œuvre du peintre R. Jéranian. Ses trois filles étaient présentes au vernissage, elles ont offert une litho à la commune de Noisy-le-Grand. Menou en train de montrer au public le tableau « Venise » . Derrière nous, deux tableaux grand format de J.-P. Séférian, de la série « Le Désert II » technique mixte. |
Vêtement traditionnel |
Écharpe (création moderne) |
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Illustrations de contes arméniens par Garen Smbatyan |
Tableaux d'Arthur Zurabyan |
La déesse païenne Anahit, Ier siècle avant J.-C. (original au British Museum) |
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« La Salière » de Kazan Terre cuite émaillée |
Panoramique de Jean-Pierre Séférian « Le Désert II » |
Allocution de Mme Annie Pilibossian, présidente de l’ACAM Madame l'Adjointe au Maire à la culture,
Permettez-moi tout d'abord en ce début d'année au nom du Conseil d'administration de l'Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée de vous présenter nos meilleurs vœux de santé et de réussite pour la nouvelle année 2020. Nous tenons à remercier en premier lieu Mme le Maire Brigitte Marsigny, les Adjoints, en particulier Mme Marylise Martins, les services de la commune, la coordination et le personnel de la Villa Cathala pour le partenariat visant l’organisation et la réalisation de cette manifestation culturelle. Nous y avons travaillé presque deux ans, afin de présenter pour la première fois au public un panorama de l’art et de l’artisanat arménien. Cette exposition n’aurait pas pu voir le jour sans l’aimable participation des artistes peintres. Certains d’entre eux sont membres de l’ACAM, d’autres collaborent depuis de longues années. À tous, je dis un grand merci. Je remercie également nos membres et amis, qui sont venus prêter main forte à la préparation et à l’installation de l’exposition. À l’ACAM, nous travaillons toujours main dans la main, depuis la création de l’association. Ce soir, nous avons la joie d’accueillir parmi nos invités ceux qui ont épaulé l’ACAM depuis des années, c'est-à-dire nos amis, qui ont contribué à la réalisation de nos activités. Merci à eux, car, ils sont venus de loin pour honorer notre invitation. — Claude Mutafian, maître de conférences en mathématiques, docteur en histoire, le meilleur de nos spécialistes en histoire. Il est là à double titre, il animera une conférence samedi prochain, les toiles de son père Zareh embellissent l’exposition. — Manuel Manoug Pamokdjian, ingénieur, Président de l’entreprise Pamexial expertise et de Fineco à Lyon, président de Muscari. — Jean-Claude Menou, professeur d’histoire de l’art, Conservateur général du patrimoine, Inspecteur général du patrimoine. — Raymond Jeanne, M. et Mme Balian — Arto Pehlivanian-cinéaste. Je salue également nos membres fondateurs, Philippe Pilibossian — ancien président, Daniel Ter Sakarian — vice-président et ancien élu à Noisy-le-Grand et bien entendu notre invité d’honneur Christian Kazan. La soirée a débuté aux sons de la musique traditionnelle arménienne avec l’interprétation sur kamantcha d’Anouch Krikorian. Les tonalités particulières de cet instrument à corde arméno-iranien nous ont transporté vers l’Orient, à la fois mystérieux et envoutant. Merci Anouch d’avoir accepté notre invitation. La magnifique demeure dans laquelle nous nous trouvons, à la fois villa et maison des arts, associe nature et calme, favorise la création artistique. Pour un artiste, exposer dans un tel lieu apparait comme une évidence. D’autant plus que le parc de la villa abrite deux statues en bronze, œuvre de notre invité d'honneur, le maître-sculpteur Kazan. Christian Kazan est l'Arménien le plus connu à Noisy-le-Grand. Il est non seulement cofondateur de l’ACAM, mais pendant des années, il a transmis les secrets de son art aux enfants, il a animé des ateliers d'arts plastiques aux élèves noiséens, ainsi qu’aux élèves de l’école franco-arménienne Tébrotzassère au Raincy. Aujourd'hui, ces élèves sont devenus adultes, mais n’ont pas oublié leur ancien prof., ils sont là. Artiste de renommée internationale, Kazan est diplômé de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs. Durant sa longue carrière, il a réalisé des vitraux, des portraits, des ornements décoratifs. Il a participé à l’un des chantiers les plus médiatiques de France, la restauration des sculptures et ornements des façades du Louvre. Il a sculpté aussi de nombreux khatchkars et des sculptures monumentales. L’œuvre de sa vie c’est la fameuse statue de 21 tonnes de marbre blanc de Carrare (au grain si fin, exempt de toute veine) de St Grégoire l'Illuminateur, le père fondateur de l'église arménienne, au Vatican, une sculpture bénie par le Pape Jean-Paul II. Nous te remercions Kazan d’avoir accepté notre invitation. Tu es venu spécialement d’Argentine pour assister au vernissage de cette exposition. Tu as choisi de montrer au public deux sculptures, la statue en bronze du génie de la musique arménienne, le révérend père Komitas, ainsi qu’une « Salière » en terre cuite émaillée, représentant une femme en habit traditionnel arménien. Je sais combien tu tiens à dissimuler des symboles dans tes œuvres, alors j’invite le public à les découvrir. Pour cela, nous allons faire un tour virtuel dans les salles de l’exposition, à la découverte de l’art et de l’artisanat arméniens. L'art arménien a été profondément influencé au cours des siècles par la position géographique de l’Arménie, entre l’Europe et l’Asie, par son histoire mouvementée et en dépit d’un environnement montagneux, par les échanges commerciaux et culturels entre Orient et Occident. L’art arménien antique est représenté dans cette exposition avec une réplique en résine de la tête de la déesse-mère païenne Ahahit, datant du Ier s. av. J.-C., de style grec, dont l’original en bronze se trouve au British Museum à Londres. Au IVe et au Ve siècle, des événements très importants de l'histoire de l’Arménie affectent considérablement les arts. L'Arménie devient le premier État à adopter le christianisme comme religion officielle dans les années 301-303, donc l'iconographie chrétienne commence à jouer un rôle majeur dans l'art et l'architecture. De même, la création de l'alphabet arménien en 405-406 par le moine Mesrob Machtots accélère le développement de la littérature et des arts arméniens. Aussitôt, la Bible est transcrite en arménien, des textes sacrés sont copiés et traduits, accentuant ainsi l'importance du christianisme dans l'art arménien. L'écriture a incontestablement aidé au développement des manuscrits enluminés. Vous pouvez découvrir dans cette exposition trois reproductions de manuscrits du Moyen Âge avec inscriptions en arménien. Dès lors, les églises et les monastères deviennent les principaux foyers d'expression artistique. Les khatchkars — ces croix de pierre funéraire, dressées à la verticale, de différentes tailles, finement taillées et sculptées représentent un élément inégalé dans le monde de l'art. Qui a dit : l’Arménien sait travailler la pierre comme personne, c’est dans ses gènes. (Kazan) Le public français a pu découvrir quelques spécimens de ces fameux khatchkar en 2007 au Musée du Louvre, pendant l'événement culturel Année de l'Arménie en France et un film documentaire, intitulé « Les khatchkars entrent au Louvre » a été préparé par Jean-Pierre Séférian, ici présent, et Alain Tyr. Ce soir, vous pouvez voir ce film en boucle sur l'écran télé. Dans le cadre de l’exposition, nous présentons deux khatchkars de taille réduite en tuf et en résine. À leur côté, une taille réduite du siège du catholicosat arménien, l’église-mère St Etchmiadzine est représentée en obsidienne, une pierre naturelle qu’on trouve en Arménie. Peu à peu, des changements dans la vie politique et sociale, comme le rétrécissement des frontières, ont pour conséquence une modification spectaculaire de la culture et de l'art arménien. L'art traditionnel de l'enluminure des manuscrits cède la place à l'imprimerie dès 1512. Cette nouvelle méthode de fabrication du livre et de l'édition influence l'expression artistique qui se tourne de plus en plus vers la représentation de la vie quotidienne. Ainsi, la dentelle, d’une part, et le tissage des tapis filés à la main, d’autre part qui existent en Arménie des siècles av. J.-C. se transforment même en industrie. Partout, les tapis et les dentelles ornent les maisons et les costumes des femmes arméniennes. Nous remercions le Fonds Zareh Tchouhadjian, qui a accepté de prêter deux échantillons de tapis (persans), fabriqués suivant des méthodes traditionnelles par les tisseuses arméniennes à la réputation d’excellence à la manufacture Tapis France-Orient (à St Jérôme, nord de Marseille). Un dessin quadrillé sert de modèle indispensable à la réalisation des motifs. (Signalons le numéro de décembre dernier de la revue Historia et son excellent dossier, intitulé « Ces Arméniens qui ont fait la France », où on parle entre-autres de cette manufacture.) Au XVIIe et au XVIIIe s. la ville de Kutahya (actuellement en Turquie) devient un centre de production de poterie et de céramique. Les inscriptions en arménien trouvées sur les objets, la représentation caractéristique des saints, des anges sur les pièces et le traitement des carreaux de céramique à la fois purement décoratifs et d’inspiration religieuse attestent la totalité de la production aux potiers arméniens. Commandé par des églises et des particuliers, ce véritable artisanat d’art a joué un rôle important dans la vie quotidienne et a perduré dans le temps. Pour échapper aux massacres, de nombreuses familles s’installent à Jérusalem, où elles continuent la poterie en créant leurs ateliers et en exécutant les commandes des nombreuses églises et lieux de culte implantés là-bas. Nous avons choisi de vous montrer des modèles décoratifs de célèbres ateliers, notamment l’atelier Balian. En parallèle, je voudrais vous présenter les activités d’une association française, qui s’appelle Muscari (muscari armeniacum), née en 2016 à Lyon, à l’initiative de son président Manuel Manoug Pamokdjian, ici présent. Nous tenons à te remercier, cher Manoug d’avoir accepté notre invitation, d’avoir fait plusieurs fois le trajet Lyon-Paris-Lyon, malgré les difficultés. Nous remercions également Narot Tufekci, qui s’est occupée de l’installation des pièces. Muscari s’inscrit dans une démarche culturelle qui contribue à la valorisation et à la diffusion de la culture arménienne et française, aux échanges entres l’Arménie et la France et à ce titre, elle bénéficie du soutien de plusieurs institutions. Avec la Fondation Family Care, Muscari met en place des projets visant au développement économique de la deuxième ville d’Arménie, Gumri. L’agglomération de Gumri a été gravement sinistrée au moment du tremblement de terre en Arménie en 1988. Pendant longtemps, la population est restée sans abri, sans travail. Pour aider les sinistrés à s’en sortir, Muscari et la Fondation ont mis en place un atelier de céramique et en 2019, grâce à Muscari, des céramistes français se sont rendus en Arménie, dans le cadre d’une mission de professionnalisation des artistes décorateurs de l’atelier de céramiques de Gumri, l’objectif étant de former les artisans de la ville arménienne au savoir-faire des céramistes français. Et le résultat est visible dans une des vitrines de l’exposition. Voici un très bel exemple de coopération franco-arménienne à soutenir et à encourager. Pour compléter l’éventail des objets artisanaux, nous avons ajouté un ensemble de vêtements modernes pour femme, de style arménien, créations de Lilit Matévosyan, ainsi que la sculpture « Dernier saut de gazelle », exécuté en un seul morceau en bois de noyer du maître-sculpteur sur bois Ovaguim Ovaguimian. Notre promenade continue et nous arrivons au XXe s, un moment historique plein de rebondissements. Vous le savez, en 1915, une terrible tragédie anéantit la moitié de la population arménienne de l’Arménie occidentale (en Turquie), tandis qu’en Arménie orientale (annexée par la Russie chrétienne en 1828), après la victoire de la bataille de Sardarabat, en 1918 est créé la Première République arménienne. À cette époque confuse, des milliers d’Arméniens portent en eux l’espoir d’une vie meilleure, d’autres arrivent des quatre coins du monde pour reconstruire leur patrie. Au même moment, une pléiade d’artistes talentueux, dispersés dans la Diaspora, projette souvent dans leurs toiles le souvenir d’une enfance perdue. Leurs œuvres, bien qu’appartenant à la culture de leur pays d’accueil, tirent profit de leur culture nationale. C’est le cas avec les toiles de Zareh Mutafian, rescapé du génocide, dans lesquels il peint la nature en Arménie, « L’église de Yeghvart » et « La petite à la source », dans un mélange de couleurs vives et contrastantes. « Les montagnes d’Arménie » du peintre Avedissian date de l’époque soviétique. Après la Seconde Guerre mondiale, le surréalisme (Archile Gorky) influence les tableaux graphiques de Jean Carzou, reconnu par la critique comme l’un des plus grands artistes de France. Remarquez la grande précision du trait dans « Le port » ou « l’Hiver », qui contraste avec le mélange de réel et de rêve dans une mélancolie inexplicable. On retrouve la précision du trait dans un style différent, tantôt cubiste, tantôt figuratif dans « La forêt » et « l’Arrivée du Christ à Ani » de Richard Jéranian. Il recrée des formes par le jeu de masses plus ou moins denses, où les motifs expriment une puissance inhabituelle. Ce peintre est décédé récemment, sa famille tenait à être présente et nous la remercions. « L’aquarelle » de Pascal Tchakmakian montre un artiste accompli, les couleurs délayées d’une transparence rose, presque diaphane fixent sur le papier un moment de sensibilité. Contraste saisissant avec l’épreuve d’artiste de Jean Kazandjian, pour quile corps humain est en perpétuel mouvement. Tout dépend du point de vue et de la perspective. Les compositions d’Asilva, créatrice atypique se distinguent par les proportions harmoniques et le jeu de couleurs vives et sombres, comme dans le « Le secret dévoilé », alors que l’emblématique « Ararat » nous fait voyager jusqu’aux sommets enneigés des hauts plateaux arméniens. Nous avons choisi de vous montrer dans cette salle les tableaux de nos plus jeunes peintres. Jean-Pierre Séférian présente des grands formats fraîchement sortis de son atelier. On découvre des sujets en marche ou couchés de la série « Le Désert ». Les tons gris dégagent un sentiment qui mêle familier, étrange et solitude. À côté, les acryliques colorés du noiséen Arthur Zurabyan nous font voyager en Europe et aux Etats-Unis.On remarque le jeu des ombres et des lumières qui brouille les contours.Un artiste plein d’avenir. J’ajoute que nous avons pensé aux enfants et nous avons ajouté trois illustrations de Garen Smbatyan, tirées d’un conte arménien pour enfants, à découvrir au fond de la grande salle. Mesdames et Messieurs, je vous remercie tous d’être venus. N’oubliez pas de vous inscrire pour la conférence de Claude Mutafian sur « Les relations franco-arméniennes à travers les siècles », samedi prochain, 25 janvier à 16h. Soyez ponctuels et nombreux à écouter le meilleur spécialiste en histoire. Vous le constatez ici — la culture arménienne est vivante et forte. Portez là en vous, soutenez la, défendez la, illustrez la ! Elle le mérite et, d’ailleurs, elle vous enrichira en retour infiniment… Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM |