Sommaire Pratique    Accueil
Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Loisirs - Librairies arméniennes

ligne

Librairie orientale Samuelian - LA librairie qu'il faut connaître    -    [ autres librairies ci-dessous]

  • Adresse : 51, rue Monsieur le Prince - 75006 Paris (Métro Luxembourg, Odéon)
  • Téléphone : 01 43 26 88 65
  • Jour et heures d'ouverture : Mardi au Vendredi, de 11 heures à 12 h 45 et de 14 heures à 18 h 30 ; Samedi de 14 heures à 18 h 30
  • Fermeture annuelle au mois d'Août
Rue Monsieur le Prince  --- Cliquer pour agrandir
51, rue Monsieur le Prince
Armen Samuelian  --- Cliquer pour agrandir
Armen Samuelian
Rue Monsieur le Prince  --- Cliquer pour agrandir
Librairie

Article Anahide Ter Minassian, France Arménie, numéro 353, du 1er au 15 janvier 2010

La Librairie
Fondée en août 1930, à Paris, la Librairie Hrant Samuel s'installe au 51, rue Monsieur le Prince, au voisinage de la Sorbonne, dans un local dont le décor restera immuable. Elle entend répondre aux besoins des lecteurs arméniens à un moment où les réfugiés se stabilisent pour devenir une diaspora. La librairie qui fait commerce de livres anciens est à la fois une maison d'édition et un atelier de reliure. Cependant, en quelques années, elle deviendra «la» librairie orientale dotée de catalogues et d'un réseau de correspondants mondiaux, fréquentée par les intellectuels, les journalistes politiques et les baroudeurs. Mais pour les Arméniens autochtones ou venus de l'étranger, elle fait figure d'institution, comme l'église de la rue Jean-Goujon. On y cherche un conseil, une adresse, on y rencontre des compatriotes. On flâne et on s'instruit ; on découvre un livre, un auteur, on parcourt un journal : la librairie fait office d'université populaire.

Le fondateur Hrant Samuel(ian) (1891-1977)
Sa vie et son oeuvre, totalement mêlées à l'histoire de la diaspora arménienne en France, mériteraient une thèse. Son enfance et son adolescence, ponctuées par des drames collectifs, se passent en Cilicie. Né à Marache, il a quatre ans lorsque son père et son frère aîné sont massacrés par les Turcs, en 1895, sous le règne du sultan Abdulhamid. Instruit dans les orphelinats de la région, il est admis au séminaire du Catholicossat de Sis lorsque celui-ci peut rouvrir ses portes. Elève travailleur et brillant, il y reçoit une solide éducation classique avant d'intégrer le collège de Darson (Tarse) (1907-1909). Au lendemain de la révolution jeune-turque, les massacres de Cilicie (1909) ruinent la ville et le propulsent dans une école arménienne de Constantinople. En 1911, il s'inscrit à la Faculté de Droit de Constantinople où enseigne Krikor Zohrab. Mais en même temps, pour gagner sa vie, il pratique le métier de journaliste et devient un collaborateur régulier du quotidien Jamanak (Temps). Ce quotidien fondé en octobre 1908 par Missak Kotchounian (Kassim), toujours dirigé par les descendants de son fondateur, vient de fêter son centenaire à Istanbul. Le jeune Hrant assiste en 1912-1913 au jubilé du 1500e et du 400e anniversaires de l'invention de l'alphabet (412) et de l'imprimerie (1512) arméniens. Officier de réserve de l'armée ottomane, il est mobilisé à l'été 1914.A partir d'août 1915, il sert dans les hôpitaux militaires à Konya, Panderma, Manissa, Jérusalem, Nazareth, Naplouse. C'est en Palestine qu'il est fait prisonnier par l'armée britannique (septembre 1918). Mais très vite, il est engagé comme interprète par les Anglais car, outre l'arménien et le turc, il connaît l'anglais, le français et l'arabe. En 1919, il est à Constantinople occupée par les Alliés Il reprend ses études de Droit et s'investit dans la vie de la communauté arménienne qui connaît un bref renouveau culturel jusqu'à la victoire de Mustafa Kémal (1923). Encore une fois, il collabore à un journal arménien Joghovourti tzaïn (Voix du peuple), avant de gagner Paris au moment de la signature du traité de Sèvres (août 1920). Un événement majeur qui le marquera. Etudiant impécunieux, il loge dans des petits hôtels autour de la Sorbonne puis, avec sa mère arrivée d'Orient, à l'hôtel du Sénat, véritable nid de réfugiés arméniens. Il termine ses études et réussit à présenter à la Faculté de Droit de Paris son mémoire sur « Le Commerce international de la Cilicie aux XIIIe et XIVe siècles et l'origine des capitulations ». Dans la petite colonie arménienne qui grandit dans les années 1920, il se distingue comme un ferme militant du Dachnaktsoutioun. Quand a-t-il intégré les rangs de la FRA ? Peu importe, mais il participe au 10e congrès général du parti à Paris (1924), un congrès de reconstruction consécutif aux crises (guerre, Génocide, révolution bolchevique, kémalisme, fin de l'Arménie indépendante) qui ont failli l'anéantir. De même, il participe à la création en 1925 du journal Haratch par Schavarch Missakian dont il devient un collaborateur permanent. Dès lors, sa vie se partage entre le journalisme arménien et le militantisme sous toutes ses formes. En un demi-siècle, il aura rédigé des milliers d'articles dispersés dans la presse dachnak (Drochak à Genève, Hayrénik à Boston, Houssapèr au Caire, Aztak chapatoria à Beyrouth) et dans les innombrables numéros spéciaux constitutifs de la mémoire et de la culture de la diaspora.
Mais ce militant convaincu de la Cause arménienne n'est pas un fanatique. Court de stature, doté de traits inaltérables, le regard sérieux ou les yeux rieurs suivant les circonstances, c'est un homme calme et pondéré qui attire le respect et la sympathie. Constamment sollicité à l'occasion des cérémonies commémoratives qui rythment la vie de la communauté arménienne, il se révèle un orateur populaire et convaincant non par une vaine emphase rhétorique, mais par une parole raisonnée. Comme il se révèle un homme apte à la négociation dans l'Office des réfugiés arméniens placé sous la houlette de la Société des Nations, où il collabore avec l'écrivain Archak Tchobanian. A ce titre, il joue aussi un rôle important dans la publication d'un périodique bilingue, Le Refuge (1928-1932). Cet organe des réfugiés arméniens fait le bilan de leurs difficultés, mais les incite aussi à échapper à leur condition d'apatrides et à acquérir, en suivant des règles de bonne conduite, la citoyenneté dans le «refuge» français.
Tout en gérant avec une remarquable efficacité sa librairie, Hrant Samuel a assumé les plus hautes responsabilités au sein de la FRA. Membre constamment réélu du Comité central d'Europe occidentale, il a été durant quatre ans, dans les années 1960, comme Hovig Eghiazarian (disparu en 2008), membre du Bureau mondial, la plus haute instance dirigeante de la FRA. En 1945, à la mort d'Alexandre Khatissian, il devient le président de la Délégation de la République arménienne. Une fonction qui mérite une explication. On sait que Avédis Aharonian (1876-1948), président de la délégation de la République arménienne, arrivé à Paris en 1919, a apposé sa signature au bas du traité de Sèvres (1920) reconnaissant de jure le jeune Etat arménien et lui accordant une extension territoriale en Turquie. Après la soviétisation de l'Arménie (1921), la Délégation a joué le rôle d'un gouvernement en exil en France. Elle continue même à délivrer des documents officiels jusqu'en 1924, date à laquelle la France reconnaît l'URSS. Quoique privée de moyens d'action, la Délégation subsiste comme symbole de revendication politique sous la présidence de Aharonian jusqu'en 1934, puis sous celle d'Alexandre Khatissian (1876-1945) qui avait joué un rôle de premier plan dans l'Arménie indépendante. Président de la délégation, Hrant Samuel a souvent ménagé des entrevues avec les représentants en exil de la Géorgie (N. Jordania,V. Zourabichvili) et de l'Azerbaïdjan (A. M. Toptchibachev). En ce cas, pour impressionner ses homologues caucasiens, volontiers snobs, il se faisait accompagner par la séduisante et fine Heranouche Kazazian (elle est la mère du producteur de cinéma Alain Terzian) promue au rang de secrétaire. En avril 1965, la grande manifestation du cinquantenaire du Génocide arménien à Erévan s'achève aux cris de "Nos terres ! Nos terres !" et a un immense retentissement dans la diaspora. Deux mois après, la FRA décide de supprimer la Délégation pour la remplacer par le Comité de Défense de la Cause Arménienne. Tout naturellement, Hrant Samuel en devient le président. On venait d'entrer dans une nouvelle phase de la Cause arménienne : à la revendication de l'indépendance de l'Arménie s'était substituée la reconnaissance du Génocide arménien.
Dans les «relations extérieures» de la FRA, le dialogue avec les Kurdes - voisins immédiats des Arméniens -, hier instrumentalisés par les Turcs, aujourd'hui victimes d'une répression féroce, était fondamental. Dans la perspective d'une alliance stratégique anti-turque, Hrant Samuel a entretenu pendant des années des relations suivies et amicales avec les frères Celadet et Kamuran Bedirkhan, chantres à Paris de l'indépendance du Kurdistan, mais non sans s'inquiéter de la carte des revendications territoriales kurdes.
La FRA avait été admise au sein de la Seconde internationale socialiste en 1907.Après la création de la Troisième internationale communiste (le Komintern) par Lénine (1919), la Seconde internationale a subi des avatars et s'est restructurée pour devenir après la Deuxième Guerre mondiale, l'Internationale socialiste. Hrant Samuel a été le porte-parole permanent de la FRA auprès des socialistes en France - l'estime entre Hrant Samuel et Gaston Defferre a été réciproque -, comme à Stockholm dans les congrès de l'Internationale.
Persuadé de la nécessité d'un espace communautaire, Hrant Samuel a été l'un des fondateurs de la MCA de Paris. Son action est patente, de la récolte des fonds pour l'achat de l'immeuble sis au 17, rue Bleue (1954) à l'inauguration (1965) et à la mise en place du conseil d'administration. La liste de ses activités ne s'arrête pas là. Il a été membre de divers comités dont un comité Komitas à la mémoire du maître de la musique arménienne. De 1957 à 1977, durant les vingt années qui ont suivi la disparition de Schavarch Missakian, il écrit et fait parvenir chaque jour au journal Haratch un éditorial. Gravement malade, il rédige le dernier, le 24 Avril 1977, quelques semaines avant sa mort, à 86 ans. Parallèlement, toute sa vie durant, outre des études sur la présence arménienne en France, il traduit des romans et des nouvelles du français vers l'arménien. A l'inverse, il rédige en français des mémorandums sur la question arménienne destinés à rafraîchir la mémoire des Etats, comme celui présenté à l'ONU (San Francisco, 1945). Il assume des fonctions sociales au sein de la FRA. Longtemps, il a géré les fonds de la modeste pension versée aux «vétérans» du parti, femmes ou hommes simples militants, intellectuels ou ex-fédaïs, que l'exil et l'âge avaient réduits à la pauvreté. En 1948, il achète une concession au Père Lachaise pour Avédis Aharonian qui attend toujours son rapatriement en Arménie
Ce bourreau de travail a toujours fait face avec une apparente sérénité aux situations extrêmes. Des années durant, il a subi, comme ses camarades de la FRA, les assauts et les violences verbales du HOG (Comité d'aide à l'Arménie) chapeauté par Moscou et de la presse communiste arménienne en France (M. Manouchian, Zabel Essayan), jusqu'à ce que le HOG soit interdit en France et ses dirigeants liquidés en Arménie à la fin des années 30.

Les héritiers
En 1926, Hrant Samuel a épousé Achkhène Khérian. Cette orpheline originaire de Akn et descendante d'amira (1) lui a apporté avec la stabilité affective une dot, s'est pliée aux exigences du métier de libraire et lui a donné deux enfants. Depuis des dizaines d'années, Alice (veuve de l'avocat Emile Aslanian) et Armen Samuelian assument en commun la gestion d'une affaire qui aura 80 ans en 2010. Un exemple rare d'harmonie fraternelle. Mais aussi de fidélité à l'héritage paternel accepté comme un devoir. Car depuis la révolution numérique qui a marginalisé la presse écrite et les libraires, la Librairie Orientale vit non de profits, mais de l'acharnement des «enfants Samuelian» à pérenniser une institution arménienne. Armen a grandi dans la librairie et a acquis du vivant de son père les compétences professionnelles qui font de lui un «orientaliste» incontournable. Alice avait des ambitions théâtrales et littéraires. Elle les a mises au service du négoce des livres. Tous deux se sont engagés dans la Cause arménienne. Alice, soutenue moralement et matériellement par Armen, a été la cheville ouvrière de la publication du Crime du silence (1984), cosignant avec Gérard Chaliand et Claire Mouradian les actes du Tribunal permanent des peuples sur le Génocide arménien. En 1988, elle a négocié la publication par Les Temps Modernes d'un numéro spécial sur l'Arménie et la diaspora. En 1989, elle a obtenu du Seuil l'édition de La Tragédie de Soumgaït, ouvrage préfacé par Bernard Kouchner et Eléna Bonner. En 2007, année où elle et son frère ont reçu la Légion d'honneur, elle s'implique dans la belle exposition sur le mouvement arménophile en France et dans le livre afférent, Arménie, une passion française.

Anahide Ter Minassian, France Arménie, numéro 353, du 1er au 15 janvier 2010
(1) Mot désignant des personnalités appartenant à l'oligarchie financière et politique de la communauté arménienne, généralement établie à Constantinople.


Présentation

Article paru dans la revue France-Arménie, numéro 165 de Mars 1997
Rédaction : Catherine Krikorian, Laurent Leylekian
Photos : Dicran Bogossian

Rue Monsieur lePrince  Armen Samuelian  Interieur de la librairie

Située sur les flancs du Théâtre de l'Europe, la librairie Samuelian est au coeur de St Germain des-prés, dans un quartier magique de Paris. Voici 67 ans que convergent vers la vénérable devanture de " LA " librairie orientaliste de Paris, un public disparate d'amateurs, d'érudits et de curieux. Son fondateur, Hrand Samuelian était venu de Constantinople, muni d'un doctorat en droit, pour achever son cycle d'études. Ce lettré, formé au Catholicossat de Cilicie, reste une figure emblématique de la Diaspora arménienne de France. Il souhaitait s'installer initialement dans la jeune République d'Arménie mais la soviétisation du pays contraria ce projet. Il rapatria alors le fonds arménien de la librairie Balentz de Constantinople et c'est ainsi que naquit cette institution qu'est la librairie Samuelian. Instruit de langues orientales, il l'enrichit très vite d'ouvrages consacrés à des destinations chargées de mystères et de senteurs épicées : la Byzance antique, la Perse des Sassanides et le Japon des Shogun. Cette inclination vers ce que l'on nomme l'orientalisme donne à la librairie une nouvelle dimension. Chercheurs, professeurs d'universités, arménologues, on vient de loin pour trouver l'ouvrage rare. On accourt même de la Bibliothèque Nationale consulter Monsieur Samuelian pour sa connaissance de l'osmanli et du persan ancien. Dès les années 30, la librairie publie des catalogues et tente même une diversification dans la reliure, expérience qui se terminera dans l'agrès-guerre. C'est à cette époque qu'Alice et Armen, animés du même amour des livres que leur père, commencent à le seconder.

Depuis, rien n'a vraiment changé. Toujours les rayonnages de bois patiné supportent des ouvrages de tous âges classés selon un ordre incertain. Inlassablement, les lambris et les poutres mêlent leurs arômes boisés aux exhalaison du cuir. Discrète, la photo du fondateur, disparu il y a vingt ans cette année, fait face à une machine à écrire qui l'a sans doute connu. Aux antipodes des mégastores aseptisés, on trouve ici conseil et aide. Au fil des ans, la librairie a également tissé des liens avec les Communautés Arméniennes et les orientalistes du monde entier : bien avant le téléphone portable et la visioconférence, ici, on a su communiquer. Alors, entre un envoi d'ouvrages à Buenos Aires, à l'occasion d'un 24 avril, et une aide gracieuse accordée à un jeune thésard en mal de bibliographie, le côté marchand apparaît accessoire, presque anecdoctique. Le lieu est à ce point historique, qu'Henri Verneuil tint à y tourner une scène de "588 Rue Paradis" (la librairie s'y appelle "Sayat Nova"). Alice et Armen en ont également fait une vitrine de la culture arménienne, et il n'est pas une exposition s'y rapportant dont le catalogue ne soit exposé. Et puis, avec l'ouverture de l'Arménie au tourisme, une nouvelle clientèle de voyageurs est apparue.

Pour l'avenir, Alice et Armen nous confient sans grande conviction qu'un jour ils informatiseront la gestion de la librairie mais "en préservant son âme" précise aussitôt Alice. Alors, dans l'attente que la troisième génération prenne la relève, Alice et Armen, pour vous, sans ordinateur mais avec ferveur, continuent à faire jaillir de rayonnages oubliés ces vénérables ouvrages que vous recherchiez tant.


ATTICA


Editions librairie KLINCKSIECK

  • Adresse : 6 Rue de la Sorbonne - 75005 Paris
  • Téléphone : 01 43 54 47 57
  • Commentaire : Editeur-Libraire.

Librairie OPHRYS

  • Adresse : 27, rue Ginoux - 75015 Paris
  • Téléphone : 01 45 78 33 90 - Fax : 01 45 75 37 11
  • Site internet : www.ophrys-editions.com
  • Commentaire : Les éditions Ophrys ont en charge la chaîne complète du livre : de la relation avec l'auteur, à la fabrication de l'ouvrage, confiée à son imprimeur, à la diffusion du livre et sa mise en place en librairie.

    Sommaire Pratique    Accueil