Si les historiens s'entendent pour voir en l'archevêque d'Alep, Mgr Abraham Ardzivian le premier patriarche de l'Église arménienne catholique en 1740 (reconnu par le pape Benoît XIV en 1742), il existait des Arméniens catholiques bien avant cette date. En effet, une fraction de l'Église arménienne demeura fidèle au concile de Chalcédoine de 451, passant ainsi sous l'autorité d’hiérarques et de missionnaires aux rites et aux nationalités hétéroclites. Il est difficile, face à l'absence de données crédibles, d'établir le nombre exact de fidèles composant cette communauté à l'échelle mondiale. Les estimations les plus réalistes s'accordent autour de quelques centaines de milliers de fidèles répartis en Arménie et en diaspora, avec un fort ancrage proche-oriental (Syrie-Liban). Élu en 1999, l'actuel patriarche Nersès Bédros XIX Tarmouni (né au Caire en 1940) siège au couvent de Bzommar, dans la montagne libanaise. En 1960, grâce aux efforts du cardinal Aghajanian (1895-1971), l'Église arménienne catholique s'est constituée en France en exarchat apostolique grâce aux efforts du pape Jean XXIII, et l'évêque Garabed Amadouni en a été le premier chef spirituel jusqu'en 1970. De 1970 à 1976, son successeur le père Nighayos Kéhiayan a assumé cette charge, puis en 1977, c'est Mgr Grégoire Ghabroyan (né à Alep en 1934) qui a été appelé du Liban. C'est sous sa juridiction que fut créée le 30 juin 1986 l'éparchie Sainte-Croix de Paris des Arméniens catholiques, directement rattachée au Vatican et dont les locaux se situent dans le V, arrondissement de la capitale française. Texte T. Y. dans France-Arménie, numéro 397, Mai 2013 Éparchie Sainte-Croix-de-Paris des Arméniens L'Éparchie Sainte-Croix-de-Paris des Arméniens est une juridiction créée le 30 juin 1986 pour les catholiques arméniens de France. Elle dépend directement du Saint-Siège à Rome. Monseigneur Élie Yéghiayan C'est le 23 juin 2018, que le Pape François a nommé Monseigneur Élie Yéghiayan Évêque de l'Éparchie de Sainte-Croix de Paris, en remplacement de Monseigneur Hovhannès Teyrouzian, démissionnaire (âgé de 77 ans, et donc touché par la limite d’âge canonique de 75 ans). Mgr Yéghiayan a pris possession de sa charge d'évêque de l'Éparchie Sainte-Croix de Paris des Arméniens Catholiques de France durant la Divine Liturgie qu'il a célébrée en rite arménien le samedi 10 novembre 2018 en l'église Saint-Étienne-du-Mont à Paris, sous la présidence de S. E. Mgr Michel AUPETIT, Archevêque de Paris et Ordinaire des Églises Catholiques Orientales de France. Biographie Monseigneur Élie Yéghiayan est né le 29 mai 1950 à Alep (Syrie) Il était jusqu’à sa nomination curé de la paroisse de Sainte-Croix de Zalka au Liban. Après des études complémentaires et secondaires au Séminaire arménien catholique de l’Institut du Clergé patriarcal de Bzommar et des études universitaires de philosophie et de théologie à l’Université Pontificale Grégorienne de Rome, Mgr Élie Yéghiayan est ordonné prêtre le 24 mars 1974 et devient membre de l’Institut patriarcal de Bzommar (Liban). En 1992, Il est nommé curé de la paroisse arménienne catholique de la Sainte-Croix et directeur du collège homonyme à Zalka. Dans la même période, il fut membre du tribunal ecclésiastique et membre des commissions liturgique et de l’enseignement catéchétique à l’éparchie patriarcale de Beyrouth. De 1997 à 2001, il fut recteur du collège pontifical arménien de Rome (Italie), puis vice-supérieur et membre du Conseil directif de l’Institut du clergé patriarcal de Bzommar jusqu’en 2007. Il fut ensuite nommé curé de la paroisse arménienne catholique Saint-Grégoire-Saint Élie. En plus de l’arménien et de l’arabe, Mgr Élie Yéghiayan parle le français et l’italien. Mgr Jean Teyrouz est nommé Administrateur apostolique jusqu’à la prise de possession canonique de son successeur. L’ordination de Mgr Élie Yéghiayan est prévue le 12 août 2018 au couvent Notre-Dame de Bzommar, à l’occasion de la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie selon le calendrier liturgique arménien.. Monseigneur Hovhannès Teyrouzian C'est le 2 février 2013, et sur proposition des Évêques de l'Église arménienne catholique, que Benoit XVI nomme Monseigneur Hovhannès Teyrouzian Évêque de l'Éparchie de Sainte-Croix de Paris, en remplacement de Monseigneur Grégoire Ghabroyan, démissionnaire. Il prend possession de sa charge d’évêque durant la Divine Liturgie qu’il célèbre en rite arménien le dimanche 7 Avril 2013, en la Cathédrale arménienne catholique Sainte-Croix-de-Paris, sous la coprésidence de son Éminence le Cardinal Leonardo Sandri, Préfet de la Congrégation pour les Églises Orientales et de son Éminence le Cardinal André Vingt-Trois, Archevêque de Paris et Président de la Conférence des évêques de France.
Biographie
Monseigneur Hovhannès Teyrouzian est né le 6 mai 1941 Alep (Syrie).
Études primaires et secondaires à Alep, Petit séminaire de Bzommar, Grand séminaire de Rome, études de philosophie puis de théologie à l’Université pontificale Grégorienne, études de sociologie à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth.
Ministères : Sous-directeur de l’École éparchiale d’Alep (1966), curé du Liban en diverses paroisses, sous-directeur de l’École Mesrobian de Bourj Hammoud (Liban) et enseignant dans diverses écoles, économe interne et autres charges au Couvent Notre-Dame de Bzommar (Liban) y compris vice-recteur puis recteur du petit séminaire.
Mgr Krikor (Grégoire) Ghabroyan (1934- 2021) Naissance le 15 novembre 1934 à Alep (Syrie), décès le le 25 mai 2021 à Beyrouth (Liban).
Il est élu Patriarche des Arméniens catholiques en 2015 (voir ci-dessous) |
L'Église Catholique arménienne, par Monseigneur Mesroub Djourian, vicaire patriarcal pour l'Institut du clergé patriarcal de Bzommar
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Le courant de communion ecclésiale en Arménie jusqu'au XVIIIe siècle Avant d'aborder la période des relations directes entre les Arméniens et Rome, nous ferons quelques remarques préalables. Une fraction de l'Église arménienne, dès le début, manifesta sa fidélité au concile de Chalcédoine, restant unie à l'Église grecque qui, comme on le sait, fut elle-même en communion ecclésiale avec Rome jusqu'au schisme de 1054. Mais c'est la période des croisades qui permit de définir, vis-à-vis de Rome, un lien qui avait été rompu avec le patriarche de Constantinople, mais pas vraiment avec le pape, que des pèlerins, au-delà de leur visite aux tombeaux des saints Pierre et Paul, allaient saluer. Le précurseur de l'oecuménisme fut, au XII° siècle, le catholicos saint Nersès le Gracieux qui admit (devant les Grecs) que l'Église arménienne n'était pas monophysite. Saint Nersès de Lambroun, évêque de Tarse, poursuivit le dialogue, mais avec les Latins. Les travaux de Jean Richard, éminent spécialiste de l'Orient latin, montrent que, comme les autres Églises orientales en relation avec les États des croisés, les catholicos de l'époque du royaume de Cilicie furent en communion avec le siège de Rome, de la fin du XIIe au début du XVe siècle. Cependant, si les Frères-Uniteurs, filiale arménienne des Dominicains du Proche Orient, rendirent service à la culture nationale en l'ouvrant aux grands théologiens de l'Occident, ils voulurent imprudemment conformer certaines traditions de leur Église à des critères strictement latins. En revanche, les moines basiliens, installés en Italie, en communion avec le Saint-Siège de Rome, furent les fidèles serviteurs des traditions nationales. La communion ecclésiale de l'Eglise arménienne avec Rome n'excluait ni les tensions (avec une partie du peuple et du clergé), ni les équivoques, mais fut réelle, même si elle ne dura pas comme celle des Maronites du Liban. En 1440, les délégués du catholicos Grégoire IX Mousabêgiants (résidant alors à Sis en Cilicie) au concile de Florence rétablirent brièvement l'Union. Mais on sait que le refus de Grégoire IX de transférer son siège en Arménie orientale assura, à moyen terme, la promotion du titulaire élu à Etchmiadzine en 1441. Les catholicos d'Etchmiadzine manifestèrent souvent, par la suite, un esprit de dialogue, et les persécutions vis-à-vis des Arméniens unis à Rome ne provinrent pas d'eux : rappelons que plus de la moitié des catholicos d'Etchmiadzine au XVIIe siècle, en particulier Movsès III, Hakob IV de Djoulfa, tentèrent de se rapprocher du siège de Rome. L'anathème contre le concile de Chalcédoine et le Tome de saint Léon fut alors supprimé. Ceci explique qu'un certain nombre d'évêques étaient alors unis au Saint-Siège (entre autres dans les colonies d'Europe orientale) sans qu'il y eût rupture avec la hiérarchie arménienne. Certains fréquentèrent même le Collège Urbain à Rome. La persécution; à la fin du XVIIe et dans les premières décennies du XVIIIe siècle, fut le fait de certains patriarches arméniens de Constantinople soumis, dans la capitale, aux pressions directes du gouvernement ottoman, et qui utilisèrent le pouvoir civil, non-chrétien, pour persécuter les Arméniens fidèles au concile de Chalcédoine et témoignant de leur communion ecclésiale avec le siège de Rome. C'est le patriarche Awédik', précédemment excommunié par le catholicos pour avoir expulsé les Jésuites d'Erzouroum, qui déchaîna la persécution, provoquant l'exil de Mekhit'ar - fondateur de la Congrégation Mekhit'ariste en Morée, puis à Venise - et le martyre du prêtre Komitas. Ne pouvant plus fréquenter ni les églises arméniennes où, contre leur conscience, ils auraient dû anathématiser le concile de Chalcédoine, ni les églises latines, par crainte d'être dénoncés comme "Francs", les Arméniens en communion avec le pape allaient être acculés à se constituer en hiérarchie indépendante. Certes, le zèle imprudent de certains missionnaires et la malheureuse affaire du diocèse de Lemberg (ou Léopolis) en Pologne (soustrait à l'autorité d'Etchmiadzine par l'action conjointe de l'évêque arménien Nikol Torossovitch et des bureaux romains) pouvaient expliquer une certaine suspicion vis-à-vis du courant de communion ecclésiale. Mais la plupart des Arméniens unis surent rester loyaux à l'égard de l'Église nationale. Rien ne saurait, de surcroît, justifier des persécutions confiées finalement au maître turc. Vers la restauration du patriarcat arménien catholique (1740) Les accusations, l'exil, l'emprisonnement et les exécutions ne pouvaient ni faire peur aux croyants arméniens catholiques, ni favoriser l'union du peuple. Les catholiques aussi bien que les apostoliques, les notables et les membres du clergé engagèrent des négociations laborieuses en 1701,1703 et 1714 pour trouver une solution viable basée sur des concessions mutuelles. Même le Saint-Siège de Rome fit des concessions sur certains points de la fameuse question de la Communicatio in sacris. Toutes les tentatives furent vaines. Parmi les Arméniens catholiques; l'idée d'avoir leur propre patrik (patriarche) et de se faire reconnaître comme communauté autonome faisait son chemin. Pouvaient-ils rester indifférents voyant les meilleurs des leurs disparaître? Le père Komitas avait été exécuté en 1707. L'Abbé Mekhit'ar, poursuivi, s'enfuit en Morée puis il passa à Venise avec ses moines. Matthieu Sare, ex patrik revenu au catholicisme, s'enfuit à Rome. Les évêques Melchior et Astwatzatour souffrirent les travaux forcés et succombèrent d'épuisement. L'archevêque d'Alep, Mgr. Ardzivian, condamné plusieurs fois, fut exilé dans une île sur les côtes syriennes. Libéré, il resta en exil au Liban. En 1740, les Arméniens catholiques d'Alep passèrent à l'action. Trois évêques, le clergé et les fidèles élurent l'archevêque de cette ville, Mgr. Abraham Ardzivian, comme catholicos-patriarche sur le siège de Sis qui était vacant en cette année. Mgr. Ardzivian entreprit le voyage à Rome en 1741. Il y trouva très bon accueil, fit sa profession de foi, et le pape Benoît XIV, confirma son élection et lui conféra le pallium. Rentré au Liban, Mgr. Ardzivian s'installa dans le couvent des moines arméniens antonins. Le patriarche maronite Joseph Khazen, les chefs des autres communautés catholiques firent preuve de solidarité et de charité envers Mgr. Ardzivian. Les moines antonins, débordant de zèle, se mirent à la disposition du patriarche qui les envoyait en mission. Inutile de dire que le patrik de Constantinople et le gouvernement ottoman ignorèrent l'élection de Mgr. Ardzivian. Le couvent de Bzommar, siège du patriarcat Hakob-Pétros II, élu patriarche en 1749, entreprit la construction du couvent de Bzommar où il transféra le siège patriarcal tout en gardant les Antonins sous sa juridiction. Ses successeurs résideront dans le même couvent jusqu'en 1867. Ils agrandiront le siège, fonderont un séminaire et organiseront un Institut de prêtres missionnaires, rattaché au siège patriarcal. Vu les éventuels dangers de persécution et pour des causes d'ordre matériel, même les évêques - à l'exception de ceux de Mardin et d'Alep - résidaient avec le patriarche, formant son Conseil. Périodiquement et très discrètement ils visitaient leurs diocèses. Pendant cette période, les patriarches eurent à résoudre des questions liturgiques et surtout de juridiction, avec Rome et les vicaires latins d'Orient. Ils voulaient soustraire à la juridiction de ces derniers les fidèles arméniens catholiques de rite latin et étendre les limites du patriarcat. Jusqu'en 1866 la juridiction du patriarcat englobait la Cilicie, une partie de l'Asie Mineure, la Syrie, l'Irak et l'Égypte. L'exarchat de Lemberg, en Pologne, dépendait de la Congrégation de la propagande. Les régions où la population arménienne catholique était la plus dense étaient rattachées au vicaire latin de Constantinople. A partir de 1758, celui-ci géra les affaires concernant les Arméniens catholiques par l'entremise d'un auxiliaire arménien. Ce dernier était choisi par la Propagande parmi les trois candidats proposés par le clergé et les fidèles arméniens. La reconnaissance et l'autonomie de la Communauté (1830) En 1820, le patriarche arménien de Constantinople fit une proposition d'union avec la fameuse "Invitation à la charité". Sept prêtres catholiques, dont cinq Mekhit'aristes de Venise, prirent part aux pourparlers. On rédigea une profession de foi tronquée et équivoque. Certains fidèles, excités, envahirent le patriarcat et tout se termina dans le désordre. En 1827, le sultan, aigri à cause de la destruction de sa flotte à Navarin par les forces navales anglo-franco-russes, et profitant de l'absence des ambassadeurs de ces trois pays, signa un firman (décret) de persécution qui fut appliquée avec une extrême rigueur. En 1828, les Russes attaquèrent la Turquie à l'est comme à l'ouest. Ils occupèrent Kars et Ardahan, firent pression sur le catholicos d'Etchmiadzine pour faire cesser les persécutions. Le tsar avait aussi offert ses services de médiation à Rome. Le pape Pie VIII adressait deux brefs au roi de France et à l'empereur d'Autriche leur demandant d'obtenir l'autonomie de la Communauté arménienne catholique. Le sultan promulgua le firman le 6 janvier 1830. Il reconnaissait aux Arméniens catholiques le droit d'avoir leur patrik et autorisait le retour des exilés. Aussitôt quatre-vingt-seize notables élirent comme chef religieux Antoine Nouridjan que le pape éleva à la charge d'archevêque-primat de Constantinople. Hagop (Jacques) Manuélian fut élu comme chef civil. Cette dualité fut supprimée quand, en 1866, le primat Hassoun cumula les deux charges. Le transfert du siège patriarcal à Constantinople Restait à résoudre l'union du siège primatial de Constantinople et du siège patriarcal de Bzommar. Lorsqu'en 1867 le primat Hassoun fut élu patriarche, Rome supprima le siège primatial par la bulle Reversurus, réunit les deux circonscriptions ecclésiastiques et transféra le siège patriarcal à Constantinople. Avec le recul de plus d'un siècle, nous pouvons dire que si l'union des deux sièges, en soi, était bonne, le transfert a été peut-être une erreur, car il exposait le gouvernement patriarcal, dans les affaires d'ordre administratif ou civil et même ecclésiastique, aux interventions et aux immixtions des laïcs, à cause des prérogatives qu'ils avaient de prendre part aux affaires de l'Église. En effet, les laïcs, mal préparés à ces responsabilités, poussés par l'ambition, et certains d'entre eux manipulés par une certaine presse libérale, furent cause de profonds remous au sein de la communauté. Les synodes des évêques, notamment celui de 1911 et, le dernier en date, celui de 1928, supprimèrent tous les conseils laïcs. Le rayonnement de la communauté Grâce à son organisation, à l'esprit de discipline de son clergé et à la haute formation de ses prêtres, la communauté arménienne catholique, en moins de deux siècles (1740-1915), avait eu un rayonnement magnifique. Dans le domaine pastoral, c'était le clergé diocésain et les prêtres de l'Institut du clergé patriarcal de Bzommar qui assuraient le ministère. Le patriarcat avait alors seize diocèses, un exarchat (Pologne), neuf vicariats patriarcaux. Ils avaient aussi la responsabilité des Missions de l'Arménie du Nord et de la Géorgie. Le domaine de l'éducation était confié aux deux congrégations des pères Mekhit'aristes (Venise et Vienne) et à la Congrégation des religieuses arméniennes catholiques de l'Immaculée Conception. Ces trois congrégations avaient leurs écoles dans les villes et les villages au service de tout le peuple arménien. A l'apostolat de l'éducation, les pères Jésuites de la mission de la Petite-Arménie prenaient une part méritoire. Ils avaient trente écoles et 5520 élèves. Les pères Mekhit'aristes furent les pionniers de la renaissance culturelle. C'est à eux que nous devons la publication de tant d'ouvrages touchant l'histoire, la liturgie, l'hagiographie et la patrologie arméniennes. La tourmente des années 1914-1918 a tout détruit. Le renouveau et l'avenir Les évêques arméniens catholiques rescapés tiennent leur synode à Rome en 1928. Celui-ci décida le retour du siège patriarcal à Bzommar. La nouvelle résidence fut construite à Beyrouth grâce à la subvention accordée par Pie XI. C'est la période d'installation. Les prêtres séculiers et les membres de l'Institut du clergé patriarcal de Bzommar se dévouent au service des rescapés du peuple décimé, constitués surtout de veuves et d'orphelins. D'autres prêtres, démunis de tout, s'en vont dans les missions lointaines (France, États-Unis, Amérique latine) pour assister les fidèles. Avec l'avènement, du très regretté cardinal Grégoire-Pierre XV Agagianian commence une période d'épanouissement. De nouveaux diocèses sont créés, ainsi que des paroisses dans les pays du Moyen-Orient. Le nombre des missions augmente. Des vicariats patriarcaux sont érigés à Jérusalem, à Damas, en Grèce. Depuis les années soixante, trois exarchats ont été créés : le premier en France (1960), le second aux États-Unis et au Canada (1981), le troisième en Amérique latine (1981). Lors de sa visite en Arménie soviétique (en 1965), le patriarche Ignace-Pierre XVI avait fait quelques démarches, mais en vain, pour obtenir l'autorisation d'envoyer un prêtre assister les fidèles arméniens catholiques. Les écoles ont surgi partout (dix seulement pour le diocèse patriarcal) grâce au dévouement des prêtres de l'Institut du clergé patriarcal de Bzommar, du clergé diocésain, des pères Mekhit'aristes et des soeurs de l'Immaculée-Conception. Les pères Jésuites continuent l'oeuvre de la Mission d'Arménie avec deux écoles, l'une à Beyrouth, l'autre à Alep. A cause des bouleversements socio-politiques dans les pays du Moyen-Orient, le centre de gravité de la Diaspora arménienne s'est déplacé vers la France, le Canada, les États-Unis, l'Amérique latine et l'Australie. Actuellement d'immenses efforts sont déployés dans ces pays pour couvrir les besoins des fidèles dans le domaine de l'éducation. Car la Communauté arménienne catholique ne s'est pas constituée comme une unité fermée sur elle-même refusant l'identité et les valeurs nationales. Avec son effort d'évangélisation, ses institutions scolaires, ses oeuvres sociales, sa presse, l'élite de ses intellectuels, et ses interventions discrètes en des moments difficiles, elle est ouverte à toute la nation arménienne. Depuis 1982, l'Église arménienne catholique a comme patriarche Sa Béatitude Mgr. Jean-Pierre XVIII Kasparian, prélat jeune et plein d'un optimisme serein. Comme Église locale, elle connaît toutes les difficultés de toute Église locale, et en plus, le problème de la dispersion. Aussi, face à ces difficultés, en ce temps de "la grande pénombre", toutes les forces vives de la communauté sont conscientes qu'il y a entre elles une mutuelle appartenance. Quand il s'agit du Royaume de Dieu il n'est pas permis d'agir "en hommes de peu de foi", mais de se livrer au souffle puissant de l'Esprit qui conduit vers le renouveau. L'histoire de la chrétienté arménienne a été celle d'un témoignage de souffrances à l'ombre de la Croix pour le Christ. Il veille avec eux qui souffrent pour Lui. Il ne les abandonne jamais. L'Église catholique arménienne de France, consituée en exarchat apostolique par le pape Jean XXIII en 1960, vient d'être promue au rang d'éparchie du titre de Sainte-Croix de Paris des Arméniens. Elle est gouvernée par son Excellence Mgr Grégoire Ghabroyan, évêque de l'Éparchie de Sainte-Croix de Paris qui est secondé par Mgr Manuel Batakian, vicaire général.
Le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, dans l'homélie qu'il prononça lors de la messe du 70e anniversaire du génocide de 1915, à Notre-Dame de Paris (21 avril 1985), invitait les chrétiens arméniens à s'interroger sur le sens profond de la dispersion consécutive à leurs épreuves
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Sa Béatitude Grégoire Bedros XX Ghabroyan (1934-2021) Un mois après la mort du patriarche Nerses Bedros XIX Tarmouni, le Synode de l'Église catholique arménienne, réuni à Bzommar (Liban) du 14 au 24 juillet 2015, a élu son successeur en la personne de Mgr. Grégoire Ghabroyan (81 ans). Désormais patriarche de Cilicie des Arméniens il sera appelé Grégoire Bedros XX Ghabroyan. Le prélat est né à Alep, en Syrie, le 15 novembre 1934. Il est entré au séminaire très jeune au Collège des Pères Maristes à Jounieh (Liban) et a terminé sa formation théologique à l'Université pontificale grégorienne. Le 3 janvier 1977, il fut nommé exarque des Arméniens catholiques de France et reçu l'ordination épiscopale le mois suivant. Mgr Ghabroyan, guide des arméniens catholiques français fut élevé en 1986 au statut de l'éparchie (éparche émérite de la Sainte-Croix de Paris). Il avait terminé de remplir sa fonction d'évêque diocésain en février 2013. Conformément au Code de droit canonique des Églises orientales, après l'élection du 24 juillet 2015, le nouveau patriarche arménien catholique a demandé au pape de lui accorder la communion ecclésiastique, celle-ci obtenue, il aura le pouvoir de convoquer le synode et à ordonner de nouveaux évêques. Adhérant à la demande du patriarche Ghabroyan, le pape François lui a envoyé un message le 25 juillet 2015 lui accordant la communion ecclésiastique et le félicitant pour son élection. "L'élection de Votre Béatitude - a écrit le Pape - arrive à un moment où votre Église est confrontée à certaines difficultés et à de nouveaux défis, comme en particulier la situation d’une partie des fidèles arméniens catholiques qui traverse de grandes épreuves au Moyen-Orient. Cependant, illuminé par la lumière de la foi au Christ Ressuscité, notre regard sur le monde est plein d’espérance et de miséricorde, car nous sommes certains que la Croix de Jésus est l’arbre qui donne la vie". «Je suis convaincu - a ajouté François - qu'en communion avec les vénérables Pères du Synode, par l’aide de l’Esprit-Saint, vous saurez, avec une sagesse tout évangélique, être le “Pater et Caput ”, le Bon Pasteur de la portion du peuple de Dieu qui lui a été confiée. Les nombreux martyrs arméniens et saint Grégoire de Narek, Docteur de l’Église, ne manqueront pas d’intercéder pour vous". La cérémonie d’intronisation a eu lieu le 9 aout au couvent de Bzommar, siège du patriarcat arménien-catholique, au Liban. Sa Béatitude Grégoire-Bedros XX, Catholicos-Patriarche de Cilicie des Arméniens Catholiques, et Évêque Émérite des Arméniens catholiques de France (1977-2013) est décédée à Beyrouth, le 25 mai 2021 à midi, à l’âge de 87 ans. Obsèques le 29 mai 2021 au Siège Patriarcal du Couvent de Notre-Dame de Bzommar - Liban.
Sa Béatitude NERSES-BEDROS XIX Tarmouni, Catholicos-Patriarche de Cilicie des Arméniens Catholiques (1940-2015) Né au Caire, en Égypte, le 17 janvier 1940, il est le 5ème d'une famille de 8 enfants. Décès le 25 juin 2015.
Il fit ses études primaires et secondaires dans les collèges des Frères des Écoles Chrétiennes, au Caire.
Sentant très tôt la vocation au sacerdoce, il fut envoyé en 1958 au Collège Pontifical Léonien Arménien de Rome, où il suivit les études de Philosophie et de Théologie à l'Université Pontificale Grégorienne.
Le 18 février 1990, il fut sacré évêque de l'Éparchie (Diocèse) d'Alexandrie pour l'Égypte et le Soudan, par l'imposition des mains de Sa Béatitude Jean Pierre XVIII.
En tant que membre du Synode des évêques de l'Église Patriarcale Armé-nienne Catholique, il fut successivement
Communiqué du Saint-Siège
Communiqué du Patriarcat arménien catholique
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