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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Eglise Apostolique Arménienne - Documents

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L'Eglise apostolique arménienne, par Monseigneur Norvan Zakarian
(Primat du Diocès de France du 22 juin 2007 au 31 octobre 2013, élevé à la dignité d'archevêque le 26 août 2007 à Etchmiadzine)

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L'Arménie est une vieille terre de chrétienté, fécondée par le sang des martyrs. Son Eglise, l'une des plus anciennes communautés chrétiennes, a le rare privilège de vivre une grande fidélité à une tradition toujours vivante.

Origine apostolique de l'Eglise arménienne
Mgr. Ormanian, patriarche arménien de Constantinople et éminent historien, résume ainsi les faits : l'Arménie a été évangélisée par les deux apôtres Thaddée et Barthélemy. Saint Thaddée, dont la mission dura huit ans (de 35 à 43), fut martyrisé dans la région d'Artaz vers l'an 50. Saint Barthélemy, dont la mission dura seize ans, serait mort écorché vif en l'an 68 à Aghbak dans la région du Vaspourakan, aujourd'hui Bachkalé en Turquie ; son tombeau devint un sanctuaire très vénéré.
Les prédications et les guérisons accomplies par ces disciples du Christ provoquèrent des conversions par centaines et par milliers. Les convertis recevaient le baptême par immersion, semblable à celui de Jésus dans le Jourdain et pratiqué jusqu'à ce jour dans l'Eglise arménienne. Nombreux furent aussi ceux qui témoignèrent de leur foi jusqu'au martyre.
Ainsi, dès l'âge apostolique, une communauté chrétienne fondée sur la Parole de Dieu et sur le sang des martyrs se développe dans la clandestinité, à côté des cultes païens, et une Eglise se constitue de façon indépendante et autocéphale. Un christianisme de type syriaque, qui a pénétré par le sud du pays, se répand un peu partout en Arménie. C'est ce qui explique la rapidité avec laquelle la nation tout entière finira par se convertir au début du IVe siècle.

Le premier royaume chrétien de l'histoire
Saint GrégoireTiridateLe récit de cette conversion est rapporté par les historiens Agathange et Movsès Khorénatsi (Moïse de Khorène). La communauté chrétienne est en butte aux persécutions lorsque Grégoire, issu d'une noble famille arménienne, mais ayant reçu une éducation religieuse en Cappadoce, est jeté au fond d'un puits à Artachat. Il y survit miraculeusement pendant quatorze ans. Appelé alors à la cour du roi qui était atteint d'une grave affection mentale, il le guérit. Le roi Tiridate III, repentant et reconnaissant, se convertit alors au christianisme, entraînant avec lui toute la nation. Nous sommes dans l'un des cas, courants dans l'Antiquité et encore au Moyen Age, où la conversion de toute la nation suit celle de son chef (on peut évoquer ici, entre autres, le souvenir de Clovis).
C'est ainsi que l'Arménie devient en 301 le premier royaume au monde à proclamer le christianisme religion officielle : l'édit de Milan, par lequel Constantin tolère le culte chrétien dans l'empire romain, ne date que de 313.
L'historien Agathange raconte que saint Grégoire eut une vision : le Christ marquait avec un marteau d'or les fondations d'une église, et lui montrait les détails de la construction. Une église fut immédiatement mise en chantier à l'endroit désigné par la vision, près de la capitale Vagharchapat, sur les ruines d'un temple païen. Elle fut achevée dès 303, et devint la cathédrale d'Etchmiadzine, nom qui signifie "La Descente du Fils Unique". Etchmiadzine, berceau de leur foi chrétienne, est restée jusqu'à ce jour le centre religieux des Arméniens, de la Diaspora comme d'Arménie.

Organisation de l'Eglise
Grégoire, désigné comme premier patriarche officiel de cette Eglise, accompagné d'une escorte de soldats et de laïques, se rendit à Césarée de Cappadoce pour y être ordonné prêtre et consacré évêque par l'archevêque Léonce. Le dernier patriarche arménien était mort en 260. A son retour, Grégoire baptisa dans l'Aratzani, affluent de l'Euphrate, le roi avec sa suite le 6 janvier 303, puis il se consacra à l'évangélisation du, pays, détruisant les temples païens et fondant des églises.
Il créa une Eglise autochtone, dont la puissance fut considérablement renforcée ensuite, au milieu du Ve siècle, par l'administration du patriarche saint Nersês, descendant de saint Grégoire. Cette originalité dans la fondation et l'organisation de l'Eglise en a fait une Eglise nationale, que les Arméniens considèrent aujourd'hui comme l'un des garants de leur identité, d'où son nom, Hayastanyayts Yékéghétsi, "Eglise d'Arménie" (littéralement : "des Arménies"), ou encore Hay Arak'élakan Yékéghétsi, "Eglise Arménienne Apostolique".

Une Eglise à caractère national
Dès ses origines, l'Eglise arménienne est une Eglise nationale. Le caractère s'accentue encore lorsqu'en 406 le moine Mesrop Maschtots, encouragé par le catholicos Sahak, crée l'alphabet arménien afin de traduire la Bible et surtout de la transcrire en arménien. La création d'un alphabet a permis aux Arméniens, dès le Ve siècle, de développer une culture chrétienne propre. Le moine Mesrop est vénéré comme l'un de nos plus grands saints. L'Eglise arménienne célèbre chaque année, en octobre, la fête des Saints Pères Traducteurs, en mémoire de saint Mesrop, de saint Sahak et de toute une génération de traducteurs. La traduction de la Bible fut menée sur la base du texte grec des Septante ; elle fut achevée en 430. Elle est la septième dans l'ordre chronologique, et elle est considérée comme la "Reine des Traductions".
Les Arméniens ont traduit, en outre, un grand nombre d'écrits des Pères de l'Eglise. Ainsi un admirable petit ouvrage de saint Irénée, évêque de Lyon au IIe siècle, intitulé "Exposé de la prédication apostolique", dont l'original grec est perdu, peut être lu aujourd'hui grâce à sa traduction en arménien. Mais les écrits originaux des Pères arméniens ont aussi leur importance : quelques-uns ont paru en traduction française aux "Sources Chrétiennes" de Lyon.
L'Eglise arménienne est également nationale par la place de plus en plus grande prise par les laïques dans l'élection des ministres du culte (prélats, catholicos), et dans l'administration de l'Eglise : "Ainsi le laïc est dans l'Eglise, et le clergé fait étroitement corps avec la nation", ce qui donne à cette Eglise un caractère essentiellement démocratique.
Enfin, cette Eglise est nationale parce que son histoire s'est longtemps confondue avec celle de la nation, aux temps de souffrance comme aux temps de paix, de mort comme de résurrection. C'est ce qui fait que l'Eglise est considérée comme la mémoire de ce peuple, elle en reflète les lacunes et les richesses, les découragements et les aspirations.

Les conciles oecuméniques des IV, et VI siècles

  1. L'Eglise arménienne reconnaît les trois premiers conciles
    Elle a participé au premier concile oecuménique, celui de Nicée (325), et elle a adopté le symbole de foi de Nicée, où la foi de l'Eglise universelle est proclamée intégralement. Elle n'a pu envoyer de représentants au concile de Constantinople (381), ni à celui d'Ephèse (431), mais elle en a appliqué les édits et directives.
    L'Eglise arménienne considère que l'essentiel des dogmes du christianisme a été formulé dans ces trois conciles reconnus par tous, et elle proclame : un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ; et Marie, Théotokos, c'est-à-dire Mère de Dieu.
  2. Pourquoi ne reconnaît-elle pas le concile de Chalcédoine (451) ?
    C'est là un point difficile à résumer. L'Eglise arménienne n'a pas participé à ce concile, mais on peut se demander si elle y fut invitée. On sait seulement que l'empereur byzantin Marcien, qui convoqua le concile, avait auparavant repoussé la députation arménienne venue lui demander secours contre la persécution perse. Voici ce qu'en dit le père Jourjon, dans une conférence prononcée à Lyon : " Lorsque le concile se déroule, l'Arménie est en guerre de libération nationale et religieuse contre la Perse qui veut lui imposer et sa domination et sa religion (le mazdéisme). L'Eglise d'Arménie a connu de Chalcédoine la traduction que je crois quelque peu suspecte... du Tome à Flavien, lettre du Pape Léon à l'évêque de Constantinople Flavien. Dans cette traduction presque outrancière, la distinction des natures (divine et humaine) du Christ semblait une division, et, en lisant le texte, les Arméniens ont pensé que Chalcédoine coupait littéralement le Christ en deux.
    Mgr Duchesne dans son livre "Eglise séparée", dit fort bien à ce sujet : " A Chalcédoine, on déclara que le Christ est en deux natures et non de deux natures... ", et la réaction spontanée de l'Eglise d'Arménie a été de dire : on divise le Christ. C'est vrai que si le Christ est de deux natures, il est un ; s'il est en deux natures, il est deux, il est double... Je crois que l'Eglise d'Arménie, s'appuyant sur la foi de Nicée, ayant compris Ephèse, était vraiment de tout son coeur conquise à la foi catholique (universelle) et qu'elle a eu l'impression, par ce Chalcédoine lui-même mutilé qu'elle recevait..., d'une mutilation de la foi".
    De fait, les Arméniens virent dans les définitions de Chalcédoine, ainsi traduites, un retour à l'hérésie nestorienne condamnée par le concile d'Ephése.
    Les Arméniens isolés et en guerre, car ils luttaient afin de conserver la foi chrétienne, ne prirent d'ailleurs connaissance des décisions de Chalcédoine qu'au milieu du VIe siècle, et la rupture entre l'Eglise grecque et l'Eglise d'Arménie eut lieu effectivement en 555.
    A Chalcédoine, "il y avait non seulement un problème de théologie... mais un intérêt éminemment concret à sauvegarder : l'influence des patriarcats d'Alexandrie, Antioche, Rome et Constantinople" . Les Arméniens restèrent en dehors de ces querelles. Ils tenaient avant tout à sauvegarder leur foi et leur indépendance nationale. Au concile arménien de Dwin en 506, le catholicos Babkên 1er, proclama officiellement la profession de foi adoptée à Ephèse (y voyant, tout comme l'Eglise indivise, l'expression et la confirmation de la foi de Nicée) ; il anathématisa solennellement les fauteurs d'hérésie : Arius, Macédonius, Nestorius, et Eutychès ; ils continuent d'ailleurs à être anathématisés à chaque ordination par Eglise arménienne.

Bilan et conséquences

  1. Le concile de Chalcédoine a marqué un progrès certain de la réflexion christologique : l'Eglise y a "trouvé des formulations décisives pour tenir ensemble les deux pôles du mystère du Christ". Mais il a eu une conséquence désastreuse : il a provoqué un schisme dans l'Eglise indivise, entre les Eglises qui acceptent Chalcédoine et les autres (les Eglises arménienne, copte, syrienne jacobite, éthiopienne).
  2. Le concile avait condamné le monophysisme de la doctrine d'Eutychès, qui n'attribuait au Christ qu'une nature, physis : la nature divine, à laquelle venait s'adjoindre un corps humain. Par quel concours de circonstances les Arméniens furent-ils alors, comme Eutychès qu'ils continuent à anathématiser aujourd'hui encore, taxés de "monophysites" ?
    Les Arméniens sont monophysites dans le sens cyrillien du terme (celui du Ve siècle), comme l'Eglise indivise l'était en particulier de 431 à 451 : "C'est le monophysisme du concile d'Ephèse, bien différent de celui d'Eutychès, que sou=tient l'Eglise arménienne". Rappelons encore ce que disait à ce sujet Mgr Ajemian : "L'Eglise d'Arménie s'est mise à l'école de saint Cyrille d'Alexandrie, pour qui le Christ est Un. Par l'incarnation, le Verbe a fait sienne une humanité prie de la Vierge ; mais il n'a subi aucun changement par cette union : sa personne est restée ce qu'elle était, elle s'est faite chair : une seule nature du Dieu-Verbe fait chair". Or c'est pour affirmer cette unité que l'Eglise arménienne, gardant la tradition de l'Eglise universelle des premiers siècles, célèbre, le 6 janvier, en la Théophanie : la Nativité, l'adoration des mages, et le Baptême du Christ au Jourdain.
    La mentalité arménienne est concrète : le Christ est Un et ne peut être divisé. Il est Monogène (Fils Unique) du Père, et il a tout assumé de l'homme. Cela ne signifie nullement que l'Eglise arménienne ait succombé au monophysisme. En particulier, cela ne signifie pas que, du fait de l'Incarnation, le Fils ait cessé d'être Dieu, ou que son humanité en ait été moins parfaite.
    Le coeur de l'Eglise arménienne est "incarnationnel", et cela va jusqu'à l'extrême engagement du Verbe Incarné : sa Crucifixion et sa Résurrection. Et parce que sa foi est "incarnationnelle", l'expression de cette foi ne peut être que crucifiée : elle est une Eglise qui, tout au long de son histoire, par le témoignage et le martyre, a su porter dans sa chair le réalisme de l'Incarnation. Elle est une Eglise crucifiée qui vit dans l'espérance de la Résurrection. Aujourd'hui, et il a fallu quinze siècles pour cela, les théologiens reconnaissent qu'il y avait, autour du " monophysisme", un dramatique malentendu dans les formulations, et "les choix ont été tout autant politiques que dogmatiques".

    Constitution de l'Eglise arménienne

    Cette Eglise fait partie des Eglises d'Orient. Elle est autocéphale ; à la tête de l'organisation ecclésiastique et ecclésiale, se trouve le patriarche suprême (ou catholicos), Sa Sainteté Karékine II, 133e catholicos de tous les Arméniens. Son siège se trouve toujours à Etchmiadzine, près d'Erévan (capitale de la République d'Arménie), et il est un lieu de pèlerinage pour les Arméniens du monde entier.

    Catholicossats et patriarcats Etchmiadzine a été de tout temps le symbole de l'unité des Arméniens et leur centre religieux, malgré les déplacements du siège du catholicossat à travers les siècles dans les différentes capitales, la dernière étant Sis, en Cilicie. En effet, avec la grande tourmente des invasions seldjoukides du XIe siècle, la dispersion commence, une partie du peuple s'enfuit vers le nord et parvient en Europe orientale. Mais la partie la plus importante des émigrés se dirige vers le sud et donne naissance à l'Arménie cilicienne. En 1441, le catholicossat est rétabli à Etchmiadzine pour la Grande Arménie, tandis qu'un autre catholicossat demeure à Sis avec des prérogatives locales, et sera transféré à Antélias (près de Beyrouth) en 1930. Deux autres sièges mineurs sont aussi apparus au cours de l'histoire : le patriarcat de Constantinople en 1461, et celui de Jérusalem en 1311 (une communauté était présente dans la Ville Sainte dès le IVe siècle).

    Catholicossat dé tous les Arméniens à Etchmiadzine
    Au siège de l'Eglise-Mère, se trouvent la cathédrale, le palais du catholicos, l'Académie de théologie, le musée Alex et Mary Manoogian une imprimerie où l'on publie entre autres le mensuel Etchmiadzine, destiné à toutes nos églises. En 1969, les Quatre Evangiles ont été traduits et publiés pour la première fois en arménien moderne oriental. En 1975, le Nouveau Testament était publié en entier (60.000 exemplaires). Une traduction de l'Ancien Testament est actuellement en cours.
    L'Etat a restitué, en 1988, une vingtaine d'églises et de monastères en Arménie et les communautés arméniennes de Russie ont aussi retrouvé leurs églises. On assiste à un réveil de la foi depuis la revendication de l'Artsakh (février 1988) et le tremblement de terre de décembre 1988. On estime qu'à l'heure actuelle plus de 80 % des nouveau-nés sont baptisés. Le catholicossat d'Etchmiadzine exerce sa juridiction sur trente-trois prélatures, diocèses, délégations ou vicariats. On compte huit diocèses en Union soviétique : ceux d'Ayrarat, Chirak, Siounik', Outik', Artsakh (ancien nom du Karabagh) en. Arménie, ceux de Géorgie, d'Azerbaydjan, et enfin celui de Nor-Nakhidjévan en Russie, qui a son centre à Moscou. En dehors de l'Union soviétique, on trouve les diocèses suivants : trois pour l'Iran (Tabriz, Ispahan, Téhéran) ; trois pour la France (Paris, Marseille et Lyon) ; un pour la Grande-Bretagne, deux pour les Etats-Unis (New York, Los Angeles) ; et pour chacun des pays suivants : Irak-Inde, Extrême-Orient (Calcutta), Australie-Nouvelle-Zélande (Sydney), Egypte, Soudan, Ethiopie, Grèce, Bulgarie, Roumanie, Suisse (Genève), Autriche, R.F.A. (Stuttgart), Italie (Milan), Canada (Montréal), Argentine, Chili, Brésil, Uruguay".

    Catholicossat de la Grande Maison de Cilicie
    Ce catholicossat est une vivante illustration du poids de l'histoire sur le peuple arménien. Son siège est demeuré à Sis jusqu'aux massacres et déportations des Arméniens de Turquie. Il disparaît en décembre 1921 et s'établit en juillet 1930 à Antélias. C'est le catholicos Sahak Il Khabayan, élu en 1902, qui a vécu ce douloureux " passag". S'ouvre alors pour le Siège une nouvelle ère de vie spirituelle et culturelle : en 1932, est lancée la revue mensuelle Hask (Epi), organe officiel du catholicossat. En 1936, grâce aux efforts des Arméniens réfugiés au Liban, et à diverses contributions, un terrain est acheté sur lequel on construit un séminaire, la cathédrale Saint-Grégoire-l'Illuminateur, achevée en 1941, et un Martyrium. Actuellement, le Siège reste fidèle à sa vocation spirituelle et culturelle ; il comporte, outre le séminaire, une école, un club sportif, divers instituts de bienfaisance. Son imprimerie édite de nombreux ouvrages dans les domaines de la théologie, des sciences et de la littérature. De sa juridiction dépendent les diocèses du Liban, de Syrie, de Chypre, et (à partir de 1957) des diocèses dans les pays suivants : U.S.A., Canada, Grèce, Iran, Koweit.
    Les patriarcats de Jérusalem et de Constantinople dépendent tous deux d'Etchmiadzine.

    Le patriarcat de Jérusalem
    Il est avec l'Eglise Grecque Orthodoxe et l'Eglise Catholique (dite latine) l'un des trois gardiens des Lieux-Saints. Au centre du quartier arménien situé sur le Mont Sion dans la Vieille Ville, le monastère et la cathédrale Saint-Jacques sont bâtis sur l'emplacement de la demeure de saint Jacques, apôtre et premier évêque de Jérusalem. Dans l'église, sont vénérées les reliques de ce saint, ainsi que celles de saint Jacques le Majeur, de saint Macaire et de saint Grégoire l'Illuminateur.
    Le trésor de la cathédrale est extraordinaire : évangéliaires, chandeliers, croix, objets de culte en métal précieux... qui sont, pour la plupart, des dons provenant des pèlerins désirant exprimer leur attachement à la Jérusalem arménienne.
    Le monastère renferme un séminaire, un musée, une bibliothèque riche en manuscrits et en archives. Le patriarcat publie la revue Sion et de nombreux livres. Sa juridiction s'étend sur les communautés de Terre Sainte et de Jordanie.
    Depuis les temps les plus anciens, c'est-à-dire dès le IVe siècle, les Arméniens ont été nombreux à venir prier en Terre Sainte ; ils doivent se faire un devoir de garder à tout prix la tradition du pèlerinage à Jérusalem. Une ère nouvelle s'ouvre pour ce patriarcat avec l'élection de Monseigneur T'orkom Manoukian, précédemment archevêque de New York.

    Le patriarcat de Constantinople
    A la suite du génocide de 1915, il a vu réduire considérablement ses prérogatives ainsi que le nombre de ses fidèles. Sa juridiction se limite aux seuls Arméniens de Turquie, et ne porte plus que sur une population estimée à 60.000 personnes concentrées à Istanbul autour de 35 églises et de nombreuses écoles. L'église arménienne demeure extrêmement active en Turquie et, malgré tous les problèmes qu'il a connus, ce patriarcat conserve, de nos jours encore, une place importante dans la vie de l'église arménienne.

    L'Eglise hier et aujourd'hui
    L'Eglise a, de fait, dirigé la nation arménienne, en particulier dans le cadre de l'empire ottoman : le statut que lui conférait Mahomet II en 1461 faisait d'elle la responsable de la vie civile des sujets arméniens de l'empire et l'instance dirigeante sur un plan temporel, les patriarches devenant dès lors les intermédiaires officiels de la communauté auprès du sultan. Dans ces conditions, et en milieu musulman, l'Eglise a préservé une culture, elle a longtemps représenté le seul centre intellectuel de la nation, elle a été "l'âme visible de la patrie absente". En 1915, elle a partagé le martyre de son peuple et a été presque entièrement décimée. Plus que jamais, l'Eglise est devenue la seule institution commune aux Arméniens de l'Arménie alors soviétique et à ceux de la Diaspora. Ce faisant, elle est restée fidèle à sa vocation historique de rassemblement. Elle s'acquitte en diaspora de sa mission d'évangélisation auprès de ses fidèles dispersés sur les quatre continents. Elle demeure le lieu où se retrempe de façon régulière l'âme de tout un peuple. Minoritaire et coupée de ses racines, elle fait face à une crise des vocations autant qu'aux dangers de l'assimilation et de l'ignorance. Il lui faut, avec l'aide de l'Esprit Saint, créateur de communauté et source de vie, donner à ses fidèles de nouvelles raisons de croire et de vivre, s'ouvrir aux autres cultures sans perdre la sienne, être inventive et créer une nouvelle façon de vivre sa foi, sans manquer de fidélité à ses traditions millénaires.

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