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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Diasporas - Inde

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  • Le rêve d'une spendeur passée, 3e trimestre 2001

  • Les deux Arméniens de Madras, un conte indien moderne , Janvier-Mars 2000

  • Site Internet de Armenian College and Philanthropic Academy, Institutions créées en 1821 à Calcutta
     

    Article de David Zenian, UGAB Magazine, numéro 10, 3e trimestre 2001

    Le rêve d’une splendeur passée
    Fortement impliquée dans la société indienne, la communauté arménienne a connu une ires grande prospérité entre le XVIe et le XVIIIe siècle. À Bombay, Calcutta ou Madras, elle s'est manifestée dans les plus grandes villes du pays. Tour d'horizon.

    A peine 200 Arméniens vivent aujourd’hui en Inde. Une goutte d'eau dans un pays qui compte... un milliard d'habitants ! Et pourtant, cette microscopique communauté veille jalousement sur son patrimoine culturel. Ainsi s'efforce-t-elle d'entretenir régulièrement tous ses édifices religieux. On en trouve dans les plus grandes métropoles indiennes : à Madras, par exemple, la très jolie cathédrale Sainte-Marie, construite en 1772, se niche au fond d'une cour, à l'abri du brouhaha d'Armenian Street. Au XVIIIe siècle, elle constituait un point de ralliement pour tous les Arméniens de la région. A Bombay, c'est une inscription sur un immeuble, rue Naguindas, qui attire l'œil des passants : Ararat. En fait, cet édifice, réalisé dans les années 1950 par un riche mécène arménien, abrite la célèbre église Saint-Pierre. Il y a trois cents ans, la communauté comptait jusqu'à 20 000 membres en Inde. Elle était prospère et vivait en bonne intelligence avec les pouvoirs locaux. Les tout premiers échanges remonteraient à l'Antiquité. Et, bien avant Alexandre le Grand, Xénophon (Ve siècle av JC), le célèbre historien grec, affirme que les rois de Perse faisaient appel aux Arméniens, dont les marchands sillonnaient déjà l'Inde depuis longtemps, pour appuyer des expéditions commerciales. Plus tard, des Indiens se rendront même en Arménie. D'après Zenob Glak, l'un des disciples de Grégoire l'Illuminateur, une colonie indienne s'y serait établie aux alentours de 149 av J.-C. Dans un livre imprimé en 1832 par l'ordre des Mékhitaristes de Venise, Zenob raconte que cette première colonie a été fondée dans la province de Daron par deux princes indiens qui voulaient ainsi échapper à leurs poursuivants après l'échec d'un complot... Ils auraient d'ailleurs construit une cité, nommée Veeshap. Bref, des liens ancestraux, patiemment tissés au cours des siècles, unissent ces deux peuples, comme l'évoquent de nombreux historiens arméniens, tels Movses Khorenatsi, Jegishe, Yeznik Koghbatsi, Davit Anhaght ou Stepanos Orbelian. Marchands, diplomates ou hauts fonctionnaires, les Arméniens ont ainsi occupé des places importantes dans la société indienne. L'un des plus célèbres, le colonel Jacob Petrus, a même tenu tête à l'armée britannique pendant soixante-dix ans pour défendre son pays d'adoption, avec 12 000 soldats et 40 officiers arméniens.
    C'est encore à un Arménien que Bombay fait appel pour, cette fois, dynamiser le commerce local. Khojah Minas connaîtra alors une fulgurante réussite sociale, qui aura valeur d'exemple pour toute la communauté. Et puis, en 1794, c'est à Madras que le premier journal arménien au monde voit le jour. Une date historique. Azdarar marque le début d'une longue série de publications, dont le fameux Patriote arménien, l'organe officiel de l'association Ararat.

    A Madras, naissance du premier journal arménien
    Au VIIIe siècle, soit plus de sept cents ans avant que Vasco de Gama ne débarque en Inde - le 20 mai 1498 - un marchand arménien, Tomas Cana, aurait déjà vécu sur la côte de Malabar. Les historiens pensent qu'il n'était pas seulement commerçant mais aussi habile diplomate. Les chrétiens de Malabar, notamment ceux de Madras, le connaissent aujourd'hui sous le nom de Kana Tomma. Une transformation de son patronyme d'origine, Kahana voulant dire prêtre en arménien. On ne sait pas s'il a fini par être ordonné, mais une chose est sûre : Kana Tomma a permis au christianisme de se répandre dans la région. Plus tard, d'après les chrétiens de Madras, les Arméniens localisèrent la tombe de Saint Thomas. Cet apôtre, rappelons-le, a christianisé l'Inde en 52, des siècles avant que l'Europe ne se convertisse. Selon un livre publié par un prêtre de l'église de Senehora de Expectora, construite à Madras en 1523, les Portugais sont avertis de l'emplacement de la tombe de l'apôtre saint Thomas par les indigènes et les marchands arméniens vers 1517. Au XVIIIe siècle, Khojah Petrus Woskan, un négociant arménien, fait construire une chaussée de 160 marches pour parvenir au sommet de ce lieu sacré. Depuis, des centaines de milliers de pèlerins chrétiens les gravissent chaque année, notamment le 18 décembre, jour de la Saint-Thomas.
    Les Arméniens ont aussi participé à la réalisation de l'infrastructure de Madras. En 1726, Khojah Woskan édifie un long pont pour traverser le fleuve Aydar, qui, sépare la ville des collines avoisinantes. Il existe encore, car c'est la seule route menant de Madras à l'aéroport. Sur le côté ouest du pont, une stèle de pierre porte l'inscription suivante : Huns pontem edificari jussit pro bond publico Coja Petrus Liscan natione Armeni. Anno saluts, MDCCXXVI. (Coja Petrus Liscan, du pays d'Arménie, a fait construire ce pont pour le bien public. En l'an de grâce 1726). Ce monument comporte des inscriptions en arménien et en perse. Khojah Woskan n'est pas une exception. De nombreux Arméniens originaires de cette ville ont fait parler d'eux : Shahameer et Hagop Shahamirian, Agha Samuel Mgrditch Moorat qui, avec Edwad Raphael, finance la célèbre école Moorat-Raphaelian de Venise. Madras marque aussi la naissance du journalisme arménien. En 1794, le père Haroutiun Shmavonian publie le premier journal arménien au monde. Il s'appelle Azdarar. Jusqu'en 1863, onze journaux arméniens verront ainsi le jour à Madras, Calcutta et Bombay, dont le fameux Patriote arménien, organe officiel de l'association Ararat, créée en 1845.

    A Agra, un ministre de la Justice très zélé
    La première colonie arménienne apparaît sous le règne de l'empereur Akbar (1556-1605), surnommé le Marc Aurèle de l'Inde. Elle édifie sa première église en 1562. Non seulement Akbar finance alors sa construction, mais il épouse également, quelques années plus tard, une arménienne, Mariam, et la reconnaît comme l'une de ses reines officielles. L'empereur engage un Arménien, Abdul Hai, comme ministre de la Justice et - ce qui n'était pas si courant à l'époque - choisit comme médecin une femme, Juliana, arménienne de surcroît, pour prendre soin de sa famille ! C'est encore lui qui négocie le mariage de son médecin avec Jean-Philippe de Bourbon en 1560. L'un des petits-fils d'Abdul Hai, Alexandre, né en 1592, surnommé Mirza Zul-Qarnain par Akbar, deviendra émir à la cour pendant le règne de l'empereur Jehanger. Dans l'un de ses écrits, Jehanger fait plusieurs fois référence à Mirza Zul Qarnain. L'empereur le décrit comme « intelligent, terriblement travailleur » et comme un merveilleux compositeur de chants hindous... Des livres entiers ont été écrits sur la vie et les travaux de Mirza Zul Qarnain. L'un des auteurs, Michel Angelo Lualdi, un jésuite, raconte dans la Lettre annuelle de Goa de 1619: « La foi chrétienne s’était principalement propagée dans une province de Mogor, où Mirza Zul-Qarnain, né en Arménie et chrétien de naissance, exerce depuis 1619 les fonctions de gouverneur. Il a construit une église pour rassembler les fidèles...Le nombre de pauvres ayant beaucoup augmenté, il a hébergée généreusement deux cents d'entre eux dans son propre palais. » Durant sa vie, Mirza Zul-Quarnain, tout comme son père Hagop, accorde d'importantes donations, aux Jésuites et aux églises arméniennes de Jérusalem. Le père et le fils, puis leur descendance, occuperont des postes administratifs importants jusqu'au milieu du XVIIe siècle, laissant derrière eux un héritage de travail et d'accomplissement civique et social qui constituera un formidable exemple pour des générations d'indo-arméniens.
    Mirza Zul-Qarnain n'est pas le seul notable arménien à la cour du Grand Moghol. Un interprète arménien - lequel, pour des raisons inconnues, prend le nom de Domingo Pires - joue un rôle important dans les négociations entre la cour et les Portugais qui occupent plusieurs comptoirs en Inde. Dans une lettre adressée au vice-roi du Portugal, l'empereur Akbar l'avertit qu'il lui envoie « Abdullah, mon ambassadeur et Domingo Pires, un interprète chrétien arménien, avec la prière de m'envoyer deux prêtres instruits et vos livres de loi, en particulier les Saints Évangiles, pour que je puisse apprendre votre loi. »
    De cette communauté, jadis prospère, il ne reste plus qu'un cimetière, aujourd'hui classé monument historique. Plus de 110 Arméniens, dont huit prêtres, y ont été enterrés entre 1611 et 1927. Jusqu'en 1777, aucune femme n'y figure, car les Arméniens s'établissent dans la ville pour commercer, laissant épouses et enfants derrière eux. Sur leurs tombes, des inscriptions racontent leur histoire... Tous, pratiquement, viennent de Julfa, en Perse, où des Arméniens s'étaient installés en 1605. Comme c'est l'usage à l'époque, on inscrit sur les stèles funéraires leur nom suivi de celui de leur père. Exemple : « Cette croix sainte en mémoire du révérend Astvatsadoor, fils de Thasaleh de Julfa, mort à Agra en l'an 1063 de l'ère arménienne (1614). » Il est intéressant de noter qu'entre 1707 et 1774, aucun Arménien n'est enterré à Agra, sans doute parce que la communauté s'est installée entretemps dans la nouvelle capitale impériale : Delhi.

    A Delhi, un colonel arménien contre les Anglais
    A la fin du XVIIIe siècle, le colonel Jacob Petrus est l'un des plus célèbres Arméniens de Delhi. Fils d'un marchand d'Erevan, il s'est fait connaître en combattant les Britanniques pour son pays d'adoption. Pendant soixante-dix ans, Jacob et ses hommes, 12 000 soldats et 40 officiers arméniens, vont ainsi tenir la ville indienne de Gwalior, à 118 km au sud d'Agra. À sa mort, tous les habitants prennent le deuil. Au cimetière arménien de Gwalior, la dalle funéraire du colonel porte la mention suivante : « A la mémoire du colonel Jacob, né le 24 murs 1775, décédé le 24 juin 1870, à l'âge de 95 ans et trois mois. Il commandait la première brigade de Scindiah, où il a servi pendant soixante-dix ans. Qu'il repose en paix. »
    Le colonel Jacob n'est pas un cas unique. Le poète Sarmad, par exemple, est encore très célèbre. Selon certains érudits, dont Thomas William Beal, Sarmad est le pseudonyme d'un marchand arménien venu en Inde pendant le règne du Shah Djahan et converti au soufisme. Il est décapité en 1611, près de la mosquée de Delhi. Sa tombe est devenue un lieu de recueillement pour de nombreux indiens musulmans. Son œuvre, en particulier des poèmes écrits en persan, est toujours très populaire. Elle tient une place importante dans la littérature soufie.

    A Bombay, un marchand appelé à la rescousse
    Après la prise de la ville par les Britanniques, en 1661, et le déclin de Surah, les nouvelles autorités de Bombay font appel à Khojah Minas, un marchand arménien, pour redynamiser le commerce local. La communauté arménienne va alors connaître un développement rapide. Galvanisés par la réussite sociale de Khojah, ses compatriotes vont accéder à des postes enviables.
    En 1852, par exemple, l'Arménien Joseph Marais Joseph devient médecin à Londres. Il franchit alors tous les échelons et se retrouve chirurgien général à Bombay. Sa réussite ne passe pas inaperçue. En 1885, à l'occasion de sa retraite, le Daily Post de Bangalore loue son « extraordinaire carrière, ses trente-trois ans d'expérience et son goût du travail. »

    A Surah, un négociant en diamant bien inspiré
    Tout comme Delhi, la ville de Surah a également abrité des Arméniens jusqu’au XVIIIe siècle. Ce sont des marchands qui arment leurs propres bateaux pour commercer avec l'Europe. Certains se spécialisent dans le négoce de pierres précieuses, d'autres préfèrent le coton et le tissage de la soie. Des noms restent encore gravés dans les mémoires, comme celui de Khojah Johannes Rafael, un riche négociant en bijoux, qui achète le fameux diamant indien de 195 carats qu'il vend en 1775 au prince Orloff. Celui-ci présente la pierre à Catherine H, qui la fait sertir sur le sceptre impérial. Un peu plus tard, Hripsimeh Leembuggen, fille d'un riche marchand, Eléazar Voskan, va elle aussi se rendre célèbre. A la mort de son père, elle hérite d'une fortune colossale et se lance dans les affaires. Elle meurt en 1833 et lègue toute sa fortune à des institutions arméniennes, notamment à l'Eglise de Madras, en faveur des orphelins.
    De leur côté, les Anglais voient d'un mauvais œil le succès commercial des Arméniens. Ils tentent alors de gagner la confiance d'éminents Indo-Arméniens pour obtenir des privilèges commerciaux auprès de la cour du Grand Moghol. Leurs efforts semblent sur le point d'aboutir quand, le 22 juin 1688, la Compagnie des Indes signe un accord avec la nation arménienne, entité représentée par un éminent homme d'affaires, Khojah Phanoos Kalandar.

    A Calcutta, un ambassadeur de Sa Gracieuse Majesté
    C'est un Arménien qui aide les Anglais à s'établir à Calcutta. Neveu de Khojah Phanoos Kalandar, Khojah Israel Sarhad est tenu en grande estime à la cour de Delhi. Les Anglais ne s'y trompent pas et l'envoient, en 1698, comme ambassadeur auprès de l'empereur Azem Ush Shan. Un choix judicieux : Khojah obtient de l'empereur un accord qui permet aux Anglais de jeter les bases de leur future administration aux Indes. Bien plus tard, J.C. Galstian, souvent appelé le doyen de la communauté de Calcutta, et sir Catchik Paul Chater, un descendant de Khojah Phanoos Kalandar, feront aussi beaucoup parler d'eux. J.C. Galstian est un homme d'affaires immensément riche. Il laissera en héritage de nombreux édifices, dont un musée et un parc. Sir Catchik Paul, lui, fait fortune à Hongkong. Il connaît un succès phénoménal et devient le plus grand magnat financier de son temps, tout en s'impliquant activement dans la vie de la cité. Ce richissime bienfaiteur lèguera d'énormes sommes à de nombreuses institutions, notamment arméniennes, dont le Collège La Martinière de Calcutta, où il a fait ses études, l'université de Hongkong, le Fonds de donation maçonnique, etc. Avant sa mort, il laisse sa résidence princière, surnommée Marble Hall, au gouvernement de Hongkong et tout le reste de son immense fortune à l'Église arménienne de Nazareth, à Calcutta, où il a été baptisé. Aujourd'hui, c'est Charles Sarkis (79 ans) qui dirige la Chater Home, la maison de retraite de Calcutta, où dix-sept Arméniens sans ressources ont été pris en charge. Plus connu sous le nom de Chacha (oncle en hindi), Charles Sarkis entretient également la petite chapelle et le cimetière arménien de Calcutta.

    David Zenian, UGAB Magazine, numéro 10, 3e trimestre 2001


     

    Ce texte d'Elizabeth Roy, pour l'ACAM, est paru dans le numéro 43 du Bulletin de l'ACAM, Janvier-Mars 2000 (traduction Jean-Pierre Hatchikian).

    Les deux Arméniens de Madras, un conte indien moderne

    Inde - Madras --- Cliquer pour agrandir Les deux seuls Arméniens vivant encore à Chennai (anciennement Madras, en Inde) sont les gardiens d'une église construite en 1772.

    Le quartier George Town de Madras donne le spectacle d'un désordre indescriptible même en plein soleil. Une expérience unique au monde : la circulation automobile à travers les rues à sens unique à la recherche d'une Rue des Arméniens, surtout quand vous savez qu'il n'y a plus aucun Arménien dans la ville. Surprise: vous montez de 2 mètres au-dessus de la voie pour vous retrouver toute petite contre la porte massive en teck de Birmanie de l'église arménienne (note du traducteur : le nom de la rue en langue tamoule est devenu "ARAMANAIKARATHERU", au coin de N.S.C. Bose Road et de Coral Merchant Street).

    Et alors, pendant que vous vous tenez là, la clameur de George Town s'efface, et le silence vous enveloppe lentement. Vous êtes près de l'église, un édifice construit en 1772, relativement bas avec un clocher modeste et des dômes aplatis, mais des colonnes magnifiques.

    Inde - Madras --- Cliquer pour agrandir L'autel est sans prétention mais brille des couleurs profondes du rouge et de I'or. Les quatre colonnes au pied de l'autel portent 20 médaillons ovales dépeignant la vie du Christ - peints par les artistes Arméniens ayant vécu à Madras pendant les années 1700. Au-dessus se trouve une icône de l'Assomption de la Vierge Marie. Comme les autres églises de son genre, l'église arménienne de la Sainte Vierge a du être dotée d'une riche iconostase. Aujourd'hui quelques-unes ornent encore l'autel, sous le clignotement de belles et très vieilles lampes à huile.
    La nef elle-même est étroite et longue avec ses rangées d'élégants sièges cannés. Les murs épais blanchis à la chaux sont nus.
    A une extrémité de la nef se trouve un mémorial de pierre au plus remarquable des Arméniens de Madras, Khojah Petrus Woskan, établi en 1723. Son monopole sur les importations lui apporta une immense richesse, dont il avait l'habitude de faire bénéficier les établissements religieux de la ville. II fit construira le pont de Marmalong, sur le fleuve d'Adayar, pour que les gens puissent se rendre sur le Mont Saint-Thomas.

    Khojah Petrus perdit tous ses biens quand les Français prirent Madras en 1746. Dupleix offrit de lui restituer ses biens s'il acceptait la protection française. Petrus lui répondit que " La tradition arménienne lui commandait de rester fidèle à ses bienfaiteurs, les Anglais, sur le territoire desquels il avait acquis sa richesse. Quant à ses propriétés, les Français y étaient bienvenus, mais il serait préférable de tout vendre et d'en distribuer le montent eux pauvres; après tout, le Trésor français, si renommé, ne pouvait pas en être au point d'avoir besoin de son or pour combler ses déficits ".

    Inde - Madras --- Cliquer pour agrandir La première église arménienne à Madras, en bois, fut construite vers 1688 quand la Compagnie des Indes Orientales octroya à la communauté arménienne un traitement égal à celui des Européens. Elle fut reconstruite en 1712 avant d'être démolie par les Français. Avant même que la poussière soit complètement retombée, l'Arménien Agah Shameer Soothanoomian lançait la reconstruction de l'église, sur un terrain où se trouvaient la chapelle de sa famille et le cimetière arménien. L'église, construite dans la tradition arménienne, élégante et robuste, fut consacrée en 1772. Personne depuis n'osa s'y attaquer de nouveau.

    Les six cloches, dont deux ont été coulées à Londres en 1754, sont logées dans un beffroi séparé, et sonnent chaque jour à 9 heures du matin, quand l'église est ouverte et que les cierges s'allument.

    Gardiens du souvenir

    Vers 1950 un conflit agita la communauté arménienne, avec comme résultat la nomination par le tribunal de Madras de King et Partridge, une firme locale, comme administrateurs de la propriété.
    L'Association arménienne de l'Inde, siège social à Calcutta, fit appel et au bout d'un an, le Tribunal de Madras restitua la gestion à l'association arménienne, nommée administrateur en 1963.

    Inde - Madras --- Cliquer pour agrandir M. Grégory, un Arménien de Madras, lui fit suite en tant que gardien. A sa retraite (il continue de vivre sur les lieux, un grand vieillard de 86 ans), Michaël Stephan, un jeune Arménien fut invité par l'association à descendre de Bangalore pour lui succéder en 1995.
    Ensemble ils ont fait du cimetière un havre de paix, recevant des visiteurs étranges, canards en vadrouille ou chiens amicaux. En se promenant parmi les vieilles tombes et les anciens monuments on est frappé par le mémorial (re)construit de Frère Haroutioun Chemavonian, surmonté d'un ornement de 200 kilogrammes de tuf, sculpté et envoyé d'Arménie. Le Frère Haroutioun Chemavonian, une figure de la communauté arménienne est connu pour avoir imprimé et édité à Madras le premier journal arménien au monde, en 1794 - Aztarar 1794 --- Cliquer pour agrandir

    Tous les quatre ans, les bâtiments sont repeints, et toute réparation nécessaire par ailleurs est réalisée immédiatement. Mais la lutte contre la salinité et le poussier du port est de tous les instants. Heureusement, deux locataires occupent le terrain près de la route - l'un d'eux est le magasin de papeterie le plus ancien de George Town, installé depuis 96 ans - et le loyer payé et le revenu de quelques capitaux suffisent amplement.

    Inde - Madras --- Cliquer pour agrandir Avec seulement deux Arméniens à Chennai (Madras), des services religieux ne sont assurés dans l'église que deux fois par an, quand des prêtres arméniens viennent de Calcutta avec un choeur, un orgue et même une vingtaine de fidèles, pour maintenir une église vivante.

    Récemment le gouvernement a déclaré l'église "patrimoine national", et l'Association arménienne en a la garde. Avec l'ouverture du commerce et le développement économique, qui sait, peut-être des Arméniens reviendront-ils renouer les fils de l'histoire. Comme je quittai les lieux, je parcourus la Rue des Arméniens du regard pour voir si je ne pouvais pas y trouver trace des 46 maisons ayant appartenu à Khojah Petrus Woskan.

    Elizabeth Roy, pour l'ACAM

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