Ce texte d'Antranig Agopian a été publié dans le mensuel France-Arménie, numéro 166, Avril 1997 La communauté arménienne en Ethiopie L'Ethiopie, vieille chrétienté d'Afrique, qui a su résisté des siècles durant à la poussée islamique, a de nombreux points communs avec l'Arménie. Pays de haut plateau, Eglise orthodoxe non-chalcédonienne, alphabet original, le royaume du "Prêtre jean" ; comme on l'appelait au Moyen-Age, occupait une place comparable à celle de l'Arménie dans l'imaginaire occidental. Tout devait donc rapprocher les deux peuples, et une Communauté Arménienne a pu fleurir à Addis-Abéba, la capitale du Roi des Rois. Les aléas politiques ont cependant brisé cette belle harmonie, avec le renversement du Négus Haïlé Sélassié par les communistes. Aujourd'hui, l'arrivée au pouvoir d'un régime libéral laisse augurer un nouveau départ pour l'existence des Arméniens en Ethiopie. Après le Négus, des temps difficiles
Elle a cependant vécu un cauchemar à la suite de la chute de l'Empereur Haïlé Sélassié et de l'instauration d'un régime totalitaire en 1975. La quasi totalité des Arméniens sont obligés de quitter le pays après la confiscation de leurs biens. Pour ceux qui restent, c'est l'humiliation, la prison. La chute du régime marxiste de Mengistu annonce une éclaircie pour les 80 Arméniens restés sur place. Aujourd'hui cette mini-Communauté respire. L'Eglise Sourp Kévork ouvre tous les dimanches avec une cérémonie faite par le diacre Vartkès Nalbandian. L'école arménienne avait été nationalisée et se trouve dans une situation lamentable, mais une nouvelle école a été ouverte ; les ministres du gouvernement éthiopien font des pieds et des mains pour y inscrire leurs enfants. L'association sportive Ararat fonctionne et son restaurant est rempli chaque soir de diplomates et des coopérants étrangers qui viennent s'y régaler. Le cimetière arménien est entretenu et une solidarité relative existe entre nos compatriotes. Un procès pour crimes contre l'Humanité se déroule à Addis-Abéba pour juger les responsables communistes des années rouges pendant lesquelles des centaines de milliers d'innocents sont morts.
Addis-Abéba... j'y suis né. J'ai compris pourquoi je n'étais pas né en Arménie, lorsque mon grand-père maternel m'expliqua son exil de Cilicie et la disparition de la quasi-totalité de sa famille, lorsque mon père m'expliqua qu'il était orphelin et ne connaissait pas son père. J'avais dix ans lorsque l'on m'envoya à Sèvres, chez les Mekhitaristes parce que l'Ecole arménienne Kévorkoff d'Addis-Abéba s'arrêtait à l'élémentaire et parce que les étudiants éthiopiens gauchistes avaient lapidé des élèves arméniens, manquant d'en tuer quelques uns.
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Complément (2001) | |
Actuellement (2001), à Addis-Abéba, capitale du pays, il ne reste qu’à peine deux centaines d’Arméniens. L’école "Kevorkoff" fonctionne avec 200 élèves, dont seulement deux sont arméniens.
L’église "Sourp Kévork" est toujours en service, ses portes sont ouvertes au public le Dimanche jusqu’à 11 heures. Le club "Armenian Sporting Association - Ararat", avec un restaurant et une
salle de réunion au second étage, est fréquenté essentiellement par des Européens.
Eglise Sourp Kévork :
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