Film "Le 1Bis Chroniques arméniennes"Ce documentaire de 28 min, réalisé par Jocelyne Sarian, retrace l’histoire de familles arméniennes victimes du génocide de 1915. A partir de 1926 ces réfugiés furent accueillis au 1Bis rue Rouget de L’Isle, à Choisy-le-Roi. Le récit s’appuie sur le journal intime de Hrant Sarian, grand père de la réalisatrice. Il a commencé à l'écrire à 15 ans, dès le début de son exode. Les témoignages de locataires et d’experts complètent ces chroniques.
Une histoire entre l’Orient et l’Occident qui résonne jusqu'à nos jours. La voix du grand père est interprétée par Pascal Légitimus, lui aussi proche du 1Bis par la famille de sa mère.
Le film est produit par Shifter Production, Christophe Ramage en a fait l'image et le montage. Musique originale de Jérôme Madesclaire.
Diffusion à partir du 26 octobre 2015. Le film a été financé en partie par la ville de Choisy-le-Roi et la Fondation Bullukian en est le principal mécène.
Brochure sur l'évènement
Editée par la vilel de Choisy-le-Roi
Le 26 septembre dernier, une plaque mémorielle a été dévoilée à la Maison arménienne de Choisy-le-Roi, situé au 1 bis rue Rouget de l'Isle. Une initiative remarquable que l'on doit au maire de la ville, Didier Guillaume.
Dans le cadre des célébrations du centenaire du génocide du peuple arménien, la Ville de Choisy-le-Roi, en Ile-de-France, a programmé du 24 au 26 septembre 2015, Chroniques arméniennes en Val-de-Marne, sous le patronage du Département. Outre les différents évènements qui ont marqué ces trois journées - conférences, débats, expositions, soirées contes arméniens - une plaque mémorielle a été dévoilée le samedi matin à la « Maison arménienne » de Choisy-le-Roi, située au 1 bis rue Rouget de Lisle. Cette initiative remarquable due au maire de Choisy-le-Roi, Didier Guillaume, et au conseiller municipal délégué, Laurent Ziegelmeyer, a été parrainée par Pascal Legitimus qui n'est pas un Inconnu.
Noémie Capamadjian
Cet immeuble a abrité pendant des décennies des familles de rescapés du génocide grâce à la générosité extraordinaire de Madame Noémie Capamadjian, fille de Boghos Nubar, qui l'offre dès 1926 à l'UGAB. Des réfugiés et leurs descendants y ont vécu jusqu'aux années 90. Lors de son discours plein d'humour retenu, de sensibilité et d'émotion, Pascal Legitimus a évoqué sa grand-mère, Madame Cambourian qui a vécu jusqu'à la fin de sa vie dans cet immeuble de l'UGAB, rappelant l'ambiance de « petite Arménie» conviviale.
Devoir de mémoire
Didier Guillaume a inauguré la plaque par un discours émouvant, évoquant ces réfugiés alors qu'un siècle plus tard l'histoire se renouvèle. Aris Atamian, membre du Central Board de l'UGAB, a rappelé l'extraordinaire lucidité et générosité de la donatrice qui a permis à des rescapés de revivre. Il a remercié le Maire et Laurent Ziegelmeyer pour cette initiative, qui pérennise le devoir de mémoire afin de témoigner dans cette ville chargée d'histoire. Ce dévoilement de la plaque a été suivi par la projection du film de la réalisatrice Jocelyne Sarian 1 bis, Chroniques Arméniennes. Il évoque l'ambiance incroyable de ce lieu arménien peu connu du public.
Le film de Jocelyne Sarian
Avec une sensibilité rare, défilent des images de l'époque, tirées des archives de la bibliothèque Nubar de l'UGAB, des témoignages de ces hommes et femmes qui ont vécu l'horreur mais, comme disait William Saroyan, ils ont su recréer l'ambiance de leur vie arménienne passée. Un film d'auteur, remarquable, qui mérite d'être connu et projeté dans le monde entier. Le débat qui a suivi entre la réalisatrice, les descendants des habitants du 1 bis, l'historienne Claire Mouradian, la sénatrice honoraire qui a voté la loi sur le génocide Hélène Luc et Arsène Tchakarian, dernier survivant du groupe Manouchian, prouve que le devoir de mémoire est d'actualité et doit être universel.
Article Choisy Infos, numéro 191, Septembre 2015
Choisy Infos : Cette maison du 1 bis, rue Rouget de Lisle à Choisy-le-Roi ne vous est pas tout à fait inconnue...
Pascal Légitimus : Ma grand-mère, la mère de ma mère, Yeranoui Kambourian était installée là-bas et nous allions assez souvent la voir. Mon père venait rarement avec nous car ma grand-mère et mon oncle étaient fâchés parce que ma mère s'était mariée avec un homme de couleur, qui de plus était un artiste. Tous ces gens qui ont quitté la Turquie au moment du génocide, en arrivant en France, souhaitaient être mieux lotis. Quand ils ont vu ma mère débarquer avec un saltimbanque, qui plus est de couleur un peu foncée, ils n'ont pas été d'accord. En fait, je suis le résultat de l'amour tout simplement, parce que ma mère a eu le courage d'épouser mon père. Et à son mariage, il n'y avait que mon grand-père arménien, le mari de Yeranoui Kambourian. Chaque fois que nous allions à Choisy-le-Roi, nous étions empreints d'un double sentiment: la joie de voir la famille arménienne parce qu'il y avait toutes mes cousines et en même temps cette chape de plomb, marquée par le silence et l'absence de mon père, qui pesait. Mais nous n'en avions pas trop conscience à l'époque car assez petits.
Choisy Infos : Comment se passaient les dimanches à Choisy-le-Roi ?
P.L. : Avec la maison, il y avait un jardin qui était très important pour nous. Dans ce jardin, on a joué à beaucoup de choses... Au papa et à la maman, aux cow-boys et aux indiens, on se fabriquait des petites cabanes, on jouait à cache-cache. Cette maison, c'était une grande bâtisse et j'adorais les repas que nous y faisions dans le jardin, avec de grandes tablées. On y mangeait des plats typiquement arméniens, les beureks, les tcheureks. C'était une sorte d'enclave avec des odeurs, des ambiances, une famille nombreuse, mes frères et sœurs.
Propos recueillis par Claude Bardavid
Mise à jour : 2016