Edifiée grâce à la générosité du grand bienfaiteur Alexandre MANTACHIAN. Pose de la première pierre le 14 juillet 1902 par Mgr Kévork UTUDJIAN, qui l'a consacrée le 2 octobre 1904.
Architecte : Albert-Désiré GUILBERT
Un peu d'histoireLe 15 mars 1922, la cathédrale Saint Jean-Baptiste, située au 15 de la rue Jean-Goujon, à Paris, voit célébrer le mariage d'un héros arménien : le général Antranik. Cela fait bientôt 18 ans que la Communauté Arménienne de Paris (forte de 2 000 âmes), possède enfin son propre lieu de culte. Qu'elles sont loin les années 1853-1854 où celle-ci se pressait au 20 de la rue de Tournon pour écouter la Sainte Messe ! Oubliées les années 1865-1867 et ce local du 130 boulevard du Montparnasse loué à 1600 F ! Même la salle de l'église protestante du 20 rue de Vienne, mise à sa disposition, entre les années 1890-1901, était définitivement effacée de sa mémoire collective. Mais comment était-ce possible qu'une église, rappelant le style de la cathédrale d'Etchmiadzine d'Erevan, puisse poindre fièrement sa croix principale à plus de 31 m de hauteur en plein quartier résidentiel des Champs-Elysées ? C'est simple. La Communauté Arménienne de Paris était depuis le début du 19ème siècle, une réalité. Formée d'industriels, de commerçants, d'étudiants venus du Caucase, de l'Empire ottoman, de Perse, etc... même des Indes, elle réclama bien vite son lieu de culte. En 1902, un correspondant du journal arménien de Constantinople "Manzou-méi Effniar"écrivait : "Quand aurons-nous notre Sainte Eglise à Paris ?" Cette question ne resta pas sans réponse.
Le bienfaiteur Alexandre Mantachiants
Parmi les fidèles qui assistaient régulièrement aux offices du 20 rue de Vienne, se trouvait Alexandre Mantachiants, le richissime magnat du pétrole de Bakou, le bienfaiteur d'églises, d'écoles, le parrain de 200 étudiants arméniens tels que le poète Siamanto, le chanteur Arménag Chah-Mouradian, le musicologue Komitas... ne pouvait rester sourd à cet appel.
Religieux, profondément patriote, il fut touché par la requête du prêtre qui officiait au 20 de la rue de Vienne : le futur archevêque Vramchabouh Kibarian d'Artchouguents. Alexandre Mantachiants acquit donc, pour le prix astronomique de 450 000 F, un terrain de 800 m2 proche du quartier de sa résidence des Champs-Elysées, où il y séjournait 2 à 3 mois par an. Le choix de l'architecte fut arrêté sur le nom d'un jeune français, Albert Désiré Guilbert (l'église Notre-Dame de la Consolation, oeuvre de ce dernier, située au 23 de la rue Jean Goujon ayant fortement impressionné Mantachiants).
Le premier coup de pioche fut donné le 14 juillet 1902. Le 5 octobre suivant fut celui de la pose de la première pierre et en 1904, celle de son achèvement. Au fronton de cette église, longue de 25 m et large de 13 m, on grava symboliquement la 7ème lettre de l'alphabet arménien "£" ("Il existe", référence à Dieu). En dessous, "A la grâce de Dieu, Sous le pontificat à St Etchmiadzine, de sa sainteté Meguerditch I", Catholicos de tous les Arméniens, le très fidèle Alexandre Mantachiants a fait don sur ses propres deniers, du terrain et de la construction de cette église consacrée à St Jean-Baptiste, en souvenir de ses défunts parents et pour la plus grande satisfaction des enfants de la Sainte Eglise Apostolique Arménienne". L'ensemble de la construction, église et prélature se chiffra à 1 540 000 F. Le mensuel fondé et publié par Minas Tchéraz d'abord à Londres, puis à Paris, appela les Arméniens, dans son numéro du 1er novembre 1904, à exprimer toute leur joie et leurs remerciements au généreux patriote : Alexandre Mantachiants.
Mise à jour : 2023