La reine des traductions
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Le Baptême du Christ, tiré de l'Evangile de Skewra, 1198 |
Trois adolescents dans la fournaise, Miniature arménienne datant de 1286 |
L'Arménie était entourée de puissants voisins: l'Iran sassanide, au sud et à l'est, et l'Empire romain, puis byzantin, à l'ouest. Elle était soumise à la fois à leurs agressions et à leur influence politique, économique, religieuse et culturelle. La rivalité continuelle entre les Romains et les Iraniens aboutit à la division du pays en 387, lorsqu'un cinquième de l'Arménie passa sous la souveraineté de Byzance.
La division eut des conséquences tragiques pour l'Arménie. Chacune des deux grandes puissances voulut donner aux affaires politiques, militaires, socio-économiques et religieuses de son secteur la tournure la plus favorable à ses propres intérêts. Cette situation politique créa en Arménie une séparation religieuse et culturelle qui, à son tour, entrava l'évolution de la conscience nationale et le développement culturel du pays. Nous lisons dans Moïse de Khoren (Historien arménien du Xe siècle (?), qui nous renseigne sur la situation au moment de la traduction de la Bible) : "A la mort du roi Arshak, Shapuh (le roi de Perse) réunit une grande armée sous le commandement de Mehrovjan et l'envoya en Arménie... Il promit à Mehrovjan le trône dArménie, s'il se montrait capable de soumettre les princes, et de convertir le pays à la religion zoroastrienne... Mehrovjan brûla tous les livres dans le pays. Il leur ordonna de ne plus enseigner le grec, mais seulement le persan. 'Personne ne devra plus parler ni traduire le grec'; dit-il. Il utilisait ce prétexte pour que les Arméniens ne connaissent plus les Grecs et ne puissent pas établir avec eux des relations amicales. En réalité, il voulait réduire à néant l'enseignement chrétien ; car à cette époque les Arméniens n'avaient pas d'alphabet ni de littérature propre et la langue de l'Eglise était le grec."
Une Eglise persécutée, les Ecritures brûlées
Soit le grec, soit le syriaque...
" Incapables de comprendre la moitié d'un mot!"
L'invention de l'alphabet arménien
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Il y a deux sources pour l'étude de la traduction arménienne de la Bible: - les historiens arméniens du Ve siècle comme Korioun, Lazare de Pharbe et Moïse de Khoren; - le texte même de la Bible. Korioun, le disciple de Mesrop Machtots, écrivit la biographie de son maître vers 443-448. Pour pouvoir apprécier la valeur du récit, il est essentiel de citer: "Le bienheureux Machtots, avec la permission du roi et le consentement de saint Sahak, emmena avec lui un groupe de jeunes gens et, après avoir pris congé avec un saint baiser, il se mit en route dans la cinquième année de Vramsapuh, le roi d'Arménie. Il alla dans le pays d'Aram jusqu'à deux villes de Syrie, la première porte le nom d'Edesse et la deuxième celui d'Amid (Edesia: Edesse et Urha - aujourd'hui Ourfa en Turquie- ; Amid: Diarbeltir, en Turquie également). Il alla se présenter aux saints évêques, celui de la première ville s'appelait Babilas, et celui de la seconde Acace... Il répartit ceux qu'il avait emmenés en deux groupes, il en désigna certains pour étudier le syriaque à Edesse, et les autres il les chargea d'étudier le grec et les envoya à la ville de Samosate." C'est pendant son séjour à Edesse que Machtots inventa l'alphabet qui permettait de rendre par écrit toutes les subtilités de la prononciation arménienne. Chacun des éléments du système phonétique était pourvu d'un signe particulier, en tout trente-six lettres. Machtots, équipé de son alphabet, rassembla les disciples qui étaient restés pour étudier le syriaque, puis rejoignit les autres à Samosate. Là il rencontra un scribe et grammairien grec du nom de Hropanos, qui l'aida à affiner encore les formes des caractères. Ce fut à Samosate que Machtots se lança dans la traduction de la Bible avec la collaboration de deux de ses disciples, Voyhan et Yovsep.
L'Arménie devint merveilleuse!
Les traductions arméniennes modernes de la Bible
La première traduction en arménien oriental fut l'oeuvre d'un missionnaire suisse: A. Dittrich, de la Mission de Bâle (fondée en 1816). Cette mission avait commencé à travailler dans la région transcaucasienne dès 1820. Dittrich fut aidé par deux éminents écrivains arméniens: le diacre Movses et le pasteur Amirkhaniantz, avec lesquels il a traduit puis révisé le Nouveau Testament.
Traduction du Nouveau Testament
Les traductions en arménien occidental
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Encouragé dans son oeuvre par des représentants de la Société biblique britannique et étrangère, il traduisit en 1825 le Nouveau Testament, qui fut imprimé la même année à Paris par ladite Société biblique, dans une édition bilingue (grabar/ arménien occidental).
La traduction de l'Ancien Testament, quant à elle, fut achevée en 1849, sous la direction d'un américain, le pasteur Elias Riggs. Il s'était fait aider par le pasteur protestant Mgrditch Kiretchian, auteur de la première grammaire de l'arménien occidental. La Bible tout entière parut en 1853 à Smyrne. Contrairement au Nouveau Testament de Zohrabian - basé sur l'arménien classique - la traduction de Riggs se voulait fidèle aux langues originales, l'hébreu et le grec. Cette traduction, de type très littéral, fut réimprimée durant 126 ans avec des révisions linguistiques mineures. En 1978, l'Alliance biblique universelle entreprit une révision de cette traduction, qui parut en 1981 à Beyrouth.
Un exemple de collaboration
Manuel M. Jinbachian, conseiller en traduction de l'Alliance biblique universelle |