Le Catholicos de tous les Arméniens
La première personne de la hiérarchie ecclésiastique, le chef suprême de l'Eglise est le patriarche d'Etchmiadzine, le catholicos de tous les Arméniens.
Le patriarche d'Etchmiadzine partage la juridiction suprême de l' Eglise avec les patriarches de Constantinople, de Jérusalem, du catholicos de Cilicie, sans que ceci porte aucune atteinte à la primauté du siège d'Etchmiadzine et à l'unité hiérarchique de l'Eglise.
Les trois derniers sièges sont d'origine postérieure, et ont été créés sous la pression des conditions politiques et historiques dans lesquelles se trouvaient l'Arménie et les Arméniens.
Les mêmes conditions politiques nécessitèrent fréquemment le déplacement du siège catholicossal d'Etchmiadzine à Dvin, à Ani, à Roumkalé, à Sis, et de nouveau, finalement, à Etchmiadzine, en 1441.
Après la chute du royaume des Bagratides, les Arméniens durent se retirer devant le flot des invasions et transporter leur activité au delà de l'Euphrate, dans les terres de l'Arménie Mineure. Ils parvinrent à fonder un nouvel état en Cilicie, qui dura jusqu'en 1375. C'est dans ces conditions que les catholicos vinrent s'installer en 1147 à Roumkalé et en 1293 à Sis , jusqu'en 1441.
Les avantages qui avaient attiré les catholiques en Cilicie disparurent dés que le royaume arménien de Cilicie s'effondra. Une assemblée, tenue à Etchmiadzine en 1441, résolut de transférer le siège de Sis à Etchmiadzine. Le catholicos Grégoire Mousabekian, qui à cette date occupait le trône, ne se soumit pas à la décision de l'assemblée et continua de résider à Sis. L'assemblée élut alors un autre catholicos, Cyriaque de Virap. Ainsi fut réinstallé le siège patriarcal à Etchmiadzine où il se trouve encore.
L'élection du catholicos se fait alors d'après la constitution dite Polojénie, publiée en 1836 et d'après le règlement élaboré en 1843 par le synode d'Etchmiadzine et confirmé par le tzar.
On élit le catholicos dans une assemblée composée de deux délégués, l'un ecclésiastique, l'autre laïque, de chaque éparchie. On fait choix de leurs candidats et on les présente au tzar, qui déclare l'un des deux élu par un rescrit impérial..
Il y a un synode auprès du catholicos, dont le tzar nomme les membres sur la proposition du catholicos. Le synode a un procureur nommé par le gouvernement.
L'Eglise Arménienne en Russie comprend six grandes éparchies placées sous l'autorité des archevêques. Chaque éparchie a un consistoire pour régler les affaires sous la présidence de l'archevêque lui-même.
Le Catholicos de Cilicie
Après la scission de l'an 1441, Grégoire et ses successeurs continuèrent à résider à Sis, et pour ne pas donner lieu à confusion, ils se nommèrent "Catholicos de Cilicie". La juridiction du siège de Sis s'étendait sur un vaste territoire : elle comprenait antérieurement même Jérusalem. Avant 1915, elle comptait 16 diocèses dans les limites des vilayets d'Adana, d'Alep, de Sivas, d'Angora, de Kharpout. Il n'y avait que le vilayet d'Adana qui appartenait entièrement au siège de Sis; les autres n'en dépendaient que partiellement. L'île de Chypre, après quelques flottements entre Sis et Jérusalem, fut rangée parmi les diocèses de Sis.
Le catholicossat de Sis fut héréditaire, jusqu'en 1871, dans une famille appelée Adjapahian. Il fallut l'intervention du patriarcat de Constantinople pour mettre fin à ce monopole. Une assemblée composée de laïques et d'ecclésiastiques, arrêta son choix sur l'archevêque d'Angora, Mekrtitch, originaire de Marache, et fit confirmer son élection par le sultan.
Après la mort de Mekrtitch, survenu le 8 novembre 1891, on ne put lui élire de successeur, et le siège resta vacant, occupé par un locum tenens jusqu'en 1902. L'assemblée convoquée le 12 octobre à Adana élut catholicos l'archevêque Sahak, membre du couvent de Saint-Jacques de Jérusalem, né le 25 Mars 1819 au village d'Eghek prés de Kharpout.
Le Patriarche de Constantinople
Le patriarcat de Constantinople existe depuis 1461, époque où le sultan Mahomet II invita l'archevêque de Brousse à transporter son siège dans la nouvelle capitale de l'Empire, et lui accorda la dignité de Patrik ( patriarche ) avec toutes les prérogatives dont jouit le patriarche grec. Son titre officiel est "Archevêque de Constantinople, Patriarche des Arméniens de Turquie".
La juridiction du patriarche comprend 45 diocèses en Turquie, et les colonies arméniennes d'Egypte, de Bulgarie, de Roumanie et de Grèce.
Le patriarcat de Constantinople prit une place prépondérante dans l'organisation administrative de l'Eglise Arménienne, surtout à partir de 1860, quand le droit d'administrer les affaires passa à l'Assemblée Nationale. Celle-ci est composée de députés élus au scrutin public, conformément aux prescriptions du "Règlement National des Arméniens", qui est confirmé par l'iradé impérial et figure, comme loi de l'Etat, dans le Destour.
L'Assemblée Générale se compose de 120 membres, ecclésiastiques et laïques, élus par les diocèses. Elle est autorisée à élire deux conseils, RELIGIEUX et CIVIL, pour régler respectivement les affaires religieuses et civiles. L'union de ces deux conseils forme le Conseil Mixte. A ce dernier est réservé le droit de former des sous conseils ou bureaux pour gérer les affaires scolaires, judiciaires.
C'est l'Assemblée Générale qui élit le patriarche.
Le pouvoir exécutif appartient au patriarche.
L'élection du patriarche est confirmée par le firman du sultan. Le patriarche se présente personnellement au sultan et reçoit la décoration.
Les conseils doivent être confirmés par le gouvernement.
La charge du patriarche est temporaire; il peut donner sa démission de son plein gré, il peut être destitué par le vote de l'Assemblée Générale, exécuté conformément d'après les dispositions du Règlement.
Le patriarche démissionnaire n'est plus qu'un évêque ordinaire. Il peut être réélu.
L'Assemblée Générale élit les prélats des diocèses et le sultan les confirme par son firman. Les prélats diocésains, comme tels sont membres du méjlis idaré local. Les prélats ne sont pas non plus élus à vie; ils peuvent être destitués ou démissionnaires.
Il y a des Conseils Religieux et Civils dans chaque diocèse. Leur élection est confirmée par le patriarche.
Le Patriarche de Jérusalem
Le patriarche de Jérusalem a depuis des siècles, la tâche de garder en Palestine et surtout dans la Ville Sainte les droits particuliers de l'Eglise Arménienne, ainsi que ceux qu'elle partage avec les églises grecque et latine.
Les droits communs aux trois églises s'étendent au temple de la Nativité à Bethléem, au temple de la Résurrection à Jérusalem, et au temple de la Sainte Vierge à Gethsémani. En outre le patriarcat surveille, conjointement avec le patriarcat grec, les ruines du temple de l'Ascension sur le mont des Oliviers, où on célèbre le service du culte deux fois par an.
Le siège du patriarche est installé dans le monastère de Saint-Jacques.
Le monastère possède un séminaire, une bibliothèque assez riche, surtout en manuscrits arméniens.
Le patriarche de Jérusalem est élu par le Conseil Général de la Congrégation de saint Jacques et est approuvé par le patriarche de Constantinople et confirmé par le sultan. Son pouvoir spirituel s'étend sur la Palestine.
Après l'occupation de la Palestine, les Anglais proclamèrent le patriarcat arménien de Jérusalem indépendant de celui de Constantinople et décidèrent que l'élection du patriarche devrait dorénavant être approuvée par le roi d'Angleterre.
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