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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Arménie - Emblèmes de la
République d'Arménie

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Le drapeau
Le lion d'Arménie
Les armoiries

Le drapeau

L'origine du drapeau arménien remonte au début du siècle. Après une éclipse de plusieurs siècles, un état arménien renaissait en 1918 dans le Caucase. Une renaissance appelée par les voeux de tous les Arméniens, mais qui surprit aussi par sa rapidité. Un peu comme en 1991.
Un gouvernement provisoire prit les rênes du jeune état. Dans la précipitation et l'urgence de la situation, aucun drapeau ne représentait encore le pays à cette date. Les dirigeants, conscients de la nécessité d'avoir un drapeau national, chargèrent une commission d'en créer un. Cette commission, composée d'historiens et d'ecclésiastiques, adopta en premier lieu l'idée d'un drapeau tricolore, à l'égal de la plupart des Etats européens, au premier rang desquels la France, associée dans l'imaginaire politique à la liberté conquise par le sang du peuple (1). Restait à la commission à en déterminer les couleurs.
Afin de symboliser la continuité entre le royaume arménien de Cilicie, disparu en 1375, et la république arménienne, des moines d'Etchmiadzine proposèrent d'adopter les couleurs des armes des Lusignan, dernière famille régnante en Cilicie. En effet, au Moyen Age, les états étaient représentés non pas par un drapeau national mais par les armoiries des familles régnantes. Ainsi, la France était symbolisée par les armes de la famille royale : la fleur de lys, couleur or, sur un fond bleu. Les Lusignan régnaient alors sur trois royaumes : l'Arménie, Jérusalem et Chypre. Aussi, les armes de Léon V de Lusignan étaient-elles composées de trois parties :
- les armes du royaume d'Arménie proprement dit: un lion rouge sur un fond or.
- les armes du royaume de Jérusalem : les cinq croix qui représentent les plaies du Christ
- et celles du royaume de Chypre : un lion rouge sur un fond bleu et blanc.
Les couleurs or, rouge et azur étaient dominantes dans ces armoiries.

Le choix de ces trois couleurs satisfaisait d'autres membres de la commission, non plus pour des raisons historiques mais pour leur symbolique populaire : le rouge étant le sang versé par le peuple, le bleu, le ciel à nouveau clément pour l'Arménie après la tempête de 1915-1918 et l'or, la matérialisation du travail, valeur fondamentale de la jeune république.
Cette théorie fut soutenue par l'intellectuel Stépan Malkhassian. L'or pouvait être représenté soit par du jaune soit par de l'orange. Certains prétendent que c'est en référence à l'abricot, fruit éminemment arménien, que la couleur orange fut choisie.
Le drapeau tricolore fit, pour l'une ou l'autre interprétation, l'unanimité des membres de la commission. Il fut adopté officiellement par le parlement arménien, le "Khorhourd", le 1er août 1918.
Anahide Ter Minassian raconte (2) : "un détail qui en dit long sur la pénurie à Erevan : on réussit à dénicher quelques pièces de tissus rouge et bleu, mais point d'orange. C'est pourquoi il faudra attendre le retour d'un émissaire envoyé à cette fin à Tiflis, pour pouvoir confectionner le premier drapeau tricolore"
Lorsque la République est officiellement proclamée le 28 mai 1918, le drapeau est confirmé et béni par le catholicos.

Sous les soviétiques, après une longue absence, le drapeau fut partiellement repris en 1952, trois bandes horizontales rouge-bleu-rouge, en y ajoutant évidemment une faucille et un marteau.
En 1991, la république indépendante reprit, naturellement, le tricolore de 1918, en changeant les proportions: le drapeau est plus long que celui de 1918 : 2/ 3 de la hauteur (à la norme soviétique) au lieu de 1 / 2.
Si le drapeau tricolore est historiquement et juridiquement celui de la république d'Arménie, les Arméniens de diaspora le considèrent instinctivement comme le leur aussi. Dans la diaspora, c'est le parti dachnak qui le premier a repris les trois couleurs, conduisant certains à penser, il y a encore peu de temps, que c'était le drapeau de ce parti. Aujourd'hui, la diaspora et la république arménienne ont en commun le drapeau de 1918. Là encore, tout un symbole.

Le lion d'Arménie

L'usage du lion couronné pour représenter le royaume arménien date du premier roi de Cilicie, Levon 1er : le lion est frappé sur la plupart des pièces de monnaies et sur les sceaux des rois de sa dynastie (les Roupénides). Le lion figure Levon (Leo). Il est surtout un symbole héraldique fréquent, tant en Orient qu'en Occident, et évoque la force et la majesté.
Le lion de Lévon (et de tous ses successeurs de la dynastie roupénide) est représenté à l'orientale : marchant et la tête de face. Mais nous n'avons aucune indication sur sa couleur.
A la dynastie roupénide succède celle des Héthoumides (XIII-XIVe s.). C'est l'époque de l'ouverture du royaume vers l'occident latin. L'influence européenne se reflète alors dans l'héraldique arménienne. Le lion est représenté sous la forme européenne, c'est-à-dire debout, la tête de profil et dans le cadre d'un écu. Le lion, couronné, est rouge sur un fond blanc.
En succédant dans la seconde moitié du XIVe s. à la famille des Héthoumides, les Lusignan, comme il était d'usage, intégrèrent le lion dans leurs armes. Mais le fond devint or. Après la chute du royaume (1375), les Lusignan conservèrent le titre de roi d'Arménie mais symboliquement sur les armoiries, le lion rouge d'Arménie ne porta plus de couronne.

Les armoiries

De même que la France possède un drapeau et un emblème (frappé notamment sur les passeports), la république arménienne décida de se doter de cet autre moyen d'identification visuelle. En juillet 1920, le gouvernement approuva les armoiries de la république, proposée par l'architecte Aleksan Tamanian et le peintre Hagop Gotchoyan. L'emblème se présente sous une forme héraldique: un écu est soutenu par un lion (le royaume arménien de Cilicie) et un Aigle (le royaume arménien des Bagratides). Ces animaux tiennent dans leurs pattes d'autres symboles : des épis, une épée, une chaîne et une plume.

L'écu est composé de cinq parties. Sur la zone extérieure, se trouvent les armes des dynasties royales arméniennes
- en bas à droite, les armoiries des Artaxiades (III' siècle av. JC - I" siècle après J.C.)
- en bas à gauche, les armoiries des Roupénides (le lion marchant tête de face)
- en haut à gauche, les armoiries similaires des Héthoumides et des Lusignan (le lion tête de profil)
- en haut à droite, celles des Bagratides (l'aigle).
Au centre de l'écu, un autre écu sur lequel est dessinée l'arche de Noé échouée sur l'Ararat avec, au-dessus, le sigle H.H. "Hayasdani Hanrabedoutioune" : République d'Arménie.

Cet emblème a été repris en 1991, dessiné dans un style plus moderne. Les couleurs n'ayant pas été précisément définies, celles-ci sont laissées au libre choix du dessinateur.


1) Remarquons que déjà en son temps, le Père mékhitariste Levon Alichan avait imaginé pour une Arménie libre, un drapeau tricolore: rouge, vert, bleu. Il fut notamment brandi lors de l'enterrement de Victor Hugo à Paris en 1885. Les couleurs étaient celles de l'arc-en-ciel qui apparut lorsque Noé se posa sur le mont Ararat.
2) AnahideTer Minassian, La République d'Arménie, 1918-1920, La mémoire du siècle, Ed. Complexe, 1989, p. 114.

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