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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Arménie - Culture et Arts

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L'art arménien a été profondément influencé par la culture de l'Arménie, sa longue histoire, la diversité de sa géographie et ses paysages montagneux. 

Une des périodes les plus importantes de l'art arménien fut celle allant du neuvième au sixième siècle avant notre ère. L'Arménie était alors le royaume de Van ou Ourartou. Les citadelles, les temples, les canaux d'irrigation, les sceaux de pierre, les objets de verre, céramique, les bijoux et les armes étaient caractéristiques des productions artistiques d'Ourartou. Les Ourartiens produisaient principalement des objets en bronze. Les fouilles réalisées sur le site ourartien de Garmir-Blur, commencées en 1939 et se poursuivant jusqu'à maintenant, ont permis la découverte de nombreux objets ménagers, d'ornements de meubles et de pièces d'équipement militaire tels que casques, flèches et boucliers de bronze. 

Les forgerons d'Ourartou étaient également très habiles dans l'utilisation de l'argent et de l'or. Des vases, des médaillons et des amulettes étaient façonnés en argent tandis que l'or était employé pour les bijoux. Ces forgerons sont célèbres pour leur habileté dans l'usage des métaux en décors d'inspiration mythologique ou en forme d'animaux. La valeur intrinsèque de ces métaux en faisait des cibles de choix pour les envahisseurs qui pillaient régulièrement le pays. Pour cette raison, le travail du métal d'autres périodes ne peut pas être aussi bien connu. 

Aux IVe et Ve siècles de notre ère, des événements très importants de l'histoire arménienne ont considérablement affecté les arts. Du fait que l'Arménie devenait la première nation à adopter le christianisme en tant que religion officielle dans, années 301-303, l'iconographie chrétienne vînt à jouer un rôle très important dans l'art et l'architecture arméniennes. En outre, après la création de l'alphabet arménien en 405-406 par Mesrop Mashtotz, l'écriture aide au développement de la langue, de la littérature et des arts arméniens. On put transcrire la Bible en arménien, augmentant ainsi l'importance du christianisme dans l'art arménien. L'écriture a également tenu un grand rôle dans le développement de l'art des manuscrits enluminés. Les scribes arméniennes commencèrent à copier et traduire les textes chrétiens sur le parchemin, leur ajoutant des illustrations symboliques et des textes d'introduction. Ces manuscrits étaient alors employés dans les offices religieux. 

Les églises devinrent bientôt le mode principal de l'expression architecturale arménienne. Le VIIe siècle est souvent décrit comme l'Age d'or de l'architecture ecclésiale arménienne Un grand nombre de cathédrales et de monuments avec fresques intérieures et sculptures de pierre ayant trait aux épisodes de la Bible sont alors construits. Au Xe siècle, par exemple, l'église de la sainte-Croix fut érigée sur l'île d'Aghtamar, avec des sculptures extérieure, des bas-reliefs d'inspiration biblique et des fresques intérieures du même genre. Les fresques d'Aghtamar sont le seul exemple qui nous soit parvenu d'éléments d'art arménien mural, présentant le répertoire complet des motifs traditionnels dans les intérieurs d'église de l'époque. 

Les monastères, fondées au Xe siècle, deviennent d'importants centres artistiques. Les manuscrits enluminés, une composante majeure de l'histoire de l'art arménien, y sont créés et assemblés en volumes. Aujourd'hui, la plus grande collection de ces manuscrits se trouve à Erevan au fameux musée Matenadaran. Ces manuscrits deviennent célèbres pour leur magnificence, et font la démonstration de la continuité du Moyen Age arménien et des périodes plus anciennes. Du XIIe au XIVe siècle, c'est la transformation de l'art de l'enluminure des manuscrits en illustration de livres. Les manuscrits deviennent plus petits, leur usage n'est plus réservé aux services religieux. Ces oeuvres plus élaborées et plus variées ont maintenant un usage privé dans les bibliothèques des monastères et les demeures des particuliers. 

Ces monastères produisent également les khatchkars (littéralement "croix de pierre"), éléments inégalés dans le monde de l'art. Ces pierres sculptées sont le plus souvent utilisées comme pierres tombales, ou pour marquer une victoire, la fondation d'un village, la fin de la construction d'une église et d'autres célébrations de ce type. Quelle que soit leur diversité, la conception fondamentale d'un khatchkar est toujours la même, le symbole de la croix occupant le motif central souvent entouré d'une ornementation raffinée. Ces dentelles de pierre atteignent leur perfection artistique du IXe au XIe siècle. Les khatchkars sont à l'origine créés comme affirmation de la foi en Christ; et la croyance populaire leur attribue des pouvoirs de protection contre les tremblements de terre, la sécheresse, etc. L'étude des khatchkars et des manuscrits enluminés démontre une dévotion particulière des artistes arméniens à l'égard de l'ornementation, quai unique dans la culture chrétienne. On peut voir des khatchkars dans toute l'Arménie, même de nos jours. 

Au XVIe siècle, des changements dans la vie sociale et politique ont comme conséquence une modification remarquable de la culture et de l'art arméniens. L'Arménie perd son indépendance et est divisée entre les empires de Turquie et de Perse pour les 250 années à venir. L'architecture arménienne et les arts voisins disparaissent pratiquement pendant cette période. Monastères, églises et écoles arméniennes ne sont plus construits qu'en dehors de l'Arménie. Petit à petit, l'art traditionnel de l'enluminure des manuscrit cède le pas à l'imprimerie. Cette nouvelle méthode de fabrication et d'édition du texte apparaît pour la première fois en Arménie en 1512. C'est en 1666 que la Bible est imprimée en arménien par un religieux, le Père Voskan, à Amsterdam. 

Du XVIe au XVIIIe siècle, l'art se tourne de plus en plus vers la représentation de la vie quotidienne. Les arts mineurs tels que le tapis et la dentelle deviennent des industries. Ces arts sont inspirés par la sculpture, l'architecture, et la peinture. L'impulsion créatrice est tout à fait évidente dans les exemples d'art du métal qui nous parviennent des siècles plus tôt, dans les portes sculptées des monastères et dans les belles collections de tapis arméniens des musées d'Erevan. La dentelle orne les maisons et les costumes des femmes arméniennes. Ces femmes font également don de leur ouvrages de dentelle pour l'ornement des autels d'église et des costumes du clergé. 

L'exemple le plus connu de broderie arménienne, réalisée dans la ville de Marash, est remarqué pour ses couleurs riches et gaies et son fil de satin. Fleurs et petits animaux, en particulier le coq, sont communs dans le dessin des broderies de Marash. 

L'art du tissage des tapis a existé en Arménie depuis le Ve siècle avant JC. Mais il se peut que la période la plus remarquable du tissage arménien de tapis soit celle du XIIIe siècle. Les grands tapis "au dragon" dotés de représentations populaires d'animaux stylisés ressemblant à des dragons, imbriqués dans des fonds de plantes et d'animaux sont créés pendant cette période. Elles font partie des créations parmi les plus originales et abstraites dans le domaine de la création de tissus. 

Quand au début du XIXe siècle les sultans de Turquie veulent établir le tissage des tapis près de Constantinople, c'est aux maîtres tissandiers arméniens qu'ils font appel. 

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Kutahia (maintenant en Turquie) devient un centre de production de poterie et de céramique. Les experts en matière d'art attribuent la totalité de la production de ce secteur aux potiers arméniens. Cette attribution est confirmée par des inscriptions en arménien trouvées sur les oeuvres, la représentation caractéristique des saints sur les pièces et le traitement des carreaux de céramique, à la fois purement décoratifs et d'inspiration religieuse. Ces articles étaient apparemment commandés par des églises et des particuliers arméniens et ont joué un rôle important dans la vie quotidienne et en tant que décoration architecturale. 

Le XIXe siècle voit le développement de nouvelles tendances dans l'art, en Arménie comme dans le monde entier. Avec l'annexion de l'Arménie orientale par la Russie chrétienne en 1828 après la guerre de russo-perse, la situation s'améliore. Auteurs et artistes arméniens adhèrent aux idées de libération du romantisme et, bien que la plupart d'entre eux aient vécu en dehors de l'Arménie, leurs travaux donnent l'impression de recréer leur terre natale, ce "pays merveilleux" vers lequel leur regard s'est toujours tourné. Comme par le passé, la culture arménienne se développe en conjonction étroite avec les cultures européennes et russes et, ainsi, l'art arménien reflète les étapes et les tendances stylistiques de l'art européen. 

Le premier Arménien à recevoir un diplôme de l'Académie des arts de Saint-Petersbourg est le célèbre peintre de marines Hovhanes (Ivan) Aivazovsky, dont le travail est également perçu comme tenant une place significative dans l'histoire de l'art russe. Il reçoit une large audience dès sa jeunesse, étant le premier artiste étranger à se voir attribuer la Légion d'Honneur française et devient membre de cinq académies européennes. Aivazovsky est devenu une légende parmi ses compatriotes de son vivant même. Son travail a influencé beaucoup d'artistes, même ceux de style différent et, par exemple, les artistes français de marines V. Mahokyan, A. Shabanyan et Adamyan SH furent des élèves doués d'Aivazovsky. 

Le réalisme introduit par l'Ecole de Barbizon et Gustave Courbet acquiert une popularité mondiale. Dans les pas d'Aivazovsky, les peintres S. Nersesyan, Bashindjagyan, A. Shamshinyan et d'autres continuent à être diplômés de l'Académie Saint-Petersbourg. 

Parmi ceux qui suivent l'Ecole française du réalisme, il faut noter S. Agadjanyan, reconnu pour ses portraits d'enfants, et P. Terlemezyan, personnage héroïque qui a su capté la beauté inimitable de la région de Van, sa terre natale. Produits de la même école, de bons et originaux peintres de natures-mortes Zakar Zakaryan et Hovsep Pushman, moins bien connus dans leur terre natale. 

Des artistes de la fin du XIXe siècle, il faut retenir Vartkes Surenyants, qui a donné à la peinture historique une place dans l'art national, travaillant dans un style proche de l'art Nouveau. Egishe Tadevosyan, et après lui V. Gaifedjian et d'autres, introduisent l'impressionnisme dans la peinture arménienne. 

Le plus important des artistes fut Edgar Chahine, dont le travail fut particulièrement prisé en France. 

Au début du XXe siècle, la culture arménienne parvient à un tournant, où son futur développement dépend en particulier de la connaissance de ses racines, de sa capacité à trouver de nouveaux moyens d'affirmation du style national moderne. La renaissance des traditions anciennes était une nécessité historique pour un peuple doté d'un acquis culturel si riche. 

La poésie et le théâtre font la preuve d'une vive croissance, le monde de la musique arménienne se révèle dans toute sa beauté originale, et les merveilles de l'architecture médiévale sont étudiées et interprétées dans des travaux universitaires. 

L'Avant-garde russe influence la créativité de Georgi Yakulov, tandis qu'un peu plus tard Yervand Kochar est très influencé par les plus récentes tendances de la peinture française 

En 1915, le peuple arménien est victime d'une terrible tragédie. Tandis que l'attention de l'Europe est tournée vers la Première guerre mondiale, un horrible programme d'annihilation de la population locale est mis en oeuvre en Arménie occidentale (en Turquie) et le même sort attendait l'Arménie orientale. La victoire de Sardarapat, près d'Erevan, en 1918 sauve de la destruction le dernier refuge arménien et c'est là qu'est créé l'état arménien. 

Les nombreux arméniens vivant dans ce territoire de 30 000  kilomètres carrés portent en eux un grand espoir et s'adonnent avec enthousiasme à la re-création de leur mère patrie. Des membres de l'intelligentsia viennent du monde entier. La capitale, Erevan, est construite sur des plans de l'architecte A. Tamanian et en l'espace de quelques années, la capitale est dotée d'une université, d'un musée des Beaux-Arts, de théâtre et d'un conservatoire de musique. Il s'agit maintenant de former de nouveaux artistes et c'est donc en 1924 que des écoles des beaux-arts ouvrent à Leninakan (devenue Goumri) et Erevan, suivies en 1945 par la création d'un Institut des Beaux-Arts;

L'art de cette nouvelle Arménie est la continuation naturelle de l'art vital, coloré, de Sarian. Hagop Kodjoyan se tourne vers les sujets historiques et mythologies, les entourant d'un sentiment romantique et héroïque. Sedrak Arakelyan produit des descriptions sincères des paysages locaux et de la vie traditionnelle arménienne, en utilisant des teintes délicates. Cette tendance fut suivie par G. Ghurdjian, M. Abeghyan, M. Aslamazyan, E. Isabekyan, H. Zardarian, et d'autres.

Au même moment, un grand nombre d'artistes talentueux travaille à Tbilisi, capitale de la Géorgie, où vivent depuis toujours des milliers d'Arméniens. Parmi ceux-ci, G. Grigorian (surnommé "Giotto"), H. Karalyan, H. Garibdjanian, et le merveilleux peintre Alexander Bajbeuk-Melikian. 

Une galaxie complète d'artiste émerge dans la Diaspora. Leur art se développant sous des cieux étrangers, les artistes de la Diaspora projettent souvent sur la toile leurs souvenirs d'une enfance perdue. Il faillat probablement s'attendre à ce que le mouvement surréaliste trouve un terreau fertile dans leurs âmes désemparées. "Je suis né en Asie Mineure," dit le célèbre écrivain William Saroyan, "et donc dans mon esprit le réel et le rêve se mêlent inextricablement." Les résultats sont proches. Un personnage important de l'histoire du Surréalisme est Léon Tutundjian (France), tandis que le fondateur du Surréalisme abstrait est l'américain Arshile Gorky (Vosdanik Manouk Adoyan). Le Surréalisme influence également l'œuvre du fameux peintre français Carzou (Karnik Zouloumian). 

Arès la seconde Guerre mondiale, la tendance se tourne vers le réalisme, avec des artistes exprimant leurs attentes, leur solitude et leur chagrin. Cette tendance se reflète également dans les oeuvres des artistes de la Diaspora, comme Jirayr Orakian en Italie, et Jansem (Jan-Hovanes Semerjian) en France. Hagop Hagopyan (Egypt) travaille aussi dans cet état d'esprit, bien qu'il continue plus tard son travail dans sa patrie. En Italie, l'artiste néo-classique Grigor Shiltrian est particulièrement apprécié . 

En étudiant les artistes de la Diaspor, il faut constamament se rappeler que leur oeuvre, bien qu'appartenant à la culture de leur pays d'accueil, tire profuit de leur culture nationale, dans la représentation du sort des Arméniens. C'est cette réalité qui conduit à considérer leur œuvre comme faisant partie intégrante de l'art national arménien . 

Au même moment, en Arménie aussi bien que dans le reste de l'URSS, l'art passe par une péridoe de stagnation, et il fallait le pousser à sortir de la médiocrité. Dans les années 1960, un groupe de jeunes artistes talentueux entre en scène, et brise le dogme de l'orthodoxie du "réalisme socialiste" : O. Minassian, R. Atoyan, M. Petrossian, A. Melkonian, A. Hovanessian, V. Galstian, A. Sukiassian, R.Khatchatrian, et d'autres. Le leader de ce group est Minas Avetisyan. Parallèelement çà eux, se crée un renouveau parmi les artistes déjà établis: A. Bekaryan, S. Rashmadjian, A. Ananikyan, G. Khandjian, S. Mooradian et Lavinia Bajbeuk-Melikyan. Font également partie de ce groupe deux artistes rentrés en Arménie: le peintre délicat Bedros Kontradjyan, rentré de France après la guerre, et le brillant coloriste Harutyun Galentz, qui avait commencé sa carrière au Liban. Gayane Khachaturyan et Sergei Paradjanov sont nés dans la même Tbilisi, riche et colorée, et leurs oeuvres sont brillantes et pleines d'esprit. 

Aujourd'hui, les artistes arméniens continuent leur œuvre dans des conditions difficiles et évoluent comme ils l'ont toujours fait au cours de l'histoire.

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quelques artistes arméniens des XIXe et XXe siècles
Site de l'Orchestre philharmonique d'Arménie

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