Gérard PAMBOUJIAN

Pamboujian est d'abord un artiste qui a choisi de vivre dans sa ville natale, au pied du Faron, dans une vieille maison restaurée de ses mains, à l'écart de l'agitation, au milieu des oliviers et des mûriers, avec à ses pieds la rade que l'on dit une des plus belles d'Europe, Dans cet environnement de rêve, Panboujian est un original en refusant d'être un peintre paysagiste. Il donne libre cours à son imaginaire dans la tradition de la peinture subjective avec son style bien à lui, dénué de conformisme. Cependant la nature et la vie ne sont pas exclues car son imagination s'enfièvre de tous les spectacles observés ou suggérés.

Personnalité attachante qui vous offre d'emblée son amitié, il revendique avec force la liberté absolue que son art lui procure : artiste connu, apprécié du public et soutenu par des amateurs fidèles depuis ses débuts, il a la chance de vivre de sa peinture. Cette reconnaissance, si difficile à obtenir lorsque l'on reste en marge des grands courants commerciaux ; n'a en rien modifié son comportement. Il aime les plaisirs quotidiens et sa peinture est une manière de vivre intensément chaque instant d'une existence qu'il veut la plus riche possible. L'exubérance de son âme passionnée anime ses toiles où la façon de son imaginaire le dispute à l'impétuosité de l'expression... Dans une liberté d'invention totale, au delà des traditions, étranger aux modes, se fiant à son instinct, il livre ainsi l'expression la plus franche de sa personnalité dans une explosion de formes et de couleurs dont le dynamisme masque subtilement la savante ordonnance. Or cette peinture qui frappe directement le spectateur par son sujet, son animation et ses formes colorées, ne se résume pas au simple choc sensoriel qu'elle procure au premier abord. Gérard Pamboujian fait partie de ces artistes qui ont reçu une formation complète dans les écoles des Beaux-Arts.

A Toulon puis à Paris, il sut acquérir la maîtrise des techniques du dessin et de la peinture sans laquelle les meilleurs dons ne peuvent s'épanouir. Mais une fois ces règles parfaitement assimilées, au point de les utiliser sans y penser, il a choisi d'assumer sa personnalité propre et ses fantasmes, à l'opposé de Cézanne qui, après sa manière couillarde, lutta sans répit contre son tempérament baroque. Après quelques années d'hésitation durant lesquelles il a cherché sa voie, le travail de la matière l'a emporté et il est devenu selon son expression expressionniste-matièriste, adoptant une gestuelle large et rageuse qui caractérise son style. Pas de tiédeur... J'existe, affirme-t-il.
La fièvre de l'inspiration se traduit par l'emportement de la facture. Ses compositions, ajustement de formes en mouvement donc sans contours, sont balafrées de blanc, zébrées d'éclairs colorés. Or cet art, qui au premier abord pourrait être pris pour un exutoire de passions tourmentées libérées sur la toile, est en fait un modèle d'harmonie. Dans le domaine d'usuel et restreint d'une peinture de chevalet, l'artiste réussit mystérieusement à conserver intact son inspiration, sa vision, tout en appliquant les règles essentielles. En dépit de sa pétulance, sa propension au théâtral, sa tendance au pittoresque, les toiles de Pamboujian restent équilibrées malgré le dynamisme des formes et n'offrent pas d'outrances même lorsqu'elles traduisent une complaisance sensuelle pour la chair et la carnation des femmes, si présentes dans son œuvre.

Du baroque, sa peinture possède l'éloquence, l'aspect somptueux et sensible, la passion et la fantaisie, sans pour autant l'emporter complètement sur l'équilibre de la discipline, c'est à dire un ajustement subtil de la composition, du dessin et de la couleur. Chaque tableau est un spectacle dont la dimension humaine, vivante, attire le spectateur, Le peintre obéissant à une pulsion indéfinissable qui prend sa source dans une évocation sensuelle et identifiable, recherche l'aventure sur la toile, ses thèmes relèvent de la joie de vivre qu'il tente de conserver intacte pour la traduire en peinture. Cette émotion profonde à l'origine de sa démarche picturale est en fait le véritable motif de l'œuvre qui parfois restera délibérément inachevée pour ne pas perdre l'expression voulue. Le peintre fait vivre les formes et chanter les couleurs dans une matière généreuse avec tant de justesse que l'on peut se demander si un sujet est vraiment nécessaire. Les formes colorées dans la matière, qui composent l'image sensuelle proposée, sont d'une telle puissance qu'elles se suffisent à elles-mêmes. Dans les peintures les plus enfiévrées, il est difficile de reconnaître les personnages qui se fondent dans l'animation générale et l'arrière plan. Le spectateur convié dans cet espace onirique et fantastique, ce miroir de la comédie humaine qui lui est offert, se trouve ainsi transporté sans le vouloir à cent lieues de son univers quotidien.

Peindre, c'est traduire un instant, un rêve, un moment de tendresse, une situation faite de conflits, de formes et de couleurs... affirme Gérard Pamboujian. A la limite de l'abstraction, il montre que la peinture est autre chose qu'une représentation et que 'utilisation intelligente des moyens plastiques conventionnels suffit à créer des oeuvres d'art lorsqu'on est un artiste inspiré et sincère

Jean Perreau, Historien de l'art

1972, 1er Prix de peinture de la Ville de Nice
1976, 1er Prix de peinture de la Côte d'Azur
1976, 1er Prix de peinture de la Ville de Deauville
1999, Bénézit, Editions Gründ

Acquisition par des musées
ARMÉNIE : Musée d'art d'Erzeroum
FRANCE : Musée d'art de Châteauroux

Expositions
1965, Nice, Galerie Valgrand
1972, Strasbourg, Galerie du Bain aux plantes
1976, New-York, Galerie Française Rockefeller
1981, Gstaad, Galerie Palace 1984, Paris, Espace Vendôme
1985, Paris, Galerie Pittiglio
1987, Saint-Tropez, Nioulargue
1994, Paris, Espace Beauvau
1994, Paris, Matignon Fine Art
1995, Beverly Hills, Galerie Rodeo
1998, La Jolla, Galerie du monde
2000, Le Castellet, Galerie Saltiel
2001, Cannes, Galerie Saltiel

Filmographie
1972, Production FR3 Monte Carlo
1985, Inauguration de Canal+ Espace Vendôme
1986, "Les Chemins de la création", documentaire de Christian Pétron, production Cinémarine