En la personne de Khodjabekian l'art arménien acquit son premier primitiviste comme Rousseau en France ou Niko Pirosmani en Géorgie.
Khodjabekian vécut et travailla principalement à Tiflis, ville pittoresque et multinationale. Son unique moyen d'expression était le crayon. Sur de petites feuilles de papier il représentait toute une foule de gens. Comme un témoin de son époque il fixait la vie de tous les jours avec ses joies et ses peines: cortège funéraire ou nuptial, banquet... Dessinant, il se réjouissait, riait et pleurait en même temps que ces modèles: petits commerçants et simples travailleurs. A Erevan, où l'artiste arriva en 1919, il représenta avec une grande émotion la vie des réfugiés qui échappèrent au massacre. Tout son art est empreint de compassion et de sensibilité comme la touchante scène montrant un paysan conversant avec son boeuf. Le volume et le mouvement des figures sont traduits exclusivement par la ligne qui atteint chez lui une expressivité incomparable. Il travailla comme manoeuvre et portier et dessinait durant ses courts moments de répit, distribuant ensuite ses dessins. Les oeuvres de cet original biographe d'une époque révolue sont peu nombreuses et constituent une précieuse page de l'histoire de l'art arménien |