I1 est des peintres dont le nom est prononcé avec émotion. Servant avec abnégation leur vocation, ils restent toujours des repères, des jalons de moralité et d'humanisme. Kontradjian peut être classé parmi eux. Devenu orphelin en 1915, il se trouva à Paris à l'âge de dix-huit ans. I1 fréquenta les ateliers de Montparnasse, l'atelier de Fernand Léger et les nombreux musées de la capitale. A partir de 1930 il exposa régulièrement au Salon d'automne.
Les principes picturaux de Kontradjian se formeront sous l'influence de Cézanne et des cubistes, mais il donnait toujours une prépondérance au facteur émotionnel. I1 aimait représenter la banlieue de Paris, les quartiers ouvriers, la Seine et les ponts qui l'enjambent. En 1935, le célèbre critique d'art C. Moreau écrivait: "J'ai été heureux de voir les paysages de Kontradjian. I1 possède une rare vision, il ressent avec beaucoup de finesse la véritable essence de la beauté, privée, semble-t-il, de couleurs de la banlieue parisienne". Amertume et solitude sont les leitmotiv de son art, en eux se dévoilent une sorte d'attente, une rêverie mélancolique, et dans tout cela, le peintre avec son âme pure et son amour communicatif. Dans ses oeuvres se sont unis le raffinement français et la rêverie d'un coeur arménien. En 1947, Kontradjian rentra au pays de ses ancêtres. Malheureusement, il n'arriva pas à surmonter sa solitude ni à s'adapter aux conditions inhabituelles pour lui de la vie soviétique et, en 1956, il mit fin à ses jours, laissant toute une série d'admirables toiles dont son paysage "Sevan". |
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