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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Architecture ancienne - Amberd

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La position géographique de l'Arménie, carrefour de communications entre l'Orient et l'Occident, l'a rendue le théâtre de combats féroces entre les deux mondes, si profondément différents dans leur culture et leurs traditions, et inévitablement toujours en désaccord. Au cœur des troubles nés de ces différends et des dévastations périodiques causées par les invasions de ses puissants voisins, l'Arménie et ses princes ont construit au cours des siècles de nombreux moyens de défense pour leur propre survie. Ces nombreuses forteresses, résidences des plus importants féodaux et en même temps remparts contre les ennemis extérieurs ou intérieurs, étaient assurément la meilleure arme; elles sont aujourd'hui une caractéristique irremplaçable de la campagne arménienne et une aide considérable dans l'étude de l'histoire et des institutions des Arméniens.

De ce point de vue, la forteresse et l'église d'Amberd, exemples typiques des constructions nées en réponse à un besoin particulier, sont particulièrement intéressantes.

La tradition attribue la fondation d'Amberd et de beaucoup d'autres forteresses le long de la frontière arménienne au roi, Ashot Yerkat (de fer), mais c'est juste un hommage naïf et populaire au héros national, un protagoniste dans la lutte pour l'indépendance arménienne. On peut déterminer la date exacte de la fondation d'Amberd grâce à une lettre écrite par l'homme d'Etat et intellectuel Grigor Magistros Pahlavouni, archmandrite d'Ani vers l'année 1050, et d'autres documents disponibles, prouvant qu'elle a appartenu, et d'autres terres, aux princes Pahlavouni du Xe siècle à l'invasion selkjoukide. Son fils Kourd Vatchoutian, quant à lui, choisit comme résidence la localité de Vardenis, face au Mont Ara, après la conquête et l'incendie d'Amberd par les Mongols en 1236. Le château ne fut jamais reconstruit.

Il est clair que les ouvrages architecturaux d'Amberd ne sont pas tous de la même période. En fait, la construction a duré plusieurs siècles. La forteresse a été construite selon les critères utilisés pour les constructions militaires de l'époque, et une importance considérable a été affectée au choix d'un emplacement disposant d'un système naturel de la défense, afin de réduire le nombre et la taille des fortifications à établir. On choisit donc habituellement un promontoire rocheux à la jonction de deux rivières ou d'une rocher abrupt, afin qu'il ne soit nécessaire de construire des remparts qu'aux points les plus vulnérables à une approche ennemie.
Amberd, construit exactement selon cette technique, est sur un promontoire constitué par les étroites vallées creusées par les rivières Amberd et Arkhash. La rive de la rivière Amberd est escarpée, rendant l'accès impossible; des murs défensifs ne ont nécessaires que sur la partie la plus basse. La pente descendant au fleuve Arkhash, au contraire, est raide mais praticable, de sorte qu'ici un mur a dû être construit jusqu'à son sommet, avec prolongation jusqu'à l'extrémité du promontoire. La forteresse, comprenant trois niveaux, a été établie sur la crête rocheuse, commandant l'entrée du côté du Mont Aragatz.

Le château

Les fouilles de 1936 ont montré que les deux niveaux inférieurs comprenaient chacun cinq salles en alignement, et qu'à l'intérieur du château, un vestibule de forme irrégulière était séparé des trois salles centrales par un mur interne. Les niveaux supérieurs du château comprenaient des salles de réception et les appartements privés. On peut supposer qu'un type de salles richement ornées existait à Amberd depuis longtemps. La magnificence de l'ameublement était mise en valeur par d'élégantes lampes à huile et par les brûle-parfum exhalant l'encens.

Les remparts et les portes
Les portes, commandant l'accès au promontoire, sont contemporaines de la forteresse, et leurs ruines se trouvent à l'extrémité du mur, qui descendait vers la vallée de fleuve Amberd de l'angle sud-ouest du château. Près du promontoire un bâtiment fait de blocs de pierre plutôt petits a été ajouté tardivement. Son entrée, sous une voûte, a été localisée dans le mur inférieur.
Du côté du fleuve Arkhash, commençant au château et se prolongeant vers le bas de la gorge constituée par l'Amberd vers une fissure dans la roche où commençait le passage secret vers le fleuve avec sa volée d'escalier raide, une fortification a été érigée avec des tours semi-circulaires, sans salles intérieures, destinées au lancer de projectiles à partir des remparts. Les piliers des portes faisant face à l'Arkhash et aux remparts les plus récents vers l'Amberd sont construits de pierres assez petites, grossièrement jointoyées à la chaux. Des blocs de pierre plus grands, plus soigneusement appareillés sont placés aux angles, ce qui fait supposer que les portes ont été construites en même temps ou en un court laps de temps

L'approvisionnement en eau
Au Moyen âge, l'approvisionnement en eau a été l'objet de soins constants de la part des architectes ; ce souci était accentué dans le cas des établissements fortifiés, qui devaient pouvoir résister à des sièges plus moins longs. Si l'eau était rare ou tout à manquante, ou s 'il était difficile d'y accéder, des canalisations de terre cuite étaient construites pour l'apporter d'une source souvent éloignée vers les secteurs habités. L'approvisionnement en eau était si important que si, pendant un siège, l'aqueduc tombait aux mains de l'ennemi, il fallait se procurer de l'eau par d'autres moyens, tels que les passages secrets souterrains vers les cours d'eau voisins.

L'église et la chapelle

Une église à dôme a été construite en 1026 par le prestigieux chef de guerre Vahram Pahlavouni entre le château et l'extrémité du promontoire, presque contre le mur suivant le cours de l'Arkhash. L'église à Amberd est un exemple amélioré d'un nouveau type de bâtiment religieux, dont le plus ancien connu, sinon le premier, était l'église de la Vierge à Sanahin.
Au XIIIe siècle, quand l'architecture connut un nouvel essor après l'invasion selkjoukide, les églises de ce type ont pratiquement dominé l'architecture religieuse du pays. Il n'est pas étonnant que l' " Histoire de l'Arménie" écrite par le Catholikos Hovhannes Draskhanakertski ne mentionne pas Amberd, dans sa description de l'invasion arabe, et de la bataille de Biourakan au début du Xe siècle. Il semble établi, cependant, qu'une résidence d'été a existé sur le promontoire bien avant la construction des remparts des Pahlouvouni, et que, si elle ne lui est pas antérieure, elle remonte à l'invasion arabe, première moitié du Xe siècle,

Basé sur "AMBERD," Documenti Di Architettura Armena, publié aux Edizione Ares


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