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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Activités

Charenton-le-Pont, 29 avril 2014
99e anniversaire du génocide arménien de 1915


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La Municipalité de Charenton-le-Pont et l'Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée vous ont invité à assister à la cérémonie de Dépôt de gerbe devant le Khatchkar de Charenton-le-Pont (94220), rue Paul-Eluard-angle rue des Bordeaux, le mardi 29 avril 2014 à 17 h 30.
La cérémonie a eu lieu en présence de :
  • Monsigneur Norvan Zakarian, primat émérite du Diocèse de France de l'Eglise apostolique arménienne
  • M. Jean-Marie Brétillon, maire de Charenton
  • Monsieur Jean-Luc Cadeddu, maire-adjoint de Maisons-Alfort, représentant M. Michel Herbillon, député-maire de Maisons-Alfort
  • M. Philippe Bourdajaud, maire-adjoint de Saint-Maurice, représentant M. Christian Cambon, sénateur-maire de Saint-Maurice,
  • Père Dirayr Keledjian, et les diacres de la paroisse de l’Église apostolique arménienne d’Alfortville
  • Père Jérôme Thuault, de la paroisse de Charenton
  • Membres du conseil municipal de Charenton-le-Pont
  • Représentants des Municipalités limitrophes
  • Membres du Conseil d'administration de l'ACAM
  • M. Roger Tcherpachian, donateur du monument
  • M. Jacques Deghirmendjian et les anciens combattants et résistants arméniens
  • Autres personnalités civiles et religieuses
  • Voir l'affiche

Compte rendu de la cérémonie

Allocution de M. Jean-Marie Brétillon, Maire de Charenton

Allocution de Mme Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM


Photos © Philippe Pilibossian

Charenton 2014 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Mgr Norvan Zakarian entouré de Roger Tcherpachian, Annie Pilibossian et du porte-drapeau Michel
Charenton 2014 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Arsène Tchakerian entouré des portes-drapeau

Charenton 2014 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Allocution de M. Jean-Marie Brétillon, maire de Chartenton-le-Pont

Charenton 2014 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Allocution de Mme Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM

Charenton 2014 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Pose de gerbe de l'ACAM
Charenton 2014 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Aux morts

Charenton 2014 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir

Aux morts

Charenton 2014 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Minute de silence
De gauche à droite au premier plan : Philippe Bourdajaud, maire-adjoint de Saint-Maurice, Jean-Marie Brétillon, maire de Charenton, Jean-Luc Caddedu, maire-adjoint de Maisons-Alfort, à droite en rouge Chantal Lehout, maire-adjoint de Charenton, puis Denis Bansard, directeur du cabinet du maire de Charenton
Charenton 2014 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Interview de Mme Annie Pilibossian


Compte rendu de la cérémonie

Organisée par l'ACAM, la cérémonie a eu lieu le mardi 29 avril à 17 h 30 devant le monument dédié aux victimes.
Une abondante pluie printanière a accueilli invités et officiels, empressés de s'abriter sous les tentes dressées par les services techniques de la municipalité de Charenton. Plus de cinquante personnes étaient présentes et parmi elles les anciens combattants arméniens en tenue d'apparat ont pris position des deux côtés du katchkar avec leurs drapeaux multicolores.
Arsène Tchakerian toujours fidèlement présent à Charenton, était cette fois accompagné d'un journaliste vitriot, venu spécialement avec sa caméra pour l'interviewer. Répondant à notre invitation, monseigneur Norvan Zakarian est arrivé avec Roger Tcherpachian, donateur du katchkar.

Fidèle de nos cérémonies, le député-maire de Maisons-Alfort, en déplacement à l'étranger dans le cadre d'une mission parlementaire, avait annoncé dans sa lettre d'excuse la présence de Jean-Luc Cadeddu, maire-adjoint aux anciens combattants, affaires militaires et état-civil. Philippe Bourdajaud, maire-adjoint chargé de la vie scolaire, de la jeunesse et du jumelage a représenté le sénateur-maire de Saint-Maurice, Christian Cambon dans le cadre de la communauté de communes. À 17h30 la voiture du maire de Charenton s'est arrêtée devant l'entrée du square et on l'a vu descendre, accompagné de son directeur de cabinet et des élus du conseil municipal.

La cérémonie débuta sans plus attendre et après les mots de bienvenue de la présidente de l'ACAM, la parole a été donnée à M. Brétillon. Il a salué l'avancée historique des condoléances exprimées par le premier ministre turc à la veille du 24 avril, avant d'exprimer le souhait que ce dernier reconnaisse enfin le génocide. Le maire a réaffirmé la fidélité de la ville de Charenton au souvenir du terrible drame du peuple arménien.

Dans son allocution, Annie Pilibossian a lu des passages du discours mémorable de l'écrivain Anatole France, prononcé lors d'une assemblée à la Sorbonne. Presque cent ans après, certaines phrases de ce discours résonnent encore comme un présage. La présidente de l'ACAM a souligné la détermination des descendants des rescapés de poursuivre le processus de reconnaissance du génocide arménien et a rappelé que les droits de l'humanité et le devoir de justice font partie des valeurs fondatrices de la construction européenne.
Jacques Deghirmendjian a ensuite dirigé la partie officielle, le dépôt de gerbes et la minute de silence. Les hymnes nationaux français et arménien ont retenti sous la pluie et ce fut aux religieux, guidés par Monseigneur, Norvan de prononcer l'homélie. Leurs chants ont surpris agréablement en particulier ceux qui assistaient pour la première fois à la cérémonie, comme les maires-adjoints de Maisons-Alfort et Saint-Maurice, les journalistes et le Père Jérôme Thuault de la paroisse de Charenton. Annie Pilibossian remercia les intervenants et pour clore la cérémonie elle informa les participants de l'office religieux qui sera célébré à la Basilique Saint-Denis le premier dimanche d'avril 2015, donnant le coup d'envoi du centenaire des commémorations du génocide des Arméniens.


Allocution de M. Jean-Marie Brétillon, maire de Charenton

Commémoration du génocide arménien
Mardi 29 avril 2014 – 17h30


Nous commémorons aujourd’hui le 99e anniversaire du génocide arménien. Espérons que l’an prochain, il y aura donc un siècle que ces massacres ont été perpétrés, espérons que les descendants de leurs auteurs consentent à affronter la réalité de leurs propres actes.
Néanmoins, saluons l’avancée historique du Premier Ministre turc Erdogan. Il y a quelques jours, il s’est pour la première fois exprimé ouvertement sur ce drame humain en présentant ses condoléances au peuple arménien. Mesurons un certain courage de sa part vis-à-vis de son opinion publique. Ca n’a pas dû être facile.
Car, depuis 1915, combien de gouvernements turcs se sont succédé et ont tenté de faire oublier cette part sombre de leur passé. Encore aujourd'hui, la simple énonciation de cette vérité historique suscite, contre ceux qui en sont les auteurs, des oppositions farouches, des menaces physiques et parfois même des meurtres. Le négationnisme alimente le racisme et la haine contre les Arméniens.
Mais les choses évoluent : depuis quelques années maintenant, une partie de la société civile turque organise avec courage la commémoration du génocide des Arméniens. Ce discours du Premier Ministre turc est certes stratégique. Dans un an, le centenaire du génocide entraînera des pressions encore plus fortes sur la Turquie. Mais le sujet qui était tabou en Turquie est aujourd’hui ouvertement évoqué. Je comprends votre impatience.
Il faudra encore du temps avant que le terme de génocide ne soit reconnu par les Turcs. Allez encore un effort M. Erdogan !
Certes, pas d’angélisme : c’est sous la pression internationale, relayée par ses ambassadeurs, qu’il a fait ce premier pas. C’est la multiplication de manifestations comme la nôtre aujourd’hui à Charenton, que l’opinion évolue. D’abord savoir, puis faire savoir, prendre conscience, enfin protester et exiger que le voile se lève et que la justice soit rendue.
Alors souvenons-nous face à cette stèle, ce khatchkar, qu’il y a 99 ans, était commis en Turquie, sur l’ordre du gouvernement Jeune-Turc, un effroyable crime contre l’humanité. Le premier des grands génocides qui ont ensanglanté le 20ème siècle.
Un million et demi d’Arméniens, d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards ont été massacrés, en quelques semaines, dans d’atroces conditions.
Les survivants du génocide vinrent pour beaucoup se réfugier en France, terre d’accueil et de liberté. Leurs débuts sur cette terre nouvelle, étrangère, parfois méfiante à leur égard, ne furent pas faciles. Mais grâce à leur courage, leur volonté, leur abnégation, les Arméniens surent très vite forcer le respect, l’admiration et l’affection des Français.
Beaucoup d’Arméniens répondirent à l’Appel du Général de Gaulle, s’engagèrent dans la Résistance et participèrent, ainsi, à l’œuvre de libération de la France.
Il y a 2 jours, nous avons également rendu hommage à toutes les victimes et héros de la déportation, particulièrement à ceux qui furent les victimes de la barbarie nazie.
Quelques années plus tôt, souvenons-nous qu’un peuple a été massacré. Souhaitons que ces actes soient maintenant reconnus et que les Arméniens puissent enfin ne plus avoir à lutter contre ce négationnisme.
Pour ma part, je réaffirme ici la fidélité de la Ville de Charenton au souvenir de ce terrible drame humain, en vous remerciant, Madame Annie Pilibossian, Présidente de l’association culturelle arménienne de Marne-la-Vallée (ACAM) et M. Tcherpachian, généreux donateur pour l’édification de ce khatchkar.
Vous nous avez ouvert les yeux sur le martyre d’un peuple, sur sa volonté de survivre. Il a su apporter sa puissance de travail et son génie aux pays qui ont bien voulu l’accueillir.
Merci. Nous n’oublions pas.

Jean-Marie Brétillon, maire de Charenton


Allocution de Mme Annie Pilibossian, présidente de l’ACAM

Monsieur le Maire de Charenton,
Monsieur le Maire-adjoint de Maisons-Alfort,
Monsieur le Maire-adjoint de Saint-Maurice,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monseigneur, Mon Père,
Chers Amis,

En avril 1916, un an seulement après le début du génocide du peuple arménien de Turquie, en France, à la Sorbonne, lors d’une assemblée intitulée « Hommage à l’Arménie » un grand écrivain et critique littéraire Français, membre de l’Académie française, lauréat du Prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre prononça un discours mémorable. La relecture de ce texte qui résume parfaitement le passé héroïque et douloureux de l’Arménie permet aujourd’hui de saisir sa pertinence, à la portée prémonitoire. En voici quelques extraits :
« Mesdames et Messieurs,
Il y a vingt ans, lorsque les massacres ordonnés par le sultan Abdul Hamid ensanglantèrent l'Arménie, quelques voix seulement en Europe, quelques voix indignées protestèrent contre l'égorgement d'un peuple. En France, un très petit nombre d'hommes appartenant aux partis les plus opposés s'unirent pour revendiquer les droits de l'humanité grandement offensée… Le reste demeura muet…
Cependant, en dépit des promesses du gouvernement turc, la persécution, parfois assourdie et voilée, ne cessait pas. En vain une révolution de palais changea les chefs de l'Empire. Les Jeunes Turcs, parvenus au pouvoir, surpassèrent Abdul Hamid en férocité, dans l'organisation des massacres d'Adana. A la longue, les malheurs de ces chrétiens d'Orient demeuraient incompréhensibles à l'Europe civilisée. Le peuple arménien ne nous était connu que par les coups qui le frappaient. On ignorait tout de lui : son passé, son génie, sa foi, ses espérances. Le sens de son extermination échappait. La grande guerre éclata. La Turquie s'y comporta comme une vassale de l'Allemagne. Et la lumière se fit soudain en France sur l'esprit de l'Arménie et les causes de son martyre. On comprit que la longue lutte inégale du Turc oppresseur et de l'Arménien était la lutte du despotisme, la lutte de la barbarie contre l'esprit de justice et de liberté. Et quand nous vîmes la victime du Turc tourner vers nous des yeux éteints où passait une lueur d'espérance, nous comprîmes enfin que c'était notre sœur d'Orient qui mourait, et qui mourait parce qu'elle était notre sœur et pour le crime d'avoir partagé nos sentiments, d'avoir aimé ce que nous aimons, pensé ce que nous pensons, cru ce que nous croyons, goûté comme nous la sagesse, l'équité, la poésie, les arts. Tel fut son crime inexpiable… Nous louons l’Arménie de cet invincible amour qui l'attache à la civilisation des peuples représentés dans cette salle, à notre civilisation. Car l'Arménie est unie à nous par les liens de famille et elle prolonge en Orient le génie latin. Son histoire se résume dans un effort séculaire pour conserver l'héritage intellectuel et moral de la Grèce et de Rome. Puissante, l'Arménie le défendit par ses armes et ses lois; vaincue, asservie, elle en garda le culte dans son cœur…
Au reste, la destruction de ce peuple, qui nous aime, était résolue dans les conseils du gouvernement turc. Tout ce qu'il y avait, de Samsoun à Diarbékir, de jeunes hommes, de vieillards, de femmes, d'enfants, périt assassiné par ordre du sultan, avec la complicité de l'Allemagne.
L'Arménie expire. Mais elle renaîtra.
Un peuple qui ne veut pas mourir ne meurt pas.
Après la victoire de nos armées, qui combattent pour la justice et la liberté, les Alliés auront de grands devoirs à remplir. Et le plus sacré de ces devoirs sera de rendre la vie aux peuples martyrs… Penchés sur l’Arménie, ils lui diront : « Ma sœur, lève-toi ! Ne souffre plus. Tu es désormais libre de vivre selon ton génie et ta foi.»

Signé Anatole France

Ces paroles si précises résonnent aujourd’hui encore comme une promesse solennelle.
Oui, le peuple arménien a survécu au génocide et à la longue agonie de son existence. Une partie de la nation vit dans la République d’Arménie, une autre partie est dispersée en diaspora. Oui, partout dans le monde, y compris en Turquie, nous gardons vivante la mémoire des martyrs et leur rendons hommage quatre-vingt-dix-neuf ans. Les enfants de la sœur d’Orient ne sont pas lassés du temps qui passe, au contraire, ils sont là pour affirmer leur volonté de vivre. Forts des valeurs humanistes de liberté, de justice, des droits de l’homme, héritées par le frère latin et français, ils continuent à transmettre le riche héritage spirituel et culturel légué par leurs ancêtres.
Les condoléances du premier ministre turc ne perturbent en rien la détermination des descendants des rescapés de poursuivre les combats pour la reconnaissance du génocide et les réparations qui s’en suivent. Ces déclarations que certains observateurs qualifient « d’avancées diplomatiques » sont en réalité bien tardives pour nous, blessantes pour les souffrances endurées par nos ancêtres et surtout insuffisantes. Il est tout de même inadmissible de faire tout à coup semblant de s’apitoyer sur le sort de nos grands-parents, alors que depuis des dizaines d’années l’État turc cultive un négationnisme des plus virulents à ce sujet. Comment interpréter les récentes attaques de groupuscules djihadistes entrés en Syrie par la Turquie sur le poste frontière de Kessab ? Ce village peuplé d’Arméniens est l’unique localité, ayant échappé dans les années 1920 à la politique de turquification de la population et la Turquie ne peut l’ignorer. Suite à cette attaque, le 21 mars dernier, la population a été obligée d’abandonner dans l’urgence son patrimoine et se réfugier dans la proche ville de Lattaquié. On connaît le scénario : des personnes ont été égorgées, des maisons, des églises et des écoles ont été pillées…
Le président français affirme vouloir se rendre l’année prochaine en Arménie pour assister aux cérémonies marquant le centenaire du génocide arménien. Au même moment, il soumet le processus de réglementation visant à pénaliser la négation du génocide, reconnu par la France, au sort d’une affaire judiciaire suisse, qui a fait appel à la Cour européenne des droits de l’homme.
À la veille des élections européennes, les descendants des rescapés rappellent à la France et à l’Europe que les droits de l’humanité, le devoir de justice font partie des valeurs et des principes fondateurs de la construction européenne. Ils lancent un appel demandant une intervention résolue et rapide auprès de l’État turc afin que toute attaque, tout comportement à caractère négationniste cessent. Qu’enfin le génocide arménien soit reconnu par ses auteurs comme le plus abominable crime contre l’humanité.
***
Au nom du Conseil d'admnistration de l’ACAM et de tous nos membres, je tiens à remercier M. Brétillon et la municipalité de Charenton pour l’excellente collaboration ; les élus de la Communauté des Communes (Charenton, Maisons-Alfort, Saint-Maurice) pour leur fidèle présence ; Jacques Deghirmendjian et nos amis anciens combattants et résistants arméniens ; Monseigneur Norvan Zakarian, qui a accepté notre invitation, Père Dirayr Kélédjian et les diacres de la paroisse de l’Église apostolique arménienne d’Alfortville.
Merci à tous.

Charenton, le 29 avril 2014
Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM


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