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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Activités

Charenton-le-Pont, 23 avril 2009
Commémoration du 94e anniversaire du génocide de 1915


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La Municipalité de Charenton-le-Pont et l'Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée vous ont invités à assister à la cérémonie de Dépôt de gerbe devant le Khatchkar de Charenton-le-Pont (94220), rue Paul-Eluard-angle rue des Bordeaux, le Jeudi 23 avril 2009 à 17 heures 30.
La cérémonie a eu lieu en présence de :
  • M. Jean-Marie BRETILLON, Maire de Charenton-le-Pont, Conseiller général du Val-de-Marne
  • Membres du consei municipal de Charenton-le-Pont
  • Membres du Conseil d'administration de l'ACAM
  • Donateur du monument
  • Anciens combattants arméniens
  • Représentants de l'Ambassade de la République d'Arménie en France
  • Autres personnalités civiles et religieuses ; également présents Gilbert SINOUÉ, écrivain, auteur du roman "Erevan", récemment publié aux Éd. Flammarion, et Vartan BERBERIAN, auteur de l'ouvrage "Le Figuier de mon père",

    Allocution d'Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM
    Compte rendu de la cérémonie, texte français
    Compte rendu de la cérémonie, texte arménien


  • Photos © Philippe Pilibossian

    Charenton 2009 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Allocution de M. Jean-Marie Brétillon,
    Maire de Charenton-le-Pont
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    Allocution de Mme Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM

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    Vue d'ensemble

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    Allocution de M. Gilbert Sinoué

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    Drapeaux baissés pour les honneurs militaires
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    Recueillement

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    Recueillement

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    MM. Vartan Berbérian et Gilbert Sinoué
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    Mme Annie Pilibossian, MM. Ara Mkrtchian, Jean-Marie Brétillon, Adjoints du Conseil municipal de Charention, Vartan Berberian, Gilbert Sinoué, Roger Tcherbachian

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    M. Arsène Tchakarian, le dernier survivant des compagnons de Missak Manouchian

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    Le Très Révérend Père Nerseh Baboudjian de la paroisse apostolique arménienne Saint-Paul-et-Saint-Pierre d'Alfortville, et un ancien combattant arménien
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    De gauche à droite, Mme Annie Pilibossian,
    présidente de l'ACAM, MM. Jean-Marie Brétillon, Maire de Charenton-le-Pont, et Gilbert Sinoué


    Allocution de Mme Annie Pilibossian, présidente de l’ACAM

    Monsieur le Maire,
    Mesdames et Messieurs les élus,
    Monsieur le Conseiller auprès de l’Ambassade d’Arménie,
    Mon Révérend Père,
    Mesdames et Messieurs et Chers amis,

    Demain les Arméniens des quatre coins du monde commémorent le 94e anniversaire du premier génocide du xxe s. perpétré en Turquie contre leur peuple. Demain, des millions de personnes vont manifester dans toutes les grandes villes, pour rappeler à l’humanité qu’en 1915 un million cinq cent mille hommes, femmes et enfants innocents ont été sauvagement assassinés, torturés, brûlés, violés, chassés, déportés de leur terre ancestrale, dans une logique d’extermination qui condamne à une mort atroce jusqu’au dernier survivant. Leur culture millénaire fut balayée de l’Anatolie en un seul été. Depuis des décennies, nous autres descendants des rescapés de ce même peuple (ou Mnatzortadz, d’après Hagop Ochagan), nous ne ménageons pas nos efforts pour alerter les politiques sur notre sort tragique, pour exiger justice d’abord et réparation du crime contre l’humanité, soigneusement organisé et planifié, qualifié en terme juridique de génocide. Malgré l’abondance des témoignages oculaires, de l’existence de documents officiels, archives et télégrammes chiffrées, en dépit des innombrables œuvres littéraires, l’État turc campe sur sa ligne officielle, continue à nier toute responsabilité sur ce qu’il appelle « les événements de 1915 » et manipule la presse. N’en déplaise à la propagande négationniste du gouvernement, la publication du fameux carnet de Talaat Pacha vient apporter un éclairage précis sur la réalité de l’étendue génocidaire. Le livre intitulé Les Documents restants de Talaat pacha fait état de la disparition de 972 000 Arméniens en un an. Ancien ministre de l’intérieur du gouvernement Jeune-Turc, un des instigateurs et un des grands responsables du génocide des Arméniens, Mehmed Talaat est -comme vous le savez - celui qui ordonne la grande rafle de 650 notables arméniens de Constantinople le 24 avril. On apprend que le bourreau notait minutieusement dans un cahier les résultats de ses actes d’extermination, une manie du temps lorsqu’il était télégraphiste et correspondant à la poste. Ainsi, des 1 256 000 Arméniens qui vivaient encore dans 30 grandes localités de l’Empire ottoman début 1915 d’après Talaat, bizarrement, en peu de temps leur nombre chute brutalement, pour atteindre le chiffre 284 157. Par exemple à Erzeroum : avant 125 657, après 0 ; Bitlis : avant 114 704, après 0 (le lieu d’origine de William Saroyan) ; Van : avant 67 792, après 0. Ces chiffres sont très éloquents, même s’ils ne prennent pas en compte la population arménienne de la région de Constantinople. Il s’agit bel et bien d’un génocide planifié, sinon comment expliquer la disparition soudaine d’un million d’habitants et ce dans les villes à forte concentration arménienne ? C’est sans doute la question que se posent le peu de lecteurs, qui ont eu le courage d’acheter le livre. La réponse est trop évidente, qui puis est écrite de la main de l’assassin. Ce dernier a dû s’inspirer des massacres de plus de 30 000 personnes dans la province d’Adana en 1909, des massacres inouïs par la férocité de l’acharnement de destruction des vies humaines, sans compter les dégâts matériels et biens spoliés.
    En marge de la stratégie officielle de l’Etat, un certain nombre d’événements survenus ces derniers mois laissent penser que le peuple turc et en particulier la jeunesse turque commencent à se réveiller lentement, malgré le risque réel de poursuites judiciaires. Je reste persuadée, que ce début de prise de conscience est essentiellement dû au combat acharné d’un homme qui s’était juré de faire du rapprochement des peuples arménien et turc son fer de lance. Il y laissa la vie, mais son arme fatale - sa plume, continue à briser les tabous depuis trop longtemps ancrés dans la mentalité des gens. C’était un visionnaire et pédagogue à la fois.
    Deux ans après l’assassinat à Istanbul du journaliste arménien et citoyen turc Hrant Dink (on en a parlé à cette tribune), et alors que le procès contre son assassin, ainsi que les commanditaires présumés avance à pas de tortue, malgré l’abondance de preuves et d’aveux, la société civile turque affiche son émotion. Dans une récente émission de télévision sur ARTE, consacrée au journaliste décédé, on voit une foule impressionnante rassemblée devant les locaux du journal Agos, où Dink travaillait comme rédacteur en chef. Sur une pancarte posée devant le trottoir à l’emplacement où il a été assassiné, on peut lire en langue turque Pour Hrant, pour la justice. À la tribune, un homme prend la parole : Nous te demandons pardon Hrant, nous te demandons pardon à toi et aux Arméniens originaires de cette terre.
    Ces paroles résonnent comme le prolongement d’une autre campagne, celle de la pétition demandant pardon aux Arméniens pour la grande catastrophe de 1915 et son déni. Fin 2008, lorsque cette lettre est rédigée par des intellectuels turcs, elle récolte en peu de temps sur Internet plusieurs milliers de signatures. D’ailleurs, l’affaire continue à faire du bruit dans les médias, puisque après plusieurs rebondissements une cour d’assise vient de décider de poursuivre les signataires de la pétition en vertu de l’article 301 du code pénal turc. D’après le sociologue et historien turc, spécialiste des archives ottomanes le professeur Taner Akçam : la pétition d’excuses est une preuve indéniable que la société turque est entrée dans une phase de transition.
    Oui, Mesdames et Messieurs, les choses semblent bouger du côté du Bosphore. Il y a seulement quelques années, il était impensable qu’un professeur arménien enseigne dans une université privée à Istanbul la littérature et la philosophie sur la notion moderne de témoignage, ou qu’il donne une série de conférences sur la littérature arménienne, comme il était inconcevable pour la communauté arménienne de Turquie de réagir contre une décision gouvernementale, en l’occurrence celle du Ministère de l’Éducation nationale. Aujourd’hui plusieurs associations représentatives de la minorité arménienne là-bas dénoncent dans un communiqué la distribution dans les écoles d’un film documentaire sur le génocide des Arméniens à caractère négationniste.
    Faire face à son histoire défiant les interdits est une tâche non aisée certes, mais indispensable pour une société turque qui aspire à un meilleur avenir démocratique. Ces nouvelles démarches peuvent-elles être considérées comme le début progressif d’un processus de démocratisation, ou bien s’agit-il seulement d’initiatives privées ? La plus grande prudence est de mise, car nous savons qu’à l’intérieur du pays existent des luttes entre fractions concurrentes pour le pouvoir et qui peuvent freiner le mouvement.
    Bien entendu, la diaspora arménienne se réjouit de ces initiatives. Nous ne pouvons qu’encourager et soutenir la lutte pour une transformation en profondeur de la société turque, voire accompagner le travail nécessaire pédagogique, relatif à l’évolution des relations entre les peuples arménien et turc, comme apprendre à nous connaître, dialoguer. Nous sommes cependant vigilants à la nouvelle politique « d’ouverture » envers son voisin de l’Ouest, qu’affiche le président de la république d’Arménie - Serge Sarkissian. Le dialogue amorcé entre les deux Etats semble écarter toute participation de la diaspora arménienne mondiale, jetant aux oubliettes ses exigences légitimes du fait qu’elle est partie intégrante de la Nation arménienne. La question de l’indépendance du Karabagh reste elle aussi absente des projets bilatéraux.
    Contrairement à l’indifférence du gouvernement arménien, nous ne pouvons pas passer sous silence les événements dans la région de Djavahkh, cette enclave historique arménienne en Géorgie, théâtre de manœuvres pernicieuses de la part des autorités géorgiennes. Rappelons que 70% de l’import-export de l’Arménie passe par la Géorgie. Or, ces manœuvres tendent à modifier la portée démographique de la zone par un procédé connu, hérité du style turc, à savoir - l’implantation forcée de colonies de Turcs Meshkets, poussant l’émigration des Arméniens autochtones, doublé d’une inertie économique et administrative de la région. Le patrimoine arménien ancestral y est menacé par des tentatives de georgianisation des églises arméniennes, les élections locales sont souvent truquées, des procès à charge contre des prisonniers arméniens sont empreints d’irrégularités.
    Bref, sur la carte du monde géopolitique, le Caucase a toujours attiré le regard des stratèges. Sur fond de crise économique mondiale, alimentée de spéculations financières, les grandes puissances ont montré les limites du système qu’ils défendaient ardemment jusqu’à hier. Alors, le regain d’intérêt pour cette enclave eurasienne, riche en ressources naturelles, peut réserver des surprises imprévues.
    Quant à la communauté arménienne ici en France, il faut souligner que nous bénéficions d’un espace de liberté, de création, d’initiative, de dialogue auxquels nous sommes très attachés. En témoignent la vivacité des institutions, organisations et associations implantées sur l’ensemble du territoire national. À ce propos, je vous invite à visiter le site Internet de notre association : www.acam-france.org. Vous y trouverez une nouvelle fonctionnalité : la recherche interactive des points d’intérêt arméniens en France. Depuis 20 ans, notre association apporte sa modeste contribution à la sauvegarde du patrimoine culturel arménien, fait la promotion de livres et de DVD dans notre Bulletin à publication trimestrielle, encourage les nouveaux talents artistiques, qui créent en bravant les menaces venant des Turcs. Je pense notamment au jeune et talentueux dessinateur italien Paolo Cossi, auteur du poignant roman graphique Medz Yeghern (le Grand mal). Comme vous le savez, la bibliographie de notre site Internet répertorie des ouvrages d’auteurs francophones, qui écrivent sur les Arméniens. À ce jour, elle est riche de 1386 livres par 732 auteurs. Parmi ces auteurs, j’ai l’honneur et le privilège de vous présenter notre invité, l’écrivain connu Gilbert Sinoué qui a accepté spécialement pour l’occasion de lire lui-même des extraits de son roman.
    Gilbert Sinoué, vous êtes l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, les lecteurs francophones adorent vos romans historiques. Plusieurs d’entre eux ont été récompensés de prix littéraires : La pourpre et l’olivier, l’Égyptienne, Avicenne, Le livre de saphir, Les silences de Dieu. Votre talent de conteur fait votre renommée. La diversité des sujets traités dans vos livres suscite l’admiration par la rigueur de la recherche intellectuelle : L’ambassadrice, l’Enfant de Bruges, Akhenaton, Un bateau pour l’enfer, La Reine crucifiée… Régulièrement, vos ouvrages sont traduits en plusieurs langues.
    Vous êtes né en Egypte, au Caire, de père égyptien, de mère française, une grand-mère maternelle d’origine grecque catholique. Vous rencontrez et côtoyez la communauté arménienne dès votre enfance. Vous avez des amis Arméniens, et parmi eux un certain Charles Aznavour, qui préfacera votre roman. Vous connaissez bien la famille arménienne en général, vous comprenez notre langue!
    Dans votre dernier roman - Erevan, paru aux éditions Flammarion, vous racontez avec une savante habileté narrative la vie d’une famille arménienne d’Erzeroum pendant l’épopée tragique ottomane, une histoire émouvante et implacable, construite autour de faits vérifiables - d’après vos propres paroles, qui sonnent comme un avertissement.
    Je ne vous cache pas, que le titre de votre roman a suscité la curiosité de nos lecteurs. Erevan – c’est le nom de la capitale de la République d’Arménie actuelle, cette ville ne figure pas sur la carte des territoires ottomans, elle n’est pas directement concernée par les événements relatés dans votre histoire. Ce n’est qu’à la fin de la lecture, la toute dernière phrase du roman, empreinte d’optimisme, une exclamation qui « ouvre » les portes d’une vie meilleure et nous renvoie au sens propre et étymologique du mot – Yerevats ! « C’est apparu ! ».

    Vous avez la parole, Monsieur Sinoué.

    Charenton, le 23 avril 2009, Annie Pilibossian


    Compte rendu de la cérémonie

    Pour la cinquième année consécutive, l’ACAM et la municipalité de la ville de Charenton-le-Pont organisent ensemble une cérémonie commémorative du génocide des Arméniens. Malgré les vacances scolaires, plus de cinquante personnes étaient venus se recueillir devant le monument aux morts (katchkhar) dédié à la mémoire des victimes.

    Le Maire de la commune ; M. Jean-Marie Brétillon, accompagné de quelques adjoints du conseil municipal, des membres de notre association, des anciens combattants, le donateur du monument à la ville de Charenton Roger Tcherpachian, ainsi que le Révérend Père Nerseh Baboudjian de l’église apostolique arménienne Saint-Pierre-et-Saint-Paul d’Alfortville, secondé par des diacres faisaient partie des habitués à la cérémonie. Pour la première fois nous avons accueilli Ara Mkrtchian, conseiller auprès de l’ambassade de la République d’Arménie et l’écrivain Gilbert Sinoué, auteur du roman Erevan.

    Monsieur Brétillon a prononcé un court discours de circonstance, soulignant qu’il était impressionné par la force que dégage le roman de Gilbert Sinoué. Il a annoncé que cette année en France le souvenir des déportés sera commémoré le 27 avril. Ensuite c’est Annie Pilibossian, notre présidente, qui a prononcé une allocution. Actualité oblige, elle a rappelé les faits historiques, le rôle que la diaspora arménienne doit jouer dans le rapprochement des peuples arménien et turc, la situation en Arménie et au Djavaghk. Elle a ensuite passé la parole à Gilbert Sinoué, qui a lu une page de son roman.

    La cérémonie se voulait sobre et courte, grâce notamment à la collaboration des responsables de l’association des anciens combattants, dont le savoir-faire protocolaire a donné un air militaire au recueillement avec les hymnes nationaux français et arménien, précédé des dépôts de gerbe et la minute de silence.

    À la fin, nous avons écouté sur CD audio deux œuvres du compositeur Père Komitas interprétées par Djivan Gasparyan au duduk.


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