Rapport moral du conseil d'administration pour l'exercice 2007
2007 a été une année particulière pour notre association tant sur le plan de la notoriété communautaire nationale, que sur le plan financier. Dans la continuation des événements culturels, liés à l’Année de l’Arménie en France, qui a débuté, comme vous le savez en septembre 2006, l’ACAM a été sollicitée à maintes reprises par des organismes officiels un peu partout en France, par exemple les municipalités de Lille, de Montpellier, de Saint-Martory au sud de Toulouse et même de St Malo, afin d’organiser telle ou telle manifestation. Nous sommes conscients de ce que la réciprocité des échanges culturels mérite des encouragements surtout dans une période aussi importante pour la communauté arménienne qu’était l’Année de l’Arménie. Malheureusement, nous n’avons pas les capacités physiques, ni d’ailleurs la vocation à organiser des activités sur l’ensemble du territoire. Aussi, nous sommes nous contentés de guider et de conseiller ces personnes dans leur démarches et recherches, privilégiant en ce qui nous concerne, l’organisation des semaines culturelles : au mois de mars dans la région parisienne, notamment au Perreux, dans le Val de Marne, mais aussi plus loin, dans les Yvelines, à Clayes-sous-bois. Étant donné le caractère officiel du moment, nous avons bénéficié d’une aide appuyée des mairies, sous forme de contrats ponctuels, ce qui facilita notre travail pendant la durée des expositions.
Vous avez pu lire les comptes rendus de ces manifestations de la rubrique Vie associative dans notre Bulletin numéoo 68. Nous avons remarqué l’air surpris du public au moment de la découverte des objets exposés, une sorte de respect inattendu face à la richesse des trésors, représentant différentes facettes de l’art arménien dans toute sa splendeur millénaire, que les Français découvraient. La première surprise passée, un certain intérêt envers l’histoire des Arméniens commençait à se faire sentir de la part des gens, intérêt concrétisé par l’achat de livres sur les Arméniens, par la découverte de spectacles de danse et de musique arméniennes, par des réflexions à la sortie d’un film arménien, ou l’émotion éprouvée d’une pièce de théâtre, dont l’auteur ou l’interprète est arménien.
Nous avons apprécié le travail pédagogique effectué dans le primaire qui a permis aux élèves de Clayes-sous-bois de réaliser des maquettes en terre glaise des khatchkars et du clocher d’une église, s’inspirant librement d’une recherche effectuée sur l’architecture des églises arméniennes. Tout au long de la saison, nous avons reçu de nombreux appels téléphoniques venant de gens désireux de visiter l’Arménie.
Bref, d’après le rapport du Haut commissariat du Ministère de la culture, chargé de l’organisation de l’Année de l’Arménie en France, nous avons apporté notre pierre à l’édifice de l’amitié franco-arménienne, qui s’est ainsi vue consolidée. Rappelons que l’ACAM avait reçu le label Arménie, mon amie pour la conception et l’élaboration en 2006 du Calendrier mural 2007. Nous en avions longuement parlé lors de l’AG l’année dernière et écrit dans les pages du Bulletin N°66. Nous avions même récompensé deux des collaborateurs bénévoles lors d’une soirée amicale au Yan’s club au mois d’octobre. Il s’agissait de Raymond Jeanne, le photographe, et de Joaquim Dominguès, le maquettiste. Chacun avait reçu un diplôme de l’ACAM et une statuette khatchkar en bois, que nous avions fait spécialement parvenir d’Arménie. Quant à la distribution du calendrier, elle a été entièrement effectuée en 2007, puisque l’imprimerie nous avait envoyé les colis fin janvier. Sur décision du CA, nous avons d’abord adressé gratuitement un exemplaire à chaque famille membre. Il faut souligner, que l’ensemble de la communauté arménienne a apprécié le calendrier. Différents organismes ont fait des dons spontanément ; l’Église apostolique de Paris, les Catholiques arméniens de Paris, l’orchestre Naïri, l’Organisation Terre et Culture France, l’atelier éducatif Mgnig, la MCA d’Alfortville, l’association cultuelle de Chaville (H. Heratchian), l’association Terre d’Arménie de Marseille. Nous pouvons ajouter à cette liste les noms des donateurs particuliers : Manouk Pamokdjian de Lyon, Roger Tcherpachian, Raymond Yézéguélian, Pr Dr Agop Kerkiacharian, Hermann Sariyan de Genève, Pr Denise Paulin, Asilva, Mkrtich Markosyan, Mihran Kurkdjian, Pr Koutoyants, Dr Der Sarkissian, Dr Jean-Pierre Kibarian, Dr Serge Kazandjian et d’autres. Quelques exemplaires ont été envoyés à des personnalités en France et à des publications à l’étranger, notamment en Bulgarie, en Turquie, au Liban, en Syrie, au Canada, aux Etats-Unis, en Suisse. Grâce à ces dons, la situation financière de notre association s’est améliorée. Nous tenons à remercier encore une fois tous ceux qui ont contribué d’une façon ou d’une autre au succès du calendrier et, au-delà, à assurer la réputation de l’ACAM. C’était une bouffée d’oxygène, dont l’ACAM avait besoin, une étape indispensable qui lui a permis d’entamer sereinement la 20ème année de sa création.
En 2007, même la commémoration de l’anniversaire du génocide arménien avait pris un air plus solennel que d’habitude. Le récent décès à Istanbul, annoncé dans tous les médias, du journaliste Hrant Dink, à l’époque rédacteur en chef du journal Agos, faisait de ce courageux combattant pour la reconnaissance du génocide arménien un héros national turc le temps de son enterrement. Et pour nous, Arméniens du monde entier, il devenait la 1 500 000 et unième victime du génocide. C’est dans ces termes que nous nous exprimions, le 26 avril lors de l’émouvante cérémonie de dépôt de gerbe devant le katchkhar à Charenton-le-Pont, en la présence habituelle - côté français - du Maire de la commune, accompagné des membres de son conseil municipal, mais aussi celle plus inattendue (élection oblige) du député-maire de Maisons-Alfort, Michel Herbillon. Ce dernier visiblement très ému a pris la parole pour dire qu’il se sentait très solidaire avec les Arméniens, qu’il avait voté au Parlement en 2001 la loi, relative à la reconnaissance du génocide arménien, ainsi que la proposition de loi, visant à sanctionner pénalement sa négation, exprimant le souhait qu’elle soit bientôt confirmée par le Sénat.
Autre événement important était la présentation au Yan’s club de la première traduction en langue française du roman de Raffi "Le Fou", en présence du traducteur Mooshegh Abrahamian, qui s’était spécialement déplacé en famille du sud de la France. Nous avions pensé inviter deux étudiants pour nous parler de l’oeuvre de l’écrivain Raffi et M. Abrahamian avec son franc-parler, a conquis les présents qui ont complimenté unanimement la qualité de la traduction. Nous avons soumis ce livre au jury des Mots d’Or de la traduction concernant le Français des affaires, une association qui dépend de l‘Organisation Internationale de la Francophonie et du Ministère de la Culture, et qui chaque année décerne le prix de la meilleure traduction à la personne qui a fait découvrir en langue française une société méconnue. Ainsi, M. Abrahamian a été distingué cette année grâce à l’ACAM. Bien entendu, l’événement a été largement commenté dans les pages de notre Bulletin N°69, et repris par l’ensemble des médias arméniens nationaux. Après son premier succès, Mooshegh nous a confié vouloir traduire une autre oeuvre de Raffi. Nous en reparlerons à la prochaine AG.
Le même soir, Vartan Berbérian présentait pour la première fois aux membres de notre association son roman "Le figuier de mon père, ouvrage aujourd’hui épuisé, qui a bénéficié d’un écho médiatique très important, l’auteur étant souvent invité sur les plateaux de télévision. Son ami, Alexis Gurdykian, jeune alpiniste, ayant fait déjà à deux reprises le tour du monde en solitaire, en escaladant les plus hautes montagnes, a projeté sur écran en avant-première, spécialement pour le public de l’ACAM les diapositives de son futur ouvrage intitulé "Les Arméniens dans le monde". Simultanément à la projection, Alexis ajoutait des commentaires ou des détails intéressants sur le quotidien de ces gens ordinaires. Ainsi, nous avons appris, par exemple, qu’aujourd’hui des Arméniens vivent dans 51 pays, qu’il n’y a pas dans le monde un autre peuple plus dispersé. La soirée s’est terminée en beauté avec un dîner au menu arménien savamment concocté par les mains habiles de Gérard Markarian, le célébrissime cuistot du Yan’s Club.
Pour conclure, nous pouvons dire qu’avec plus de 120 adhérents, notre Bulletin trimestriel, notre site Internet, nos activités ponctuelles diversifiées sont destinées à un public de tout milieu social et de tout âge. Depuis vingt ans, l’ACAM essaie de combler l’insuffisance d’événements culturels susceptibles de rassembler les Arméniens de l’Est parisien. Nous nous efforçons de satisfaire les attentes de nos fidèles membres, amis et sympathisants, de répondre aux évolutions du temps. Vous avez remarqué que notre site Internet progresse, il est devenu le plus riche site arménien francophone, classé au 7ème rang parmi les sites arméniens dans le monde par Circle.am. Vous avez vu que notre Bulletin s’améliore. Nous passons de plus en plus de temps à le préparer. Sa diffusion est gratuite, mais l’impression a un coût, du fait qu’il est imprimé en couleurs par les soins des apprentis de l’école de l’image Gobelins de Noisy-le-Grand. Tous ces moyens de communication et de liaison sont essentiels pour la survie de l’ACAM, ils décrivent régulièrement toutes nos activités, enrichies de photos et de comptes rendus, immédiatement disponibles sur le net où le monde entier a accès. Nous devons continuer à fidéliser nos membres et lecteurs et pour cela nous avons besoin de vous.
Noisy-le-Grand, le 15 octobre 2008, Annie Pilibossian, présidente de l’ACAM